Par François Jarraud
Les TIC (technologies de l’information et de la communication) ont-elles un effet positif pour l’enseignement primaire ? Oui répond l’étude européenne STEPS. Mais si les enseignants européens sont très majoritairement favorables à leur utilisation, leur intégration est encore problématique.
30 000 enseignants sondés dans 27 pays européens, des études précises menées dans des écoles, une enquête auprès des responsables politiques : l’étude STEPS financée par la Commission européenne est un travail ambitieux et de grande haleine. Il vise à répondre à des questions importantes : « Quel est l’impact des technologies de l’information et de la communication dans les écoles ? Comment utiliser au mieux les TIC pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage ? Quelles sont les stratégies efficaces ? » Il laisse finalement des recommandations mais aussi des questions pendantes.
Les TIC sont-elles efficaces ? » C’est parfois la mise en place des TIC qui entraîne un impact, plutôt que les TIC elles-mêmes », souligne STEPS. « En d’autres termes, en mettant en place de nouvelles technologies, les parties prenantes réexaminent parfois une pratique existante et la remplace par une nouvelle pratique améliorée et plus efficace. Cependant, cette nouvelle pratique aurait pu avoir été mise en oeuvre même sans TIC ». L’étude établit aussi que « tous les impacts ne sont pas des impacts recherchés ». Ils peuvent d’ailleurs être indésirables. Mais un cas fréquent c’est que « les TIC permettent l’acquisition de compétences qui ne sont pas toujours mesurées et accréditées par la plupart des méthodes de test et programmes d’évaluation classiques ». En clair elles développent des compétences, comme la collaboration ou la créativité par exemple, que l’Ecole évalue peu ou pas du tout. Globalement, « les TIC ont des répercussions positives sur le processus d’apprentissage et permettent d’atteindre des objectifs pédagogiques plus élevés. On considère que les TIC ont un impact positif sur l’environnement d’apprentissage, entraînant une amélioration de la compréhension et un apprentissage plus actif et différencié ».
Quels usages ? D’après l’enquête, 87% des enseignants du primaire sont optimistes sur l’utilisation des TIC dans l’enseignement. Pour autant les usages varient selon les pays européens. Ainsi « l’analyse du sondage mené auprès des décideurs politiques fait ressortir une division sur la question visant à déterminer si les ordinateurs devaient être répartis dans les salles de classe ou regroupés dans les salles informatiques. Il semble néanmoins que les pays dans lesquels les TIC sont les plus présentes privilégient la répartition dans les salles de classe. Les pays préférant cette approche sont l’Autriche, la Grèce, la Lituanie, les Pays-Bas, Malte, Chypre, la Norvège, la Finlande, le Danemark et le Royaume-Uni ». Les TBI sont aussi un outil « essentiel » dans certains pays.
Quelles sont les stratégies efficaces ? « La plupart des enseignants des écoles primaires européennes sont optimistes quant à l’impact des TIC sur l’apprentissage » affirme l’étude. « Les enseignants euphoriques prédominent dans des pays aussi divers que le Royaume-Uni, Chypre, les Pays-Bas, le Portugal et la Pologne ; tandis que les optimistes réservés sont majoritaires en Suède, en France et en Autriche ». 87% déclarent que les élèves sont plus motivés et attentifs, tandis que 21 % seulement estiment que l’utilisation des ordinateurs en classe ne présente pas d’avantage éducatif significatif. Toutefois, « les preuves d’utilisation des TIC dans des matières spécifiques et de leur intégration dans l’enseignement et l’apprentissage sont minces ». .Du coté des élèves, « ils sont très motivés à l’idée d’utiliser les TIC, mais les activités éducatives « officielles » menées avec les outils informatiques sont moins motivantes ». L’étude recommande donc d’intégrer les TIC aux politiques éducatives et de renforcer les usages pédagogiuqes.
Cette étude n’est évidemment pas la première à aborder ce sujet. Le Café avait par exemple présenté les travaux particulièrement intéressants de Jean Heutte. L’étude STEPS vient confirmer l’intérêt éducatif des TIC et montrer la nécessité d’une politique européenne capable de partager les pratiques et les expériences.
Les documents
http://eacea.ec.europa.eu/llp/studies/study_impact_techn[…]
Sur le site d’Educnet
http://www.educnet.education.fr/primaire/actualites/etude-d[…]
Travaux de Jean Heutte
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/[…]
Tice pourquoi ca n’entre pas ?
http://cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/200[…]
Le forum Retz 2010
http://www.editions-retz.com/forum-2010-podcats.html
IMNE 2010 : Inscriptions ouvertes !
Image, Numérique et Education : la manifestation IMNE, organisée par la sous-direction des TICE du ministère, est un rendez-vous obligé pour tous ceux qui s’intéressent au numérique et ses usages dans l’éducation. Les inscriptions sont ouvertes.
IMNE aura lieu le 13 octobre à Paris. On annonce des interventions en géographie, arts plastiques, musique, sciences. Des pédagogues de tous horizons disciplinaires interprèteront le thème « De nano à giga » lors de brèves séquences riches d’exemples tirés d’usages éducatifs. Jeux de cartes (géographiques !), observations microscopiques, analyses du chant diphonique, astronomie, le programme d’IMNE 2010 promet de belles découvertes.
IMNE 2010
Revoir Imne 2009 dans le Café
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/10/IMNE2009.aspx
Sources de tension dans les établissements les téléphones portables de nouvelle génération peuvent aussi être des outils d’éducation.
S’il est un outil qui centralise les tensions de l’Ecole, ce sont bien les téléphones portables. Leur usage est largement interdit en classe, ce qui d’ailleurs pose problème par rapport aux lignes qui suivent, notez-le. Au quotidien ils matérialisent les rapports d’autorité mais aussi le décalage entre l’Ecole et le monde extérieur qu’ils amènent de façon violente au cœur de la classe.
Pourtant ils peuvent aussi servir l’éducation. Et si je prends l’exemple des BlackBerry, il peut être étendu à votre convenance aux autres marques. Une certitude : si vous êtes en lycee, l’équipement de vos élèves en smartphones vous étonnera…
Alors autant en profiter ! Parce qu’un smartphone ce n’est rien d’autre qu’un ordinateur relié en permanence à Internet que les élèves ont la gentillesse d’amener jusqu’à vous. Vous pouvez avec eux faire presque la même chose qu’avec un ordinateur. Les limitations apportées par la taille réduite de l’écran sont compensées par les « applications » développées spécialement pour les grande smarques comme BlackBerry. Des exemples ?
Vos élèves n’ont plus d’excuse pour ne pas avoir lu le dernier article de la revue américaine ou espagnole de votre choix. A défaut ils s’exécutent en classe directement.
En instruction civique vous pouvez leur faire découvrirle Parlement européen grâce à une application spéciale.
En SVT, mon collègue Fabien Crégut n’hésite pas à l’utiliser pour faire réaliser des films par les élèves lors de sorties découvertes ou pour localiser des faits naturels.
C’est peut-être pour la géographie qu’ils sont les plus révolutionnaires. Equipés d’un GPS, ils permettent à la fois des sorties de terrain et d’aborder des problématiques. Par exemple, Travel Genius permet de suivre des déplacements et de mettre en action la notion de « ville vécue ». Vous pouvez aborder la question des ségrégations urbaines à partir d’une application comme Poynt. Ce programme localise les commerce et équipements à partir du GPS ou d’une commune donnée. Observez par exemple quelle distance doit parcourir un habitant de Clichy-sous-Bois et de Neuilly pour accéder à un cinéma, un bowling ou un dancing, sachant que la population jeune de Clichy sous Bois est largement supérieure à celle de Neuilly. Les élèves verront sous leurs yeux se construire l’idée de l’enclavement et de la ségrégation.
Bien d’autres usages sont possibles et feront peut-être percevoir les smartphones autrement. Objets de pouvoir et d’opposition, ils peuvent aussi matérialiser la collaboration.
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