Le ministère avance dans son projet de réforme de formation. La réforme a été présentée le 20 novembre aux syndicats et des documents ont fuité. Ils montrent la volonté d’avoir un concours d’admission plus professionnel et moins disciplinaire. Un autre changement de taille s’amorce : avec un concours d’admission en fin de M2 et la montée d’étudiants en alternance, le ministère va récupérer dès 2021 de 10 à 24 000 postes.
L’admissibilité
La nouvelle formule des concours de l’enseignement devrait s’appliquer dès la rentrée 2020 avec en 2022 le passage du concours d’admission en fin de M2.
Le concours d’admissibilité serait composé dans le second degré d’une épreuve écrite disciplinaire éliminatoire (à 5 points) et d’une seconde épreuve écrite correspondant à une séquence pédagogique à partir de documents en ligne. Dans le premier degré, la logique est la même : une épreuve disciplinaire éliminatoire en maths et français et une épreuve professionnelle.
Admission en fin de M2
Les épreuves d’admission, en fin de M2, comporteront une épreuve de conception d ‘une séance d’enseignement permettant d’apprécier la maitrise disciplinaire et pédagogique. Une seconde épreuve orale évaluera la motivation du candidat et sa connaissance des enjeux du service public.
Cette seconde année comportera un stage en alternance. Le ministère vise dans un premier temps 12 000 alternants en 2de année accueillis en ESPE mais aussi dans d’autres structures qu’il ne précise pas. S’agira t-il d’associations proches de JM Blanquer comme Teach for France ? Les étudiants en alternance exerceront un tiers temps d’enseignant.
Une formation moins disciplinaire ?
Ce projet de réforme fait réagir les syndicats et quelques jours avant le 5 décembre cela pousse à leur division. Le Snalc dénonce » professeurs formatés , savoirs évaporés. Il « condamne le fait que les connaissances disciplinaires ne seraient plus évaluées qu’à travers les épreuves d’admissibilité ». Pour lui le concours deviendrait « des certificats de conformité à des dogmes pédagogiques ».
La faiblesse de la formation pédagogique des futurs enseignants est pourtant reconnue par les intéressés. Ainsi l’enquete Talis (OCDE) révèle que les enseignants français sont parmi ceux qui expriment le plus leur manque de formation pédagogique : 50%. « Il faut noter également qu’en France, seulement 55% des enseignants ont été formés à la gestion des comportements des élèves et de la classe au cours de leur formation initiale, ce qui est nettement en dessous de la moyenne de l’OCDE (72%). Ils sont encore moins nombreux (22%) à se sentir bien ou très bien préparés dans ce domaine à l’issue de leur formation initiale », affirme l’OCDE.
12 000 postes à récupérer
La nouvelle formation et surtout l’annonce par la loi Blanquer d’une formation continuée au delà de l’admission, pourrait améliorer cette situation sans contrevenir à un haut niveau disciplinaire attesté par un master M1.
Mais l’intérêt de la réforme a un objectif beaucoup plus immédiat pour le ministre. C’ets la récupération des postes de fonctionnaires stagiaires. Remplacer ceux ci par des étudiants en alternance représente un gain de 12 000 postes dès 2021. C’est aussi l’intérêt de repousser le concours en fin de M2.
F Jarraud