La rentrée approche à grand pas, mais il reste encore quelques jours, pour cela nous vous proposons une petite sélection des publications récentes. A lire avant la reprise ?
L’artistique
Le dernier né de la collection « Pour l’action » aux éditions Revue EPS s’attaque à une notion complexe : L’artistique. L’ouvrage coordonné par Betty Lefèvre s’inscrit au sein de la collection en proposant à la fois des réflexions sur cette thématique mais également plusieurs pistes d’intervention au service d’une démarche de création chez l’élève. Nous vous présentons ici un petit tour d’horizon des propositions au sein de l’ouvrage.
Qu’est ce que l’artistique ? Dès le début de l’ouvrage, Pascal Roland délimite les contours de cette notion et la situe dans l’évolution de son contexte socio-historique. La notion d’art évolue ainsi de la sollicitation d’un idéal externe, à l’expression d’une intériorité. L’auteur évoque ensuite la place accordée au corps témoignant des valeurs que diffusent ces pratiques corporelles artistiques.
L’artistique et l’EPS : Je t’aime… moi non plus…
La recherche de l’artistique en EPS révèle des contradictions. Ainsi, selon Roland, plusieurs tensions apparaissent : par exemple, l’Ecole s’inscrit dans la transmission de valeurs, de normes alors que le créatif cherche à les questionner. Autre tension, l’artistique s’oppose au principe de classement et de hiérarchisation qui fonde l’existence actuelle de l’EPS. En résumé, l’artistique se confronte au mythe sportif dominant en EPS au détriment d’une formation élargie de l’individu.
Thierry Tribalat, au sein de ce chapitre, interpelle le monopole des activités sportives en EPS comme unique référence. Dès lors, la compétition doit-elle être le seul dénominateur commun en EPS ? L’auteur présente plusieurs résistances parmi lesquelles les pesanteurs de nos racines judéo-chrétiennes, où la danse inquiète par sa sensualité. Mais aussi le statut du corps dans la société qui doit être efficace, et enfin la relation à l’art trouvant peu d’écho et de place dans la discipline EPS ou en STAPS.
Si les pratiques sportives sont encadrées par des règles et obéissent à une logique d’affrontement et de dépassement de soi, à l’inverse, l’artistique permet de construire un nouveau rapport au monde, singulier, selon son regard, ses ressentis. L’enjeu est pour l’EPS de permettre à l’élève d’être créateur de ses propres normes en proposant une ouverture des pratiques au delà du rôle du sport.
Faire l’expérience de l’originalité
Natacha Estivie appelle à s’écarter des normes scolaires pour privilégier une expression corporelle originale et singulière. Comment s’y prendre ? L’auteure invite à une première étape, celle du « lâcher prise » préalable à toute activité de création, afin de permettre à l’élève de construire son corps et les sensations s’y rapportant. Le temps semble ainsi une des plus grandes qualités pour valoriser des réponses multiples, diverses et laisser émerger la singularité des élèves. Autre aspect essentiel : le regard des autres, s’il peut être source d’appréhension, constitue selon l’auteure un outil d’expression de son originalité qui nécessite un traitement et une posture bienveillante chez l’enseignant. Cette étape permettant de construire la scène comme étant « l’espace de tous les possibles »…
Conduire une démarche de création artistique en danse
Eve Commandé et Marielle Brun proposent de créer un cheminement singulier pour faire émerger un état de danse chez les élèves. En ces termes, les auteures entendent à amener les élèves à suivre leur propre chemin, ne pas reproduire le réel mais en donner une interprétation personnelle. Dans cette démarche, elles utilisent un ensemble de matériaux porteurs de symboles comme des verbes d’actions, détournés et réinterprétés afin de permettre d’enrichir et de libérer le répertoire moteur des élèves, mais aussi les composantes du mouvement que sont l’espace, le temps et l’énergie. C’est la dialectique « liberté et contrainte » permettant l’expression personnelle et l’inscription dans un contexte culturel.
Sous le regard de l’autre : Voir, observer et évaluer
Le dernier chapitre de l’ouvrage de Magali Sizorn s’intéresse au regard de l’autre, à travers la façon de regarder un spectacle, une production gymnique. Dans le cadre de l’EPS, il s’agit bien de faire la différence entre des activités de création et des activités de performance. Être spectateur s’apprend, il ne s’agit pas de voir, mais d’observer. Mais aussi de faire l’expérience soi-même du regard de l’autre…
L’ouvrage coordonné par Betty Lefèvre constitue sans le moindre doute un repère précis et pertinent pour les enseignants d’EPS, étudiants. Il s’inscrit de plus dans le contexte de la réforme du collège et constitue en ce sens un point d’appui non négligeable dans la construction au sein des équipes pédagogiques du parcours de formation de l’élève. Bonne lecture
Marielle Brun, Evelyne Comandé, Natacha Estivie, Betty Lefevre, Pascal Roland, Magali Sizorn, Thierry Tribalat, Coordonné par Betty Lefèvre, L’artistique, Collection : Pour l’action, Edition EP&S.
Incontournable Football
Un nouveau numéro de la revue EPS, une nouvelle fois très riche. On y retrouve notamment plusieurs articles professionnels, des pratiques, des témoignages et un dossier intitulé incontournable Football. Petit zoom sur certains articles qui ont attiré notre attention.
Quelle place pour l’improvisation de l’enseignant ? Oriane Petiot et Jérôme Visioli analysent cette réalité professionnelle afin d’ouvrir des perspectives dans le domaine de la formation. Ainsi, comme il le précise : « si l’enseignement de l’EPS ne rime pas sans arrêt avec improvisation, reste que les capacités de l’enseignant à faire face aux imprévus constituent une composante importante du métier ». Dès lors, les auteurs dégagent plusieurs intérêts. En premier lieu, pour l’enseignant non spécialise de l’APSA afin de faire des liens avec des connaissances plus transversales permettant ainsi une relation avec les élèves plus collaborative que descendante. Enfin, chez l’enseignant expert, il semble que l’improvisation permet de perturber le fonctionnement routinier qu’a pu construire le spécialiste au fil de son expérience et de maintenir un certain plaisir d’être en classe.
D’autres enjeux et usages du football en EPS
Guillaume Dietsch soulève plusieurs contradictions du football au sein de l’Ecole. Pourquoi le sport le plus pratiqué dans le milieu fédéral est-il si peu légitime en EPS ? Pourtant, enseigner le football n’est-il pas une occasion pour les élèves de vivre une expérience motrice et sociale différente de leurs modèles culturels initiaux ? Les propositions de l’auteur placent au cœur de l’enseignement la notion de projet collectif, à travers l’adaptation des règles du jeu. Le modèle du Futsal semble constitué une forme de pratique scolaire plus signifiante et plus adaptée aux motifs d’agir et aux caractéristiques de jeu des élèves. Plusieurs propositions sont ainsi faites, notamment à travers l’utilisation de temps mort afin de réguler le projet de jeu collectif au rapport de force adverse. L’enjeu ici soulevé interpelle la discipline au moment où la finalité du vivre ensemble est affichée dans les programmes du collège. Dès lors, d’autres sports collectifs sont-ils plus légitimes que le football pour transmettre ces valeurs éducatives. Force est de constater, au lendemain de la finale de l’Euro 2016, que le football est un formidable sport populaire à destination de toutes et de tous et qu’il impose d’être enseigné pour permettre la redéfinition de son essence.
L’EPS en LP : Pas de fatalité
Comment lutter contre la sédentarité et contre le décrochage scolaire ? L’équipe EPS du Lycée Thomas-Jean Main apporte une réponse singulière et originale aux difficultés présentes en LP. Ainsi, l’établissement se caractérise par un public majoritairement féminin et une orientation le plus souvent subie et des problématiques de santé préoccupantes (surpoids, addictions, pathologies multiples). Plusieurs démarches ont ainsi vu le jour, que ce soit au sein de l’association sportive de l’établissement, ou au sein du projet 10000 P.A.S par jour pour créer ensemble un habitus santé. Ce projet ayant obtenu le prix « santé Bien être » lors du concours national « Ethique et sport scolaire UNSS 2016 » vous retrouverez plus d’informations au sein de l’article
Le sauvetage sportif : l’EPS au service d’une citoyenneté en acte
Sauvetage sportif vient de paraître aux éditions EP&S. Ce livre met en lumière une activité physique très peu connue du grand public, et pourtant tellement riche. L’ouvrage propose des situations qui se déroulent à la fois en milieu naturel, mais également en piscine. Une vraie expérience authentique vécue par les élèves !
« L’EPS au service d’une citoyenneté en acte ». Ce sous-titre dit tout de cette APSA très riche, tant par l’engagement physique, psychologique et social qu’elle exige que par les valeurs morales qu’elle véhicule. Sauver, savoir sauver est très valorisant pour les élèves. En plus de cela, le résultat concret est immédiat, il se voit et les élèves ont une certaine satisfaction de ces nouveaux pouvoirs qu’ils ont appris.
Le sauvetage, très peu enseigné en Education Physique et Sportive en France mérite d’être plus reconnu et cet ouvrage peut aider les collègues à s’armer pour se lancer dans des cycles en EPS. En effet, un certain nombre de situations sont présentées, fédérales, de l’UNSS mais également des situations pouvant être présentées à des collégiens et lycéens en milieu naturel, et aussi en piscine. On voit bien dans l’ouvrage que de nombreuses ressources sont nécessaires aux élèves pour s’engager dans cette activité. Motrice d’abord (courir sur du sable, nager, ramener une victime, un mannequin…) mais aussi des savoirs s’entraider, communiquer. Des connaissances sur le secourisme sont également importantes.
En somme, nous sommes tout à fait convaincu par l’activité permettant une vraie expérience authentique aux élèves. Bonne lecture…
Sophie Gallino, Pascal Legrain, L’EPS au service d’une citoyenneté en acte, Edition EP&S
Par Antoine Maurice et Benoit Montégut