Mardi 18 novembre à Rennes, le 27ème prix Goncourt des Lycéens a été décerné à David Foenkinos pour son roman « Charlotte », inspiré de l’histoire de l’histoire de Charlotte Salomon, une peintre allemande de 26 ans assassinée à Auschwitz. Déjà lauréat du prix Renaudot, l’ouvrage a été récompensé devant « On ne voyait que le bonheur » de Grégoire Delacourt et « L’Amour et les Forêts » d’Eric Reinhardt. Depuis septembre, dans une cinquantaine d’établissements français et étrangers, 2000 lecteurs ont parcouru avidement la sélection de rentrée de l’académie Goncourt. Illettrés, indolents, irresponsables : autant de stéréotypes sur les élèves que le Goncourt des Lycéens s’acharne chaque année à réfuter : les lycéens dévorent des livres (pour peu que la lecture retrouve un sens autre que strictement scolaire), sont même capables d’en lire une quinzaine en quelques semaines (pour peu qu’une pédagogie de projet en crée la dynamique), s’investissent pleinement dans les missions qui leur sont confiées (pour peu qu’on leur en donne). En ce sens, quel que soit le jugement porté sur livre lauréat, le Goncourt des Lycéens constitue bien un événement pédagogique, plus encore que médiatique, littéraire, éditorial ou économique.
Les lycéens jugent leur Goncourt
Julie (lycée hôtelier Alexandre Dumas à Illkirch)
« Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe. » Averti dès l’incipit du roman, qui plante d’emblée le décor dramatique de son histoire, celle de la jeune Charlotte vivant avec une famille hantée par les deuils. C’est un roman très touchant qui provoque de l’émotion chez le lecteur, par l’histoire dramatique de la famille de Charlotte, le contexte historique mais surtout grâce à la façon dont il est écrit. Il s’agit d’une histoire à la fois passionnante, riche en émotion et pleine de péripéties dont on ne se lasse pas. « Puisses-tu ne jamais oublier que je crois en toi » sont les quelques mots prononcés par Alfred, son amour secret lors du départ de Charlotte qui quitte son Allemagne natale, ils sont assez forts pour nous laisser imaginer et ressentir la relation et la passion amoureuse qui règne entre ces deux personnes. David Foenkinos parvient à nous transmettre sa passion et son obsession pour Charlotte, à laquelle on s’attache dès le début du roman. Captivant, ce roman nous fait découvrir l’Allemagne nazie sous un autre angle du fait que l’histoire soit vraie. Il nous fait aussi voyager à travers les années et les pays sous le regard de cette admirable personne qu’était Charlotte.
Lauriane (lycée Bellevue à Toulouse)
« Je veux Charlottiser le monde », dit David Foenkinos lors de l’émission « la Grande Librairie ». En effet depuis qu’il a découvert l’oeuvre de Charlotte Salomon il y a 8 ans, l’auteur de « la délicatesse » n’a qu’une envie : nous faire découvrir la vie de cette femme et ses œuvres. Ce roman m’a bouleversée tant par son écriture que par son histoire poignante et tragique. Le style d’écriture peut être assimilé à un poème en prose mais l’auteur s’en défend, ce n’est qu’une façon pour lui de « donner une forme de respiration à l’écriture ». Il écrit de façon très visuelle, en s’attachant à retranscrire la peinture de Charlotte à l’aide de phrases courtes, précises et qui nous mènent à l’essentiel. J’ai beaucoup apprécié ce procédé d’écriture car les phrases épurées permettent de donner plus d’intensité à l’histoire.
Lorena Heise (lycée Jean Moulin à Châteaulin)
Comment ne pas être ému, touché, bouleversé par ce récit ? Il raconte la vie de Charlotte Salomon, née en 1917 dans une famille juive de Berlin, réfugiée dans le sud de la France peu après la nuit de cristal fin 1938. Charlotte, hantée par les suicides des membres de sa famille, s’est mis à chanter, à peindre, à écrire et devient ainsi une artiste. En 1943, elle fut dénoncée, arrêtée à l’âge de 26 ans, enceinte de quatre mois. Avant de partir, elle confia ses toiles à son médecin en lui disant : « C’est toute ma vie ». Ce très bel ouvrage expose le destin de la jeune fille surdouée et enfermée. L’auteur lui rend un magnifique hommage comme si elle avait été sa sœur, son amour, sa mère. Une obsession, une identification. Ce qui m’a le plus frappé dans ce témoignage, c’est la forme, une structure parfaitement maîtrisée, une sorte de long poème en prose à la fois humain et authentique. Le style d’écriture de l’auteur est superbe. Une phrase et on revient à la ligne. On prend le temps de respirer. Pas de phrases superflues, ce qui nous permet de rester concentrés sur le vif du sujet.
Sofia M. (lycée français de Madrid)
L’auteur explique pourquoi le livre est écrit en vers : « pour respirer ». Charlotte est juive. Face à la menace nazie, elle fuit toute seule en France en laissant l’amour à Berlin. Charlotte trouve à nouveau l’amour, se marie puis tombe enceinte. Quelqu’un dénonce où se trouve Charlotte, qui est emportée puis tuée à la chambre à gaz. L’auteur dit avoir cherché à savoir qui avait dénoncé Charlotte mais n’a pas trouvé de réponse. (…) Quand j’ai fini le livre, j’ai remarqué quelque chose : Le premier mot du roman est Charlotte et le dernier est le même. J’ai adoré ce livre, sincèrement, je le recommande !!! En tenant compte des livres que j’ai lus celui-ci est, sans doute, pour moi, le Prix Goncourt des Lycéens 2014. »
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut
Une bande annonce du roman par des élèves du lycée Turgot à Limoges
http://www.goncourt-des-lyceens-2014.ac-rennes.fr/spip.php?article938
D’autres critiques sur la plateforme collaborative du Goncourt des Lycéens 2014
http://www.goncourt-des-lyceens-2014.ac-rennes.fr/
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