La publication par la Depp d’une Note sur la taille des « structures pédagogiques » interroge sur le tabou de la réduction de la taille des classes. Heureusement, les publications de l’OCDE permettent de recadrer les données de la Depp d’en tirer, une fois encore, leur vrai sens. Comme si la taille des classes restait une question tabou.
Pas de quoi s’inquiéter, nous dit la Depp. « Dans le second degré, un enseignant est face à 22,1 élèves en moyenne », affirme la Depp. « Des différences s’observent selon le secteur d’enseignement. Ainsi, dans le secteur privé, le nombre moyen d’élèves dont un enseignant a la charge pendant une heure est globalement plus élevé que dans le secteur public : il est de 21,3 élèves en moyenne dans l’éducation prioritaire et de 24,4 hors éducation prioritaire contre 25,1 élèves dans le privé ».
Ces chiffres vous font sourire ? Vous croyez avoir plus d’élèves dans votre classe ? C’est que la Depp ne nous éclaire pas sur les écarts entre établissements et la fréquence des classes en fonction de leur taille. La vraie signification de ces chiffres est à chercher dans les comparaisons internationales. Vous jugez que vous avez beaucoup trop d’élèves ? Vous n’avez sans doute pas tort puisque, comme le montre le graphique ci-dessous, provenant de l’OCDE, la France a un nombre d’élèves par classe supérieur à la moyenne OCDE aussi bien au primaire qu’au collège. Parmi les pays développés, seuls la Corée du Sud et le Japon a plus d’élèves par classe. Mais ces moyennes cachent deux particularités françaises. La France est un des rares pays où la taille des clases a augmenté entre 2000 et 2010 (+3,4%). A l’exception de l’Italie et des Pays-Bas, tous les autres pays développés ont diminué le nombre d’élèves par classe en moyenne de -7%. La France a ainsi un des taux d’encadrement (nombre d’adultes pour 100 élèves) les plus bas. C’est vrai au collège. Encore plus vrai au primaire. Voilà pour ce que la Depp a oublié de vous dire…
C’est que la taille des classes reste une question politique. D’abord parce que c’est sur sa réduction que mise V Peillon pour améliorer le niveau des écoliers grâce au « plus de maîtres que de classes ». Il est prévu de former les enseignants pour qu’ils tirent le meilleur parti du dédoublement. Ensuite parce que, indépendamment de ses effets scolaires, la taille des classes est un élément non négligeable de souffrance professionnelle. Ce n’est pas le même métier qu’enseigner en petit groupe et dans des classes supérieures à 30 élèves. La masse de travail est supérieure et la fatigue nerveuse sans commune mesure. Aussi la taille des classes fait-elle partie des données négociées chaque année par les syndicats d’enseignants chez nos voisins. C’est le cas dans la Belgique voisine. Une piste à suivre ?
François Jarraud