Vif débat
au « Café de géographie » du 26 novembre ! Le thème est fratricide : « Histoire
et géographie : faut-il les pousser au divorce » ? Cette « réunion de
conciliation » fait échanger D. Borne, inspecteur général, J. Scheibling,
géographe, et d’autres intervenants. Ainsi F. Lépagnot, avocat des
géographes, affirme : » Je constate que la géographie avale l’histoire,
comme on le voit par l’abondante production éditoriale des géographes. Je
constate aussi que les jeunes géographes ne sont pas contraints à
l’enseignement car ils ont d’autres débouchés professionnels que
l’enseignement. La géographie bouge, l’histoire stagne ! » Ce à quoi D.
Borne répond : » Le pourcentage de géographes reçus au Capes d’histoire
et géographie est faible : autour de 10% actuellement. Il y a un
déséquilibre considérable… La France est le seul pays au monde où la
géographie est enseignée du primaire au lycée, y compris en lycée
professionnel. Cette situation, la géographie le doit à l’histoire « .
Le débat ne s’en est pas tenu là. Il a rebondi à l’occasion du colloque sur
l’enseignement de l’histoire-géographie tenu à Paris du 12 au 14 décembre où
X. Darcos, dénonçant un hypothétique excès de démarches transdisciplinaires,
souhaitait réorienter l’enseignement de ces deux disciplines : « A force
de concentrer l’essentiel de la réflexion sur le périphérique, les
disciplines ont fini par être négligées ». C’est la vieille fausse
opposition entre les démarches constructivistes et l’acquisition des savoirs
qui est réveillée, comme si l’une empêchait l’autre, comme si
l’approfondissement des savoirs disciplinaires ne nécessitait pas une réelle
construction des élèves. Cette déclaration, tempérée par l’affirmation que
« le fondamental n’est pas le rétrograde », semble remettre en cause
l’avenir des itinéraires de découverte.
Davantage que la question de l’indépendance de la géographie et de
l’histoire, c’est celle des enseignements qui est posée. Quelle histoire et
quelle géographie enseigner ? Revenir au récit chez l’une et à la
description chez l’autre, comme cela a été recommandé lors du colloque,
ressusciter Malet et Vidal de La Blache, est-ce « faire » de l’histoire et de
la géographie pour les citoyens européens du XXIème siècle ? A quoi servent
ces disciplines si elles ne sont pas problématisées et si elles ne
permettent pas une éducation à une citoyenneté active ? Est-il nécessaire de
séparer les deux disciplines pour qu’elles soient correctement enseignées ?
Le maintien de leur mariage peut-il servir d’alibi à une régression
pédagogique ? Gageons que nous aurons très prochainement les réponses à ces
questions.
Compte-rendu du Café de géographie
Dépêche AFP Voila
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