Pour tous ceux qui se demandent pourquoi les garçons réussissent aussi mal leur scolarité, la nouvelle étude de M Van Hek, G Kraaykamp et B Pelzer apporte un éclairage intéressant. Basés sur près de 300 000 élèves de 33 pays elle montre que la mixité est un facteur de réussite scolaire pour les garçons. Une découverte qui devrait entrainer les chefs d’établissement à tenir compte de ce paramètre dans la constitution des classes. Et surtout à se soucier des filières genrées comme celles de l’enseignement professionnel.
Une étude universelle
Pourquoi les filles réussissent-elles mieux que les garçons ? Quels facteurs affectent la réussite scolaire des garçons et des filles ? Alors que tout le monde connait la réussite scolaire des filles, il y a eu peu de recherches sur l’impact des différents facteurs sur les deux sexes. Or c’est ce que M Van Hek, G Kraaykamp et B Pelzer ont voulu savoir. Et pour cela ces chercheurs des Pays Bas ont croisé les données de près de 300 000 jeunes, scolarisés dans plus de 10 000 écoles dans 33 pays, tirés de Pisa 2009. A noter que la France se singularise encore une fois en refusant de participer au questionnaire établissement de Pisa.
Les chercheurs ont trouvé que les écoles avec plus de 60% de filles, un large pourcentage de parents ayant un haut niveau éducatif et des enseignants diplômés ont de meilleurs résultats en lecture dans Pisa. Et cela n’étonnera personne car le lien entre situation sociale ou le niveau de formation des enseignants sont des critères bien connus de réussite scolaire.
Mais l’étude montre que garçons et filles sont affectés à égalité par le niveau de qualification des enseignants. On n’observe pas de différence sensible entre les genres. Quant à al composition sociale de l’école elle influe plu sur ls filles que sur les garçons, contrairement à ce qu’on aurait pu croire.
La mixité facteur premier de réussite scolaire pour les garçons
Ce qui est nouveau dans cette étude c’est qu’elle met en évidence le fait que les résultats des garçons en lecture sont particulièrement liés au pourcentage de filles dans l’école. Plus ce pourcentage est élevé meilleurs sont leurs résultats. L’importance de ce mécanisme laisse à penser que les garçons sont influencés directement par la présence des filles et que l’effet ne résulte pas indirectement d’un meilleur climat scolaire généré par le fort pourcentage de filles.
Veiller à la mixité des filières
Les auteurs en concluent que les chefs d’établissement devraient veiller à établir une mixité réelle dans toutes les classes quand ils les composent.
Second point, si les garçons bénéficient de la présence des filles alors il faut éviter les filières genrées. Or celles-ci sont fréquentes dans l’enseignement professionnel où certaines voies sont quasi exclusivement masculines ou féminines. Cela montre l’importance qu’il y a à lutter pour la mixité des formations et des métiers.
Confirmation de travaux présentés en 2014
Ces résultats sont tout à fait nouveaux ne serait-ce que par leur dimension : 300 000 élèves de 33 pays. Mais en 2014, le Café pédagogique avait rendu compte des travaux de Camille Terrier et Mieke Van Houtte qui annonçaient déjà cette étude.
C Terrier a mis en évidence une surnotation des filles en maths au collège.. et les effets scolaires positifs que cela a pour ces filles. Surnotées elles progressent plus vite et améliorent leur niveau. C Terrier mettait en avant outre l’effet genré de l’enseignement des maths, un fort effet positif de la surnote.
Les conséquences pour l’Ecole
Le travail de Mieke Van Houtte sur 12 000 élèves des Flandres belges montrait déjà l’impact de la présence des filles sur les résultats des garçons. « La culture des garçons est moins orientée vers l’école », disait-elle. Elle avait établi déjà que « plus la proportion de filles dans une classe est élevée, plus les garçons progressent ». Contrairement à ce qu’on a pu croire le sgarçons sont sensibles à l’influence des filles.
La nouvelle étude de M Van Hek, G Kraaykamp et B Pelzer vient donner une valeur universelle aux études ponctuelles présentées en 2014. Elles interrogent de façon directe les décideurs des systèmes éducatifs.
François Jarraud