« Nous avons de belles raisons d’être optimistes en voyant l’engagement raisonné de nos collègues ». Marc Bablet résume le 12ème séminaire de l’OZP. Alors que les nuages s’amoncèlent sur l’éducation prioritaire, l’enquête de l’OZP montre des acquis et aussi des obstacles. L’association, qui regroupe des acteurs de l’éducation prioritaire, n’est pas prête à laisser brader l’éducation prioritaire.
Une évaluation indépendante
« L’OZP reçue le 20 avril 2018 par le cabinet du ministre a rappelé l’engagement ministériel pris en 2014 de procéder en 2019 à une évaluation des projets des réseaux et de la carte de l’éducation prioritaire. Le ministre a décidé de ne pas respecter cet engagement et, depuis plusieurs mois, se succèdent différents rapports qui, sans aucune évaluation de l’existant ni prise en compte de l’expérience des professionnels engagés, préconisent des remises en cause radicales de la politique et de la carte de l’éducation prioritaire », rappelle Marc Douaire, président de l’OZP. » C’est dans ce contexte que l’OZP a décidé de prendre ses responsabilités (tel qu’annoncé en conclusion de la journée nationale de mai 2017) et de construire une évaluation publique de l’éducation prioritaire refondée afin d’en mesurer ses effets à partir des expériences des professionnels engagés. Pour construire et mener ce travail, l’OZP a constitué un conseil scientifique réunissant des personnalités reconnues pour leur engagement en faveur de l’éducation prioritaire. A partir des travaux du séminaire du9 février 2019, ce conseil scientifique a construit un document d’auto-évaluation proposé sous le mode d’une enquête collaborative. »
L’Observatoire des zones prioritaires réunit ses militants le 30 novembre pour un compte rendu sur une enquête lancée en 2018 auprès des réseaux. L’enquête de l’OZP s’oppose à celle lancée par la Dgesco. La première est largement ouverte et appelle à des réponses collectives. Celle de la Dgesco consiste , selon l’OZP, en questions fermées auxquelles les principaux répondent seuls.
Des acquis
Qu’est ce qui est acquis en éducation prioritaire ? Anne Armand, Martine Husson et Marc Bablet répondent en s’appuyant sur les 300 réponses obtenues par l’OZP. L’axe 1 de l’éducation prioritaire, l’acquisition des fondamentaux, est largement soutenu par les équipes. A Armand parle « d’embellie » tant la mobilisation des équipes est importante. Marc Bablet insiste sur la travail collectif mais aussi sur les demandes de formation, d’une formation qui ne soitpas décidée par en haut.
Sur l’axe 2, Marc Bablet montre la modification des pratiques d’évaluation avec en particulier la remise en question des chiffres et de la notation au profit d’une évaluation des compétences.
L’axe 3, la coopération avec les parents, est aussi un point très fort. A Armand parle d’amélioration. Marc Bablet évoque la qualité des actions netreprises avec les familles. Même si la relation avec les partenaires de l’école sont moins travaillées. M Husson montre que ce travail d’accueil des parents tels qu’ils sont est difficile mais devient un geste professionnel indispensable.
A propos de l’axe 5 sur la formation, les enseignants demandent une formation répondant à leurs demandes. Et sur l’axe 6, le pilotage, ils soulignent l’existence du réseau , au coeur de l’éducation prioritaire.
Autres acquis, selon M Bablet : les cycles (en particulier le cycle 3 très souvent cité), le travail d’un collectif professionnel, l’importance primordiale du pédagogique, les relations avec les parents, les projets et en particulier le projet de réseau, l’importance d’une formation adaptée qui réponde aux besoins.
Mais « beaucoup de nos collègues considèrent que rien n’est vraiment acquis car les ministres changent sans cesse les bases du travail », rappelle M Bablet. Il fait allusion à la disparition des PDMQDC, l’abandon de l’accueil des deux ans, les changements des repères des programmes, de nouveaux dispositifs comme CP et CE1 à 12, des instructions nouvelles…
Obstacles
Qu’est ce qui fait obstacle à l’approfondissement de l’éducation prioritaire ? Il revenait à A Armand d’interroger l’enquête sur ce point. Parfois le manque de savoir faire par exemple la difficulté à se faire comprendre des familles. Ou encore un turn over des equipesqui invite à toujours tout recommencer. » Par contre, les obstacles liés à un pilotage institutionnel vertical et injonctif reviennent dans bon nombre de réponses (ainsi à propos de la disparition des maîtres supplémentaires, des dédoublements qui surchargent les autres niveaux, des évaluations, par exemple). Mais c’est essentiellement le manque de personnels spécialisés ou non qui fait dire aux répondants qu’ils ne peuvent pas mettre en œuvre le référentiel comme ils le souhaiteraient », ajoute-elle.
Sa conviction, partagée par la salle, c’est que « les obstacles mentionnés pourraient être levés grâce à une meilleure considération des acteurs, à une relance de la dynamique des équipes pour que les nouveaux arrivés depuis la refondation puissent s’approprier la culture professionnelles et les valeurs de l’éducation prioritaire ». Pour cela il faut une volonté politique qui fait défaut depuis 2017. C’est quand même là le plus gros obstacle.
François Jarraud