« Il y a un risque d’uberisation de l’enseignement supérieur français. Il faut s’y préparer ». C’est dans cette optique que Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur , a présenté le 2 décembre la constitution du nouveau GIP FUN, chragé de mettre en place les Moocs (formations à distance) dans l’enseignement supérieur. Evoquant la « réussite » de la plateforme FUN, il a aussi relevé les défis : l’ouverture à l’internationale, à la formation professionnelle et la certification des formations par Moocs avant que des services étrangers remplacent les universités françaises.
Le nouveau GIP FUN
« Des pionniers au ministère ont décidé de rattraper le retard de la France ». Pour Thierry Mandon, deux ans après le lancement de FUN, la plateforme qui abrite les Moocs français, le défi est relevé : « on est dans le standard européen ». FUN compte 1.4 million d’inscrits pour 212 cours en ligne proposés par 62 structures. 61 Moocs sont déjà disponibles en ligne. 520 000 apprenants utilisent la plateforme. Ils viennent de 20 pays. Des chiffres que le ministre présente comme comparables à ceux de os voisins l’Allemagne propose 70 Moocs, le Royaume Uni 196.
La plateforme FUN est gérée par le nouveau GIP qui comptera 29 structures dans son conseil d’administration : les universités mais aussi la CCI de Paris ou le Centre national de la Fonction publique territoriale. Cela illustre l’ouverture du GIP vers le marché de la formation professionnelle.
Le défi de la certification
T Mandon a précisé les défis du nouveau GIP à commencer par l’uberisation. « Des universités étrangères en ligne pourront proposer d’obtenir un diplôme en ligne sans mettre les pieds à l’université. Des étudiants pourront être tentés de suivre ces cours ». Pour le inistre FUN est aussi un outil pour occuper ce marché et faire évoluer la pédagogie universitaire.
T Mandon a souligné le défi de la certification des formations. « C’est une nouvelle mission pour le GIP… Sur FUN certains établissements ont mis en place une certification de manière pilote. FN permettra de généraliser à travers un outil de certification ». Un appel à projet devrait identifier un acteur qui proposera aux responsables des Moocs de surveiller les examens à distance et de certifier le suivi des Moocs. Le Cnam propose déjà des Spocs (formations fermées) avec certification.
L’ouverture à la formation professionnelle
L’ouverture à la formation professionnelle est le second défi présneté par le ministre. Pour S Delavernhe, représentante de l’IUMM (entreprises de la métallurgie) les Moocs sont à la fois une façon de rendre les métiers d’ingénier attirants et de proposer aux salariés des formations plus courtes en formation continue. Pour le ministère, cette ouverture vers la formation professionnelle est « un nouveau modèle économique.
Un troisième défi est l’ouverture à l’internationale. Le Cnam, selon Olivier Faron, propose déjà des Moocs pour des publics haïtiens, russes, africains anglophones ou francophones. Le Cnam compte déjà 200 000 inscrits dans des formations Moocs contre 80 000 étudiants classiques.
Révolution pédagogique
Un autre défi c’est la transformation pédagogique des Moocs et de l’enseignement supérieur. Le taux de suivi des Moocs est de 10% seulement. Pour la directrice de FUN, Mme Mongenet, ce taux s’explique par le public des Moocs : une bonne partie n’est pas là pour une formation certifiée. Mais le taux de suivi dépend aussi de la pédagogie mise en place. Selon le représentant d’Orange, Damien Perrin, le taux de suivi peut monter à 80% avec un bon accompagnement des étudiants. Le Cnam affiche un taux de 25 à 30%.
Mais cela implique aussi de penser la pédagogie liée aux Moocs. C’est une des missions données au nouveau GIP selon T Mandon. Il faut aussi penser à l’impact des Moocs sur l’université. Les Moocs portent la pédagogie inversée. C’est une « révolution culturelle » qui vient cogner à la porte des universités.
François Jarraud