Où en est réellement le numérique éducatif à l’école élémentaire ? Pour répondre à cette question, une dizaine de membres du laboratoire Techné (Émilie Besneville, Caroline Brillant, Maram Caesar, Jean-François Cerisier, Bruno Devauchelle, Hassina Kechaï, Isabelle Féroc-Dumez, Sylvie Fortin, Alexandra Lagrange, Fabienne Lancella) associent leurs études. Il en ressort un portrait de la réalité du numérique qui en éclaire les enjeux.
» Les données collectées et analysées dans cette étude dessinent une situation très contrastée du numérique à l’école élémentaire, faite de dynamiques et de perspectives nouvelles et enthousiasmantes pour l’évolution de l’école élémentaire au service de l’efficacité éducative mais aussi de tensions, de difficultés et d’inégalités qui constituent autant d’obstacles à la transformation pertinente et réussie de l’école à l’ère du numérique. Les résultats de l’étude soulignent le déploiement réel mais limité des usages éducatifs des techniques numériques, les enjeux du développement professionnel des enseignants et montrent que le numérique est devenu un levier des politiques des collectivités », écrivent les auteurs.
Selon eux, » Mettre en oeuvre les techniques numériques suppose un cadrage institutionnel et une formation qui font souvent défaut. Beaucoup des enseignants rencontrés se sentent dépourvus, dans l’ignorance des attentes précises de l’État quant aux enjeux et aux finalités du numérique à l’École. Aucune politique cohérente suffisamment lisible ne vient articuler efficacement attentes de l’institution, formation des enseignants et moyens de mise en oeuvre. Ainsi le numérique est-il souvent réduit –ce qui n’est bien sûr pas dépourvu d’intérêt– à la seule amélioration de pratiques antérieures quand il appelle de nouvelles démarches pour atteindre de nouveaux objectifs ».
Les finalités citées par les enseignants sont d’abord une meilleure présentation des documents, puis l’éducation au nuémrique et enfin la différenciation pédagogique. » En revanche, des finalités qui engagent des transformations plus importantes des activités sont moins fréquemment citées (activités collaboratives, 23,8% ; évaluation des élèves, 20%) et des formats pédagogiques nouveaux pourtant très médiatisés, comme la classe inversée, ne sont cités que marginalement (5,5%). »