« Tout au long de ma carrière professionnelle, j’ai cherché des outils, notamment numériques, pour aider les enseignants dans le suivi et l’individualisation des parcours de leurs élèves. La place donnée aujourd’hui à l’exploitation, par l’Intelligence Artificielle, des données issues des situations d’apprentissages, constitue pour l’enseignant un point d’appui essentiel dans l’analyse de leur suivi ». C’est cette exploitation des données qui a convaincu Bruno Nibas, maitre formateur, de participer à la rédaction des « Maths avec Léonie », une méthode publiée par Bordas. Pour lui, l’intelligence artificielle mise en oeuvre permet une personnalisation de l’enseignement, profitable aux maths.
Différenciation pédagogique
Professeur des écoles, maître formateur, directeur d’école d’application, j’ai accompagné de nombreuses cohortes de collègues en formation initiale et continue à la maîtrise des compétences professionnelles nécessaires à l’exercice du métier. La modification des programmes, les directives ministérielles successives ont toujours entraîné chez, eux au-delà de quelques résistances, la nécessité de réfléchir à la mise en place de situations propices à la réussite des élèves qui leur sont confiés.
Le professeur des écoles apprend aux élèves à lire, à écrire, à compter, mais son rôle ne se limite pas à cela. Il engage les élèves dans la construction de leurs parcours éducatif et scolaire. En ayant à cœur de créer un rapport positif à la classe et à l’apprentissage, il permet aux élèves de s’approprier les savoirs fondamentaux et éveille chez eux l’intérêt pour le monde qui les entoure.
L’enseignement du calcul, dernier point de la trilogie « Lire, Écrire, Compter » est un champ illustré par de nombreuses méthodes chez les différents éditeurs français. La méthode Les Maths avec Léonie des Éditions Bordas décline ces apprentissages sous forme de cahiers, fichiers, guide pédagogique et outils complémentaires permettant une différenciation pédagogique qui positionne enfin l’enfant comme sujet au centre des préoccupations. Il est indispensable pour les enseignants de disposer de points de repères sur les étapes d’évolution de l’enfant. Au-delà de l’observation et de l’analyse des acquisitions en construction, il leur importe de repérer les difficultés pour mieux agir afin de permettre à chaque élève de valoriser son potentiel et d’aller au maximum de ses possibilités.
La progression spiralaire de la collection Les Maths avec Léonie des Editions Bordas, adaptée de la méthode la plus diffusée à Singapour My pals are here!, publiée aux éditions Marshall Cavendish Education propose des leçons dédiées à la partie « (Se) repérer et (se) déplacer en utilisant des repères et des représentations » du domaine Espace et géométrie. Ce sont ces leçons que nous nous proposons d’étoffer avec des modules complémentaires, modules prenant appui sur les travaux de Roberto Casati et les préconisations du rapport Villani/Torossian.
« Le système d’orientation humain est basé sur la vision. Nous ne sommes pas des rats, vivant dans des tunnels, ni des pigeons, traversant de grandes distances. Nos ancêtres ont évolué dans un environnement riche en repères visuels distants (arbres isolés, montagnes, rochers), dont l’usage est intégré par notre cerveau lors de nos déplacements. La preuve : l’absence ou l’impossibilité d’accéder à des repères visuels lointains menace, voire rend impossible l’orientation (haute mer, brouillard, bois, environnements répétitifs…). Or l’orientation, qui n’est pas un « sens » spécifique, tire profit de nombre de modules représentationnels (enregistrement des espacements, des propriétés topologiques, reconnaissance des lieux, changement d’angle de la direction de la tête par rapport à un repère lointain) et se nourrit de différentes stratégies et heuristiques, et en particulier s’appuie sur le raisonnement et, à un niveau avancé, sur des outils « externes » comme les cartes et les descriptions d’itinéraires.
S’il est essentiel d’entretenir ces capacités et stratégies, dont on sait qu’elles se renforcent sensiblement avec l’usage et se dégradent lors d’un recours massif à la navigation assistée, il est aussi vrai qu’on peut les exploiter dans l’apprentissage pour rendre saillante la structure spatiale-géométrique de l’environnement proximal. »
C’est par cette introduction suivis de quelques échanges et rencontres, que Roberto Casati directeur de l’Institut Jean Nicod et l’équipe d’EvidenceB m’ont convaincu de participer à la création de modules d’apprentissages numériques pour les ouvrages de CE1 et de CE2 de la collection Les Maths avec Léonie.
Personnaliser l’enseignement
Tout au long de ma carrière professionnelle, j’ai cherché des outils, notamment numériques, pour aider les enseignants dans le suivi et l’individualisation des parcours de leurs élèves. La place donnée aujourd’hui à l’exploitation, par l’Intelligence Artificielle, des données issues des situations d’apprentissages, constitue pour l’enseignant un point d’appui essentiel dans l’analyse de leur suivi.
Dans l’enseignement des mathématiques, les outils numériques (interactifs, pluri média, etc.) interviennent de diverses façons, de la géométrie dynamique aux exerciseurs, en passant par le tableau numérique interactif, ou la tablette. Les ressources numériques et applications hautement interactives sont désormais augmentées par l’intelligence artificielle. Elles ouvrent de nouvelles fonctionnalités, apportant des instruments pédagogiques, didactiques et d’analyse pour l’adaptation et la personnalisation des parcours.
Cette personnalisation des apprentissages permet de gérer la diversité des difficultés selon les élèves et les besoins divers qui en découlent. On peut ainsi faire varier le contexte d’apprentissage, le rythme, le mode de mémorisation et les modalités de remédiation aux difficultés.
C’est dans cette dynamique que les modules en cours d’élaboration par les Editions Bordas et EvidenceB proposeront des parcours personnalisés permettant de travailler la structure spatiale-géométrique de l’environnement proximal en s’appuyant notamment sur des outils comme les cartes et les descriptions d’itinéraires. Ces modules permettent de construire les notions de repères et de direction et ainsi de couvrir la partie « (Se) repérer et (se) déplacer en utilisant des repères et des représentations » du thème « Espace et géométrie » des programmes de Cycle 2.
Bruno Nibas,
Directeur honoraire de l’Ecole d’application Châteaudun élémentaire, Amiens
Maths et intelligence artificielle : Voir aussi « Les Noums »