Par Julien Cabioch @vivelesSVT
fédérer les sciences au lycée
Les abeilles peuvent-elles fédérer maths,
SVT et sciences-physiques ? Et comment mettre en place des ruches
dans un lycée ? Sylvie Turcan, professeure de SVT au
lycée des Andaines à la Ferté-Macé
(61) étudie la vie de l’abeille avec ses
lycéens. De la chimie du miel à
l’hexagonalité des alvéoles en maths sans
oublier l’étude des phéromones et de la
pollinisation en SVT, un projet interdisciplinaire ambitieux est
mené depuis 4 ans en enseignement d’exploration
Méthodes et Pratiques Scientifiques (MPS) et en
accompagnement personnalisé. Comment se répartit le
travail ? Que font les élèves ? Entretien avec
Sylvie Turcan impliquée également dans le projet
européen EAThink.
Comment est né le projet ruches ?
En
2013, on a commencé par suivre une ruche fabriquée
par des élèves du lycée professionnel en
section bois. Puis, nous en avons eu cinq. Désormais,
quatre ruches sont occupées car nous en avons perdu une au
cours de l’hiver 2015. L’objectif est de les utiliser
à des fins pédagogiques, en sciences notamment. Les
ruches sont situées juste au bord du lycée, sur le
terrain de la ville qui jouxte le lycée on y accède
très facilement.
Comment s’organise le travail mené en
Méthodes et Pratiques Scientifiques (MPS) ? Et en
accompagnement personnalisé (AP) en 1ère ? Que
font concrètement les lycéens ?
En MPS, dans le thème Science et aliments, nous
travaillons en alternance physique-chimie /SVT. Le travail se
base sur l’extraction du miel que nous réalisons en
début d’année avec les élèves
et l’apiculteur. Puis nous travaillons ensuite un sujet par
séance : l’abeille un insecte, les occupants de la
ruche, le travail de l’apiculteur, la composition du miel,
comment les abeilles le fabriquent, le rôle de
pollinisateur, la communication, les phéromones,
l’effet des pesticides… Ce thème est repris
tous les ans avec les lycéens de 2nde. Nous en sommes
à la quatrième année.
En accompagnement personnalisé, on travaille sur un
nouveau problème chaque année en lien avec
d’autres professeurs. Voici les différentes
thématiques déjà abordées :
– svt et maths en 2nde : autour de la forme des
alvéoles construites par les abeilles
– svt, maths et physique en 2nde : conception d’un jeu
sérieux autour de la vie et l’activité des
abeilles dans et autour de la ruche
– svt et physique : en 1ère : conception de capteurs
pour suivre l’activité des abeilles au sein de la
ruche et chercher ce qui peut provoquer un essaimage : capteur
masse (pompot), compteur de passage (IR), température
(interne et externe) seul le dernier a été
fonctionnel
– svt et physique en 1ère : suite avec de nouveaux
capteurs pour suivre l’activité de la ruche en
fonction des conditions météo : masse avec une
jauge plus perfectionnée, température pression
humidité, anémomètre et
pluviomètre
Qui a conçu les ruches ? Quelle aide
extérieure avez-vous pour ce projet ? Pour quel apport
?
La première ruche a été fabriquée
au lycée et les 4 ruches ajoutées ont
été achetées ailleurs, notre apiculteur
trouvant la 1ère non adaptée car trop grande.
Depuis, une nouvelle ruchette vitrée a été
fabriquée au lycée et ajoutée au rucher mais
elle est restée vide.
L’apiculteur qui nous « chapeaute » est un
retraité assez disponible : il nous rendait visite assez
souvent au début, nous sommes maintenant un peu plus
autonome et intervenons sans son aide directe. Il continue
à nous conseiller régulièrement mais avec
plus de distance.
Nous bénéficions d’interventions de
scientifiques et de partenaires culturels pour la 4ème
année car nous sommes inscrits dans un Parcours Culturel
et Scientifique, dispositif en partenariat Région et
rectorat nommé Relais des Sciences avec un cahier des
charges bien précis.
En quoi votre projet est-il pluridisciplinaire ? Comment
utilisez-vous la technologie Arduino ?
Les SVT concernent les abeilles en tant qu’insectes et
leurs interactions avec l’environnement (pollinisation,
pesticides, plantes mellifères). Les mathématiques
s’impliquent autour de la géométrie des
alvéoles et pour la programmation du logiciel RPGmaker
pour le jeu sérieux. Enfin, en physique-chimie, le travail
s’effectue autour de la chimie du miel, des
phéromones et des capteurs.
Pour Arduino , avec le collègue de physique, nous
découvrons la programmation et nous nous formons sur le
tas avec l’aide précieux de Jody Noury qui est
programmeur et intervenant culturel du PCS. Notre objectif est de
l’utiliser comme outil pour concevoir et programmer les
capteurs à installer sur les ruches.
Qu’est-ce que le projet européen EAThink
auquel vous voulez participer ?
« EAThink2015 – Manger local, penser global
» est un projet qui vise à améliorer la
compréhension et le sens de l’analyse
d’élèves et d’enseignants
européens. L’idée est de faire naître
un engagement actif à relever les défis du
développement mondial, avec un point d’honneur
accordé à la sécurité et à la
souveraineté alimentaire, aux systèmes alimentaires
durables et aux petites exploitations agricoles.
Avec la collègue de physique de MPS, nous faisons
partie intégrante de ce projet européen depuis ses
débuts, nos fiches TP sont en ligne sur leur site. Ce
dernier est accessible aux enseignants de tous les pays
participants, dans le but d’inciter des collègues
à faire de même avec leurs élèves.
Un dernier mot sur les frelons …
Notre rucher est depuis 2015 visité
régulièrement par les frelons asiatiques qui sont
arrivés dans notre région. Au début, on a
observé leur technique d’attaque des abeilles (vol
stationnaire devant la ruche), puis nous avons vu les abeilles se
défendre en faisant des grappes sur la planche
d’envol. En novembre 2016, une ruche a été
envahie par les frelons asiatiques. Ces frelons entraient et
sortaient comme s’ils étaient dans leur nid. Nous
avons complètement bouché et nourrit la ruche pour
essayer de la protéger mais sommes inquiets pour cette
ruche. La météo ne nous permet pas de
l’ouvrir pour en vérifier l’état. A
suivre donc.
Entretien par Julien Cabioch
Dans le Café
Abeilles et interdisciplinarité à Thiers
Bac S : ECE 2017 : Des sujets
différents chaque jour d’épreuve
Le BO du 23 février 2017 apporte
des modifications dans le déroulement des épreuves
d’évaluation des compétences
expérimentales en SVT et en physique-chimie applicables
dès la session 2017. Désormais, un
enseignant-examinateur ne pourra plus évaluer un de ses
élèves de terminale. La mention « dans la
mesure du possible » de l’ancien BO est
supprimée. Autre changement : on ne parle plus de 25
situations d’évaluation mais «
d’ensembles de situations d’évaluation retenus au
niveau national et communiqués aux établissements
au début du troisième trimestre ». Enfin, la
modification majeure concerne justement ces situations
d’évaluations proposées aux candidats. Ces
dernières doivent être « choisies dans chaque
ensemble et être différentes chaque jour de
passation des épreuves ». En clair, tout semble
être mis en place pour éviter la communication des
sujets et des corrigés pendant les 3 jours
d’épreuves. Ainsi, du mardi 6 au vendredi 9 juin,
les lycées devront proposer des sujets différents chaque jour ou alors faire le choix
de concentrer l’examen sur une seule journée. Il
faudra alors pouvoir convoquer le nombre d’enseignants
nécessaires le jour J.
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/24022017Article636235179024856125.aspx
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