Les outils numériques peuvent-il aider les élèves à rédiger ou sont ils une menace pour l’orthographe et la syntaxe ? Ces deux versants du numérique ont été explorés le 15 mars lors de la seconde journée de la Conférence de consensus organisée par le Cnesco et l’IFé. Franck Amadieu a présenté avec prudence les outils numériques utilisables dans des activités de rédaction. « Il en faut pas étudier les outils mais leurs fonctions », a-t-il expliqué, encore celle ci varie-t-elle selon les situations pédagogiques. Marie-Claude Penloup a fait le point sur les pratiques d’écriture numérique hors cadre scolaire. Très répandues elles restent pourtant ignorées de l’école alors qu’elles apprennent beaucoup sur la rédaction. Pour MC Penloup il est temps de se pencher sur ces malgré-nous de la rédaction.
Qu’est ce qui rend le traitement de textes efficace ?
Comment intégrer des outils numériques dans l’apprentissage de l’écriture ? Franck Amadieu (Université de Toulouse) va s’attacher à présenter les types d’outils et à montrer leurs effets sur les apprentissages en s’attachant à 3 situations de l’école élémentaire : l’apprentissage de la production écrite avec un traitement de texte, l’apprentissage graphomoteur de l’écriture et la production de textes individuelle ou collective.
Les effets du traitement de textes ont été étudiées et selon F Amadieu « le recours au traitement de textes améliore la qualité de la production écrite ». Ainsi si on compare une rédaction au crayon à celle faite avec un outil web, cette dernière sera plus riche et mieux structurée. Mais un regard plus approfondi montre que l’effet positif intervient surtout quand le traitement de texte a des outils d’organisation du texte. Ce sont eux qui permettent de soulager l’élève des aspects organisationnels du texte et le libèrent pour les autres taches.
Un des apports les plus récents et les plus révolutionnaires du nuémrique ce sont les outils d’apprentissage de l’écriture manuscrite. Ils permettent de visualiser le geste graphique et d’envoyer à l’élève un feedback. Selon F Amadieu on améliore la performance de l’élève mais de façon modérée.
Le primat du pédagogique
Enfin il y a le vaste champ de la production de documents multimédia (écriture sur le web ou production d’histoire spar exemple) en individuel ou de façon collaborative. Pour F Amadieu le grand apport du numérique c’est d’engager les élèves dans des productions collaboratives. Les pratiques s’améliorent à cause de cette dimension. L’apport spécifique des outils reste à évaluer.
« C’est pas parce que les élèves travaillent sur un outil numérique qu’ils sont plus motivés », estime F Amadieu. Aussi les fonctions pédagogiques de l’outil (apr exemple permettre un travail collaboratif) sont plus importants. Encore faut il aussi voir dans quelle situation l’outil est utilisé car son rendement va en dépendre.
Quand les élèves écrivent malgré l’école
Avec Marie Claire Penloup (université de Rouen) l’Ecole entre dans un monde banal mais méconnu : celui des pratiques d’écriture hors école. Selon MC Penloup, les recherches sur ce spratiques sont nées dans les années 1980 dans des observations sociologiques ou ethnographiques à une époque où on disait que les jeunes se téléphonaient et n’écrivaient plus. En réalité il y a eu une véritable explosion de l’écrit. « Les enfants écrivent constamment sur leurs écrans », dit elle, que ce soit des SMS ou des textes sur le web, des fanfictions par exemple.
MC Penloup écarte tout de suite l’idée que l’écriture SMS détruirait l’orthographe. Au contraire les études montrent que les jeunes qui produisent le plus de SMS sont meilleurs en orthographe que ceux qui n’en produisent pas ou peu.
Elles montrent que cette écriture a ses règles et qu’elle nécessite des apprentissages qui aident les jeunes à comprendre que la langue varie et qu’elle est liée à un contexte socio culturel. Enfin ca valorise l’écrit de s jeunes. Pour MC Penloup ces écritures spontanées peuvent être un appui pour les productions d »écrit scolaire.
Apprentissage et pratique sociale
Pour elle ces écrits sont un matériau très intéressant pour la prise de conscience des processus rédactionnels et de leurs enjeux. Ce sont des sujets identitaires qui passionnent les jeunes. La fanfiction est un type d’écrit qui souvent fait interagir les pairs, qui amènent à réviser, autant de pratiques à réutiliser à l’école.
« Les jeunes sont en train d’apprendre à écrire malgré nous », explique MC Penloup. Il y adonc lieu à lancer desn expérimentations en classe. Et pour cela il faudrait des relais dans les programmes…
Finalement là aussi l’outil numérique est le support de pratiques d’apprentissage qui, comme l’école, sont aussi des pratiques sociales. La grande force du numérique en éducation n’est pas dans la multiplication des équipements mais dans ce qu’ils disent du rapport à la culture et des pratiques sociales.
François Jarraud