Par François Jarraud
Québec, Angleterre, France :l’évaluation est interrogée partout. En Angleterre, c’est le pilotage par les résultats et sa fièvre, l’évaluationnite, qui est dénoncée. Au Québec, le gouvernement détricote l’évaluation transversale mise en place par le renouveau éducatif et revient à la tradition. En France, Chatel « soutient » Antibi…
Chatel soutient Antibi
» Je vous remercie de mentionner le soutien du Ministère de l’Education Nationale ( … ) et de me tenir régulièrement informé de l’avancement de vos projets », a écrit Luc Chatel à André Antibi, président du Mouvement contre la constante macabre. » Cette mesure confirme le soutien déjà apporté à notre mouvement l’an dernier, et le renforce en nous demandant d’en faire état », nous déclare André Antibi.
Depuis des années, André Antibi se bat pour une nouvelle évaluation. « La constante macabre est un véritable phénomène de société dont les enseignants ne sont pas responsables », dit-il. « Il s’agit d’un terrible dysfonctionnement qui « pourrit » notre système éducatif. Sa suppression, et la mise en place d’autres systèmes d’évaluation basés sur la confiance, par exemple le système d’évaluation par contrat de confiance, amélioreront très sensiblement la situation de notre Ecole. » Son Mouvement bénéficie déjà du soutien des 3 associations de parents d’élèves et d’associations complémentaires de l’Ecole.
Pour A. Antibi : L’évaluation ne doit plus servir à piéger les jeunes
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L’évaluationnite empêche d’apprendre
Une étude britannique conclue aux effets négatifs de l’obsession de la performance pour les apprentissages. « Se focaliser sur les apprentissages peut améliorer les performances alors que se focaliser sur la performance pet abaisser la performance ». C’est le principal enseignement d’une étude de Chris Watkins, de l’Institute of Education de Londres.
Basée sur une centaine de recherches menées en classe, il a mis en évidence les effets pervers de l’obsession de l’évaluation et des tests. Or, aussi bien en Angleterre qu’aux Etats-Unis, les tests d’évaluation sont devenus des éléments premiers de pilotage du système éducatif. Par exemple la loi No Child Left Behind, aux Etats-Unis, répartit des subsides fédéraux en fonction des résultats à des tests sur les matières principales. En Angleterre les tests permettent d’établir un classement des écoles qui oriente le choix des parents.
Pour Chris Watkins, l’obsession du résultat nuit aux apprentissages. Les enseignants « parlent aux élèves plutôt que de parler avec eux » : ils professent ex cathedra plutôt que d’échanger avec eux sur ce qu’ils apprennent. Ils mettent aussi davantage de pression sur les élèves et celle-ci s’avère non seulement négative en terme de résultat scolaire mais aussi pour le climat de la classe. Quand les enseignants s’intéressent davantage aux apprentissages des élèves le climat s’améliore, le comportement aussi.
Or, ce que relève aussi C Watkins, c’est que l’obsession du résultat augmente tout au long de la scolarité. Et cela désavantage grandement les élèves qui ont du mal a l’école. Il demande que l’école reconnaisse que réussir les tests n’est pas le but de l’éducation et que la pression et la sélection ne sont pas les meilleurs moyens pour réussir.
En France, où l’évaluation est moins centrale, on sait que l’évaluation nationale de CM2 a suscité de fortes résistances. En Angleterre, c’est le gouvernement travailliste qui avait mis en place le pilotage par les tests. Celui-ci était contesté et au printemps dernier une école sur quatre avait boycotté les tests nationaux, les enseignants estimant que l’obsession des tests faisait finalement baisser le niveau. Alors qu’un nouveau gouvernement vient d’arriver au pouvoir, C Watkins souhaite que son étude oriente la politique gouvernementale. « S’il y a une chose dont notre système éducatif a besoin maintenant c’est de se centrer sur les apprentissages », écrit-il. « Si le nouveau gouvernement de coalition est sérieux dans son souhait de réduire le fossé entre les élèves les plus forts et les plus faibles, ce recentrage l’y aidera fortement. On apprend pour sa vie pas pour le classement des établissements ».
L’étude de C Watkins
http://www.ioe.ac.uk/newsEvents/43212.html
L’évaluation à un tournant
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X Pons : L’évaluation discours politique
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Angleterre : Une école sur quatre a boycotté les tests de CM2
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Le Québec débat sur l’évaluation
Le CSE s’oppose à la réforme des bulletins scolaires.A 15 jours de la rentrée scolaire, la réforme des bulletins scolaires qui devait s’appliquer à la rentrée est mise en péril par l’opposition du Conseil supérieur de l’éducation. Cet organisme consultatif d’experts a émis le 13 août un avis très négatif au projet lancé par la précédente ministre de l’éducation, Michelle Courchesne.
Le nouveau bulletin, présenté le 12 juin, comportait de substantielles modifications par rapport aux pratiques instituées en 2000 lors de la grande réforme de l’éducation, entrée ne vigueur seulement en 2005 dans le secondaire. le nouveau bulletin scolaire. Les compétences transversales disparaissent et ne sont plus évaluées. Les enseignants doivent se borner à les commenter. Enfin c’est un bulletin « unique » qui serait imposé à tous les établissements. Avec ce bulletin, M Courchesne effectuait un virage vers le retour à l’évaluation des connaissances plutôt que des compétences.
Le CSE est d’un autre avis. Pour lui, « les changements proposés vont au-delà de l’instauration d’un bulletin unique, de l’amélioration de l’information transmise à l’élève et à ses parents… Ces modifications auraient pour conséquence de fragiliser des éléments importants du renouveau, soit l’approche par compétences et l’organisation par cycles d’apprentissage en plus de remettre en question le choix d’une évaluation conçue pour servir les apprentissages et la réussite… Les modifications proposées ne sont donc pas en cohérence avec le Programme de formation de l’école québécoise ainsi qu’avec les autres dispositifs mis en place depuis 2000 dans le cadre du renouveau pédagogique dans le but de soutenir le rehaussement des exigences du curriculum et la réussite de tous les élèves. Par exemple, la pondération par étape, l’annualisation des résultats et la disparition du bilan des apprentissages remettent en question la logique de développement des compétences sur un cycle de deux ans et rendent caducs les outils d’évaluation standardisés qui permettent aux enseignantes et aux enseignants d’appuyer leur jugement professionnel pour situer le niveau de développement des compétences à la fin de chaque cycle ».
Même si le CSE reconnaît « l’existence de tensions et de difficultés dans la mise en oeuvre de certains volets de l’évaluation des apprentissages », c’est-à-dire l’application de cette réforme, il estime qu’il est précipité » alors que l’implantation du Programme de formation de l’école québécoise vient tout juste d’être complétée avec son application en 5e secondaire et qu’une évaluation du Renouveau à l’école secondaire est en cours ». Il demande qu’on laisse les enseignants absorber la réforme. « Le Conseil insiste sur le fait que la transformation des pratiques professionnelles nécessite du temps, de l’exercice et un rappel constant des visées du renouveau ». Ce qui l’amène à rejeter le nouveau bulletin et à demander au gouvernement de « poursuivre plutôt l’examen des pratiques d’évaluation des apprentissages en collaboration étroite avec les acteurs du milieu scolaire concernés au premier chef ».
La parole est maintenant à la nouvelle ministre, Line Beauchamp. Ce qu’on lui demande d’arbitrer en fait c’est entre l’affirmation du renouveau pédagogique de 2000 et le retour au système traditionnel.
Décision CSE
http://www.cse.gouv.qc.ca/fichiers/documents/publica[…]
Le nouveau bulletin du Québec ressemblera à l’ancien
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