Réforme de la maternelle
Une note du CSP annonce un nouveau programme de maternelle
Epargnée jusque là, l’école maternelle va elle aussi être profondément modifiée par JM Blanquer. Arguant de la scolarisation obligatoire dès 3 ans, le Conseil supérieur des programmes (CSP) définit un recadrage important du programme de maternelle. La nouvelle école maternelle sera celle des fondamentaux, des évaluations nationales (de le PS à la GS), des listes de vocabulaire et surtout de la préparation de l’évaluation de CP. Car l’école maternelle sera axée sur la préparation à l’entrée en CP. Alors que les programmes existants donnent toute satisfaction, le ministre fait plus qu’amener un nouveau programme. Il construit une véritable rupture dans la culture professionnelle des enseignants de maternelle.
Pascale Garnier : La fin du programme de 2015 en maternelle ?
Il fallait malheureusement s’y attendre : dans le sillage de la loi de 2019 sur l’instruction obligatoire à trois ans, et le projet de rendre obligatoire la fréquentation de l’école maternelle à la rentrée 2022, le programme de 2015 vit sans doute ses dernières heures. La Note d’analyse et de propositions sur le programme d’enseignement de l’école maternelle, publiée par le Conseil supérieur des programmes (CSP) le 8 décembre 2020 vient confirmer les récents documents, recommandations et circulaires de rentrée publiés depuis 2019. Au-delà des changements qui sont introduits dans la conception des domaines d’apprentissages et qui mériteraient une analyse spécifique, il faut insister ici sur quelques éléments de cette transformation institutionnelle, en renvoyant ailleurs pour une analyse approfondie de ces changements.
Maternelle : Mireille Brigaudiot : « On va vers des échecs considérables »
» On va vers des échecs considérables en CP. Les enfants, surtout en REP, seront perdus devant le « charabia » des correspondances graphèmes – phonèmes le jour de la rentrée ». Spécialiste de l’apprentissage du langage, Mireille Brigaudiot analyse la Note du CSP sur les nouveaux programmes de maternelle.
Sylvie Plane : Le CSP tente de réorienter l’école maternelle
Vice-présidente du CSP « démissionnée » par la présidente actuelle, Sylvie Plane a participé à la rédaction des programmes de 2015. Elle analyse la Note publiée par le Conseil supérieur des programmes (CSP) qui présente les principes des futurs programmes de maternelle.
TIMSS 2019
Maths : La chute de la maison France
On croyait avoir atteint le fond en 2015. Malheureusement les résultats de l’enquête internationale TIMSS sont désastreux pour la France. En CM1 les résultats baissent encore et nous mettent tout en bas en Europe et dans l’OCDE. En 4ème la situation n’est pas meilleure et on observe une véritable dégringolade par rapport à Timss 1995. Le ministère « a pris la mesure des enjeux ». Mais il n’est pas certain qu’il ait pris celle des causes…
TIMSS : Que retenir pour l’enseignement des sciences au collège ?
Au-delà du score peu flatteur obtenu par les élèves français de 4ème, loin derrière les Lituaniens ou les Américains, l’étude TIMSS 2019 révèle aussi des écarts entre les disciplines scientifiques. Doués pour le raisonnement, moins bons dans la restitution de connaissances, seulement 75 % des collégiens français ont accès à des salles spécialisées pour leurs travaux pratiques. L’étude menée sur 4000 élèves en France indique des facteurs d’inégalité comme l’accès aux ressources documentaires. Timss pointe aussi la démarche d’investigation, introduite en France en 1999, qui serait sans effet ; aspect déjà soulevé par l’enquête Pisa de 2015. Comment relever le niveau face à cette relégation de l’école française derrière les autres pays européens ? D’après les scores des 46 pays comparés, le secret de la réussite résiderait plutôt dans un minutieux dosage alternant théorie et pratique tout au long de l’année.
Éric Roditi : TIMSS : Que faudrait-il faire ? Que faudrait-il surtout éviter ?
Comment faire face aux résultats de TIMSS en maths ? Cinq chercheurs en didactique des maths, Cécile Allard, Pascale Masselot, Marie-Lise Peltier-Barbier, Éric Roditi et Frédérick Tempier, attirent l’attention sur ce qu’il faut faire et, surtout, ne pas faire…
Claire Lommé : TIMSS vu de la leçon de maths…
Le dernier TIMSS est sorti. On n’attendait pas un bouleversement, mais quand même, ça fait mal. Franchement mal, même. Lire les performances de nos enfants en mathématique m’a franchement affectée : ils sont tellement loin des objectifs des enseignants, à savoir les rendre autonomes pour être au monde de la façon la plus éclairée possible. Or, depuis 2015, le niveau des élèves français ne s’est pas amélioré, et s’est même détérioré pour les filles en mathématiques.
TIMSS : Le ministère a tout prévu…
« L’ensemble de ces résultats confirme la nécessité de faire de l’enseignement des mathématiques une priorité, dès le plus jeune âge. L’ensemble des mesures adoptées dans le cadre de la mise en oeuvre du plan Villani-Torossian répond aux difficultés rencontrées ». Dans un communiqué le ministère de l’éducation nationale rend compte ne ces termes des désastreux résultats de l’enquête internationale TIMSS. Le ministère, qui a rendu les mathématiques facultatives à partir de la 1ère, relève que « la proportion de professeurs ayant déclaré n’avoir suivi aucune formation axée sur les contenus mathématiques est passée de 53 % en 2015 à 23 % en 2019 (moyenne de l’Union européenne : 28 %) » et rappelle le plan mathématiques dans le 1er degré. Et puis « un ensemble d’outils pédagogiques est proposé aux professeurs afin de les aider à enseigner les mathématiques ». Face au désastre de l’enseignement des maths, la routine doit continuer…
Politique ministérielle
Le rapport sur l’assassinat de S Paty couvre l’administration
On ne saura pas pourquoi S Paty est rentré seul ce triste 16 octobre ce qui a facilité les gestes de son assassin. Le rapport des inspecteurs généraux Roger Vrand et Elisabeth Carrara sur « les événements survenus au collège du Bois d’Aulne avant l’attentat du 16 octobre 2020 » n’apporte pas d’éclairage sur l’attentat lui-même. Par contre il décrit de façon très détaillée le fonctionnement de l’éducation nationale dans ses multiples rouages du 5 au 16 octobre. De nombreux acteurs sont intervenus. Mais au final S Paty a rencontré seul son destin.
800 incidents signalés après l’assassinat de S Paty
Alors que JM Blanquer se félicite des 793 signalements faits dans son administration suite à l’hommage à S Paty, l’analyse des données montre qu’une majorité concerne des écoliers et collégiens et n’a donné lieu à aucune suite en interne alors que 422 ont été transmis à la police et la justice.
Le projet de loi Séparatisme et l’Ecole
Le gouvernement a bien fait machine arrière sur l’interdiction de l’instruction en famille. Le Conseil des ministres du 9 décembre a adopté la nouvelle rédaction du projet de loi sur le séparatisme, appelé maintenant « loi confortant le respect des principes de la République ». La volonté des familles reste soumise à l’appréciation de l’administration. Et rien n’est prévu pour scolariser les 100 000 enfants de la grande pauvreté exclus de l’école. D’autres articles vont restreindre la liberté de manifester et de s’exprimer.
La fusion annoncée des corps d’inspection interroge l’avenir des écoles
Les IEN et les IPR c’est bientôt fini. Les 7 et 14 décembre, deux réunions du groupe de travail « inspections » devraient dessiner les conditions de la création d’un corps unique d’inspecteurs. Et la FSU prépare déjà la création d’un syndicat unique des IEN et IPR. Ce vieux projet est poussé en ce moment par le ministère. Si les deux corps concernés sont prêts à se laisser faire, cette refonte de l’inspection va interroger l’organisation des écoles. En fusionnant les deux inspections le ministère envisage t-il de faire disparaitre les IEN (inspecteurs du 1er degré) et de confier aux directeurs d’école, sous une forme ou sous une autre, les pouvoirs hiérarchiques des IEN ?
La Cour des comptes pour dérèglementer l’enseignement dans les DROM
« Ca coûte cher et ça marche pas bien ». La formule du sénateur Gérard Longuet résume finalement assez bien le rapport de la Cour des comptes sur « le système éducatif dans les académies ultramarines » c’est à dire celles des Antilles, la Guyane, La Réunion et Mayotte. La Cour pointe le surcoût des enseignants lié à la majoration de vie chère et à un pourcentage d’enseignants hors classe beaucoup plus élevé dans certains départements. Plus désagréable encore : il souligne l’écart entre les taux de réussite aux examens qui sont comparables à la métropole et les résultats des évaluations (du CP à la journée de défense) qui montrent un très fort écart de niveau avec la métropole. La solution de la Cour pour améliorer l’enseignement dans les DROM c’est la déréglementation. Il faut laisser les recteurs s’affranchir des cadres réglementaires pour le recrutement et la paye des enseignants. Et substituer un dispositif local à l’éducation prioritaire.
Les recteurs à la tête de la Jeunesse et du sport
Deux décrets publiés au JO du 10 décembre réorganisent les services au sein du grand ministère éducation, jeunesse, sport. Un premier texte confie aux recteurs de région académique et aux DASEN l’exercice des compétences dans les matières relevant des ministres chargés de la jeunesse, des sports, de l’engagement civique et de la vie associative, sous réserve des attributions maintenues aux préfets de région et de département sur ces mêmes champs. Il supprime des attributions des directions régionales et départementales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, leurs missions relatives à la jeunesse et aux sports. Il crée les délégations régionales académiques à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, placées sous l’autorité hiérarchique du recteur de région académique et les services départementaux à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, sous l’autorité hiérarchique du DASEN. Les délégations régionales académiques et les services départementaux à la jeunesse, à l’engagement et aux sports sont sous l’autorité fonctionnelle des préfets de région et de départements, pour ce qui relève des attributions des préfets. Il prévoit le transfert dans les rectorats de région académique et les directions des services départementaux de l’éducation nationale des agents exerçant dans les services déconcentrés du réseau jeunesse, sports et cohésion sociale les missions relatives à la jeunesse et aux sports. Un second décret précise les missions des délégations régionales académiques et des services départementaux à la jeunesse, à l’engagement et aux sports.
Tribune : Rodrigo Arenas : Il y a-t-il un pilote rue de Grenelle ?
Le 17 mars dernier, Emmanuel Macron affirmait que la France était entrée « en guerre » contre la Covid-19. Dans le même temps, l’Ecole fermait. De bon ou de mauvais gré, même sans en partager la phraséologie militaire, parents et enseignants suivaient alors les consignes d’un gouvernement va-t-en guerre et s’organisaient pour assurer une « continuité pédagogique », vantée par Jean-Michel Blanquer avec son « tout est prêt ».
Pour quelles raisons la rectrice de Reims a-t-elle été écartée ?
« Le ministère de l’Éducation nationale cherche-t-il à cacher des problèmes dans l’académie de Reims ? » interroge l’Union de Reims après le licenciement surprise d’Agnès Walch Mension-Rigau. Nommée en février cette historienne du catholicisme, qui semblait bien en harmonie avec JM Blanquer, a été licenciée en novembre. D’après elle « ce n’est pas un limogeage ou une sanction ». Mais elle ajoute qu’il y a « des dysfonctionnements RH » dans l’académie de Reims « qu’elle a signalés et voilà ». « A ma connaissance il n’y a pas eu de signalement qui a été fait au procureur puisque les choses ont été transmises au ministère. Demandez en plus haut lieu ». L’Union l’a fait mais n’a obtenu du ministère de l’éducation nationale qu’une réponse laconique : « nous ne sommes pas en capacité de vous répondre sur ces points ».
Reims : Une mission de l’Inspection générale envoyée au rectorat
« Jean-Michel Blanquer vient de demander à l’inspection générale de faire une descente au rectorat de Reims où des dysfonctionnements avaient été signalés au ministère par la précédente rectrice, remerciée (à sa demande selon elle) au bout de neuf mois », écrit l’Est républicain. « Les investigations porteraient sur l’existence de profondes inimitiés au sein de la structure et de l’utilisation inappropriée de moyens ». Nommée en février , Agnès Walch Mension-Rigau a été remerciée en novembre. Elle est remplacée par un recteur professeur de finances et expert auprès de la Cour des Comptes.
Pronote racheté par l’Etat
» Il ne s’agit pas d’une externalisation ordinaire d’un service, mais d’une véritable délégation de service public qui ne dit pas son nom, sans aucune interaction avec l’administration centrale du ministère, chaque établissement contractualisant directement avec ces sociétés, conséquence de trente ans d’histoire qu’il sera maintenant difficile de faire évoluer. » En février 2018 le rapport de l’inspection générale sur la protection des données personnelles ciblait déjà Pronote. Quelques mois plus tard c’est la Cour des comptes : « Dans presque tous les établissements du 2nd degré, la confection des emplois du temps repose désormais sur un unique logiciel externe qui expose potentiellement toute l’institution à un risque de vulnérabilité », note le rapport. » La DINSIC (Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’Etat) partage le constat d’une quasi-dépendance du ministère de l’Éducation nationale s’agissant des logiciels de gestion de la vie scolaire. Cette situation doit, selon cette direction, conduire à interroger « des choix technologiques profonds au ministère de l’Éducation nationale ». Les nuages s’étaient accumulés sur Index Education, éditeur de cette solution de gestion de la vie scolaire. Finalement l’Etat vient de nationaliser Pronote en achetant la société via Docaposte, une filiale de La Poste, avec la Banque des territoires. « Cette prise de contrôle par deux acteurs publics de confiance apporte la garantie de souveraineté numérique, souhaitée par le ministère de l’Éducation nationale, des données collectées par les solutions d’Index Éducation », annonce Docaposte. « Cette opération conjointe permet aux deux partenaires publics de répondre aux attentes de la communauté éducative quant à la garantie de confidentialité et d’intégrité des données ». Plus de 15 millions de personnes (enseignants, élèves, parents) utilisent les solutions d’Index Éducation en France.
Une intersyndicale appelle à la grève le mardi 26 janvier
La Fsu avait annoncé vouloir appeler à la grève en janvier. Le 3 décembre, cinq syndicats, la Fsu, la Cgt, FO, le Sncl et Sud, se sont mis d’accord sur la date et les revendications. » Dans le budget 2021, la nécessaire revalorisation des personnels ne trouve qu’une traduction minimale avec 400 millions d’euros prévus. C’est très peu pour les personnels, et de fait l’essentiel des mesures proposées pour 2021 ne concerneront qu’une minorité de personnels. Les AED et les AESH en particulier ne se voient rien proposer. Le Grenelle du ministre est inacceptable, d’autant plus qu’il vise à modifier en profondeur le fonctionnement de l’école, les missions et les statuts des enseignant-es. Les organisations exigent un budget qui renonce aux suppressions d’emplois et engage un rattrapage des pertes salariales subies, grâce à un plan pluriannuel de revalorisation et de création de postes pour répondre à tous les besoins, en commençant par les plus urgents », écrivent-ils. Ils appellent à la grève le 26 janvier » pour exiger des créations de postes, une autre politique éducative, le dégel de la valeur du point d’indice couplé à des mesures significatives de revalorisation des salaires et des carrières dans l’éducation ». Cette grève interviendrait au moment où les propositions du Grenelle devraient être connues.
La FSU quitte le Grenelle
» La participation de la FSU aux ateliers de Grenelle se solde par le constat de l’im-possibilité de faire avancer des propositions du fait même du dispositif choisi : il n’était pas question d’une concertation, mais bien d’une opération de communication sur des visions déjà arrêtées et peu ouvertes au dialogue ». Après la défection de la CGT, puis celle de P Meirieu, la Fsu a quitté le Grenelle le 3 décembre. » La parole des personnels au travers de celle de leurs représentants syndicaux est peu écoutée, submergée par celles « d’experts » soigneusement choisis par le ministère, dont certains n’ont pour seule expérience de l’école que de l’avoir fréquentée durant leur jeunesse, assurés pourtant de détenir les solutions malgré leur méconnaissance évidente du système scolaire et de ses réalités. » Des propos qui confirment ceux de la CGT.
L’OZP dénonce « l’escamotage » de l’Education prioritaire
Le colloque national de l’OZP, le 5 décembre, a été l’occasion d’une analyse fine du bilan des 5 années de refondation de l’éducation prioritaire réalisée par Marc Bablet, Anne Armand et Jean-Yves Rochex. On retiendra de cette matinée l’intervention de Marc Douaire, président de l’OZP, sur la nouvelle politique de l’éducation prioritaire qui se met en place. « Rien ne vient fonder les raisons de ce « remodelage », la situation des « écoles orphelines » comme le traitement des effets de seuil trouvant souvent des solutions dans le cadre des politiques décidées par les recteurs », explique t-il. » Vouloir sortir d’une carte de l’éducation prioritaire constitue une rupture profonde. Dès son origine en 1981, cette politique de lutte contre les inégalités ciblait non pas des établissements scolaires mais des territoires marqués par de très fortes inégalités… Passer d’une logique de politique territorialisée à une politique d’établissement constitue une rupture profonde dans la philosophie éducative gouvernementale. La lutte contre les inégalités ne relèverait plus d’un projet mobilisant le réseau et ses partenaires (services déconcentrés de l’Etat, collectivités territoriales, associations…) mais d’un contrat passé entre le rectorat et un établissement. La notion de réseau, qui traduit la volonté politique de renforcer la continuité et la cohérence pédagogique et éducative tout au long de la scolarité obligatoire, est abandonnée ipso facto, sans évaluation, sans bilan au profit du vieux modèle libéral de l’établissement autonome, sur le modèle de l’enseignement privé, ouvrant ainsi le chemin au vieux fantasme de la mise en concurrence des établissements entre eux. Ce changement de philosophie repose aussi sur une volonté d’effacement des mesures de priorisation en faveur des ghettos urbains au profit des territoires ruraux et de l’enseignement privé ». L’OZP parle « d’escamotage » de l’éducation prioritaire.
Réforme de l’Education prioritaire : Une rupture selon Yannick Trigance
« On assiste en fait à un tournant majeur dans l’histoire de l’École avec une remise en cause sans précédent de 40 ans d’une politique éducative en faveur des élèves les plus défavorisés et qui, malgré ces insuffisances, a permis dans bon nombre d’endroits de freiner – sans pour autant la faire disparaître – l’aggravation des inégalités », écrit Yannick Trigance sur le site du PS en commentant l aréforme portée par N Elimas. « Cette nouvelle politique aura de nombreux effets. Le premier c’est de répartir autrement les moyens des REP, soit environ un milliard d’euros par an. Il est clair dans le rapport comme dans la déclaration de Nathalie Elimas que les établissements qui bénéficieront de ces sommes ne seront pas les mêmes. Le critère de l’isolement de l’établissement entrerait en compte à côté de la situation sociale des élèves. On assisterait ainsi à un transfert de moyens des quartiers populaires vers les zones rurales permettant d’appliquer l’engagement présidentiel en faveur du rural tout en allégeant le budget de l’éducation nationale. Quant aux élèves des REP, le nouveau système annoncé par Nathalie Elimas entrainera la disparition des réseaux, en totale divergence d’ailleurs avec la politique de la ville. On passe à un émiettement des aides. Faute d’une politique nationale, chaque recteur devra équilibrer son soutien aux puissances politiques locales. Il y a peu de chances que les départements et communes où le dispositif REP est appliqué fassent le poids ».
Pour le Snes, l’éducation prioritaire est en péril
Réagissant à l’annonce de 40 cités éducatives supplémentaires, le Snes Fsu revient sur la nouvelle politique d’éducation prioritaire présentée par N Elimas. « Le ministère vise une destruction systémique de l’éducation prioritaire, assortie dans le cadre des cités éducatives d’un risque de déréglementation du fonctionnement des collèges et des statuts des personnels », estime le Snes. « Les cités éducatives s’inscrivent dans l’idéologie néolibérale des « territoires apprenants » qui décrètent que l’on peut apprendre et se former partout ailleurs qu’à l’école, ce qui participe à diluer l’importance d’un service public d’éducation de qualité. Les collectivités territoriales et les services de l’État (préfecture et rectorat) devraient les copiloter. « Une stratégie éducative ambitieuse et innovante » devrait être mise en œuvre avec une place de plus en plus importante du périscolaire et des collectivités au détriment de l’éducation nationale. Une « gouvernance » s’imposerait aux conseils d’école et conseils d’administration des collèges, minorant la place des personnels, et promouvant les associations de parents et des acteurs « partageant les valeurs républicaines », avec à sa tête le trinôme principal de collège – délégué du préfet – chef de service de la collectivité ».
Activités périscolaires et inégalités sociales
» Selon l’Insee, la fréquentation des activités périscolaires, de la cantine ou d’un centre de loisirs par les enfants âgés de trois ans et demi est liée à leur milieu social. La commune d’habitation joue également un rôle », explique Localtis s’inspirant du Portrait social de l’Insee. » Les enfants de trois ans et demi des classes sociales défavorisées et ceux vivant loin des centres urbains profitent moins des activités périscolaires ». La réforme du périscolaire instituée par le laisser faire de JM Blanquer a profondément modifié l’accès aux activités périscolaires. » 49% des enfants appartenant aux familles les plus aisées avaient une activité organisée le mercredi, contre 23% pour les enfants des foyers ayant le plus faible niveau de vie », note Localtis.
Métier enseignant
La prime d’équipement informatique pour (presque) tous les enseignants
C’est un des deux éléments de la revalorisation qui devient officiel. Le J.O. du 6 décembre publie un décret créant la prime d’équipement informatique. Un arrêté en fixe le montant à 176€ brut, soit 150€ net. La prime est versée aux versée « aux psychologues de l’éducation nationale stagiaires et titulaires et aux enseignants stagiaires et titulaires qui exercent des missions d’enseignement ». Il faut être devant élèves pour en bénéficier. Les contractuels en bénéficient s’ils ont un CDI ou un CDD d’au moins une année. Par contre le décret exclut expressément les professeurs documentalistes. Cette exception est évidemment très contestée par ceux-ci. Elle semble discriminatoire d’autant qu’appliquée aux 11814 professeurs documentalistes elle ne représenterait qu’une dépense de 2 millions. « C’est quand même très violent ce « à l’exception des professeurs de la discipline de documentation » . Vous voulez quoi, nous démotiver, nous faire démissionner ? Je ne comprends pas », réagit par exemple une professeure documentaliste sur Twitter.
Vaccination : Les enseignants écartés des prioritaires
Alors que dans la plupart des pays développés les enseignants comptent parmi les professions prioritaires pour la vaccination contre le Covid, ce ne sera pas le cas en France. Le 3 décembre, Jean Castex a présenté la « stratégie vaccinale » du gouvernement, dans un contexte où les vaccins s’annoncent rares. « Le choix des personnes qui devront être vaccinés en priorité n’incombe pas au Gouvernement mais à la Haute autorité de santé qui s’est d’ailleurs prononcée en début de semaine », affirme J Castex alors même que la HAS dit exactement le contraire. « Dans son avis publié lundi, la Haute autorité de Santé a établi un ordre très précis des populations à vacciner », ordre que le gouvernement ne respecte que partiellement. Le premier ministre annonce que les personnes âgées et les personnels de EHPAD seront prioritaires et seront la 1ère vague des vaccinations. La 2de vague sera composée des personnes âgées et professionnels de santé. Enfin il y aura le reste. Le gouvernement a donc ramené de 5 à 3 vagues le « stratégie vaccinale ». La HAS avait recommandé que les professions prioritaires, parmi lesquelles les enseignants » soient vaccinés avant d’autres catégories de la population.
Nouvelles modalités pour l’avancement
Une note de service publiée au BO du 10 décembre précise le calendrier et les modalités de constitution des dossiers pour les campagnes 2021 d’avancement de grade et de corps des personnels du second degré. Cela concerne principalement les agrégés et les AE EPS. Des nouveautés sont introduites pour la campagne d’accès au corps des professeurs agrégés, pour la campagne d’accès à la classe exceptionnelle et pour la campagne d’accès à l’échelon spécial des corps à gestion déconcentrée.
Aménagement des examens pour les élèves handicapés
Une circulaire publiée au BO du 10 décembre précise les dispositions relatives aux aménagements des épreuves des examens et concours de l’enseignement scolaire et les épreuves du brevet de technicien supérieur (BTS), du diplôme de comptabilité et de gestion (DCG) et du diplôme supérieur de comptabilité et de gestion (DSCG). Cela concerne notamment les délais pour les demandes d’aménagement, la procédure à suivre et les préconisations pour l’organisation des épreuves.
Recrutement : « Erreur regrettable » en Meurthe et Moselle
Recrutée le 3 novembre, chômeuse le 10. C’est ce qu’a vécu Marie Guerbert selon l’Est républicain. Inscrite sur liste complémentaire des professeurs des écoles, M Guerbert est recrutée le 3 novembre hors délai légal sur un poste disponible le 16. Le 10 novembre l’académie l’informe qu’elle n’est plus recrutée. Un de ses collègue est recruté dans les mêmes conditions et garde son poste. « Le rectorat reconnaît les erreurs « très regrettables sur les plans administratif et humain », explique l’Est républicain.
Formation : Labellisation des Parcours préparatoires au professorat des écoles
« Le Parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE) est un parcours de licence généraliste, opéré à la fois en lycée et en université, qui permettra de croiser les approches méthodologiques tout en assurant une formation pluridisciplinaire et en garantissant une universitarisation progressive, une forte professionnalisation et une initiation à la recherche ». Voilà pour la présentation officielle. PLus simplement c’est un parcours parallèle de formation d’enseignants mis en place par les ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur au moment même où ces ministères réforment les Inspe ! Les nouveaux parcours seront proposés aux futurs bacheliers dans Parcoursup dès 2021. Les 25 parcours labellisés sont pilotés par des universités dans le cadre de licences disciplinaires. L’annonce de la création des PPPE avait été très critiquée par le Sgen Cfdt et l’Unsa qui déclaraient : » La création sans concertation de ces PPPE rendra encore moins lisibles les voies d’accès au métier de professeur des écoles et va concurrencer les dispositifs de préprofessionnalisation mis en place dans les licences. Il s’agit là d’un dispositif parallèle et concurrent et d’une décision unilatérale pour le moins paradoxale alors que nous travaillons à l’universitarisation de la formation des enseignants du premier degré depuis les années 90″. Cette formation bis, bien dans la main du ministère, a été portée par Mark Sherringham, ancien conseiller du premier ministre Raymond Barre, puis de François Fillion quand il était ministre de l’éducation, puis de Xavier Darcos.