Par Caroline d’Atabekian
Les disparités de l’organisation de l’épreuve de l’EAF, telles qu’elles sont vécues par les les profs qui en témoignent sur Profs-L.
EAF : la liste Profs-L décerne la meilleure note à l’académie de Grenoble
« Oraux du 2 juillet au 8 juillet. Quatorze à seize candidats par jour à combiner avec les copies. Oh ! Stakhanov… » C’est le marronnier de la fin juin sur la liste de discussion Profs-L : si les enseignants convoqués pour faire passer les épreuves de l’EAF sont à cran, il faut bien reconnaître que la complainte est plus amère cette année, sur fond de reconquête du mois de juin : « Pourquoi ce qui était possible l’an dernier (soit le passage des oraux fin juin) ne l’est-il pas cette année ?… Que de motifs de perplexité… » interroge un colistier.
L’incompréhension est d’autant plus forte que les discussions font apparaître d’importantes disparités d’une académie à l’autre. La synthèse de ces discussions, publiée sur WebLettres, propose, sous forme de tableau, une présentation comparative de l’organisation de l’EAF selon les académies.
D’un point de vue global, dans 12 des 17 académies pour lesquelles les collègues ont donné des témoignages, les enseignants convoqués – jusqu’au 9 juillet, date des commissions d’harmonisation – cumulent la correction de l’écrit (57 copies en moyenne) et l’interrogation des candidats à l’oral (57 également en moyenne). Ils sont en outre de surveillance lors des épreuves.
Cinq académies ne convoquent leurs enseignants que pour l’écrit, ou que pour l’oral, mais dans ce cas le nombre de copies ou de candidat est quasiment doublé : 111 copies en moyenne pour l’écrit, ou 106 candidats en moyenne pour l’oral.
Le nombre moyen de candidats par jour à l’oral est de 14 (minimum 12, maximum 16). « Quatorze candidats par jour, je trouve que c’est beaucoup, vraiment beaucoup et pour l’avoir déjà fait très souvent, je peux vous dire que j’appréhende et que c’est dur » écrit un colistier.
Disparités entre académies
« Au fur et à mesure que je lis les messages des colistiers, je constate une grande disparité entre les académies » relève une collègue. Les résultats globaux ne doivent en effet pas masquer le fait que :
– le nombre de copies par correcteur varie de 45 (Réunion) à 65 (Lyon, Versailles) et celui des candidats de 45 (Réunion) à 74 (Bordeaux) ;
– certaines académies ne prennent pas en compte le fait que les enseignants corrigent déjà les épreuves de BTS, et les obligent à cumuler EAF et BTS ;
– dans au moins deux académies, les collègues de collège (seulement les agrégés, semble-t-il), sont appelés en renfort pour la correction de l’écrit ;
– certaines académies fortement rurales envoient les enseignants à plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de kilomètres de leur établissement. Certaines remboursent partiellement l’hôtel, d’autres non, selon des critères eux-mêmes variables.
Si les conditions restent difficiles partout, il faut reconnaître que quelques académies semblent faire des efforts pour tenir compte de la pression mise sur les enseignants. Parmi elles, citons notamment Grenoble, qui ne convoque personne à la fois pour l’écrit et pour l’oral, et impose un nombre de copies ou de candidats modéré. Mais cela a un prix : les collègues de collège sont convoqués pour la correction de l’écrit. Un bémol tout de même : le fait de corriger les épreuves de BTS n’est pas pris en compte pour la convocation à l’EAF, il y a donc quelques cumuls malvenus, et « encore de gros progrès à faire » concluent les collègues grenoblois.
Perplexité
Ces disparités suscitent inévitablement des interrogations parmi les colistiers, sur l’équité entre les enseignants, bien sûr, mais aussi entre les élèves : « Le bac est un examen national : pourquoi les conditions de passage de l’EAF sont-elles si différentes d’une académie à l’autre ? N y a-t-il pas un traitement inéquitable des candidats de ce fait même ? »
Beaucoup de questions se posent également sur le processus de convocation des enseignants :
« L’an passé, pour plus de 19 000 candidats présents, 326 professeurs convoqués, 222 en série générale, 104 en séries technologiques. Que représente ce chiffre ? N’y a-t-il que 326 professeurs dans l’académie de Toulouse ? Le rectorat fait état d’un cruel manque de professeurs à convoquer : sont appelés ceux qui sont sur les listes. Où sont les autres ? »
Disparité, pression, perplexité… en ce début d’été, sur profs-L, commencent à se faire sentir quelques velléités de reconquête du mois de juillet.
La synthèse de Profs-L sur l’organisation de l’EAF :
http://www.weblettres.net/spip/article.php3?id_article=980
La liste de discussion Profs-L :