S’il a fait l’objet d’études universitaires dans l’enseignement supérieur, le plagiat est nettement moins connu dans l’enseignement scolaire. Dora Dussurgey, Crdp de Lyon, propose dans Savoirs CDI, un site pour les professeurs documentalistes développé par le Cndp, un intéressant dossier qui met en évidence le phénomène et pose la question des réponses.
« Force est de constater que le milieu universitaire n’est pas le seul à subir les conséquences de ces mauvaises pratiques : collégiens et lycéens s’adonnent également aux joies du copié-collé, prenant de ce fait de bien mauvaises habitudes dès leur entrée en 6ème », écrit Dora Dussurgey. En effet, quand on demande aux collégiens s’ils sont capables d’expliquer ce qu’est le copié-collé, 71,4% des élèves de 6ème et 80% des élèves de 4ème répondent par l’affirmative. En revanche, seulement 3,5% des élèves de 6ème (33,3% pour les élèves de 4ème) sont capables d’expliquer ce qu’est le plagiat. Lorsque ce sont des lycéens qui sont interrogés, 93,7% des élèves de seconde savent ce qu’est un copié-collé ainsi que 97% des élèves de terminale. Pour ce qui est du plagiat, 50% des élèves de seconde connaissent partiellement cette notion et 73,4% des élèves de terminale sont capables de l’expliquer. La proportion de devoirs déclarés copiés collés passe de 36% en 4ème à 3% en terminale.
Comment lutter contre le phénomène ? » Sensibiliser les élèves à la notion de plagiat devient une évidence, leur interdire purement et simplement le « copié-collé » n’est pas la solution », écrit-elle. » Plutôt que de jouer au gendarme à longueur de temps, sans doute est-il préférable de lutter en amont en sensibilisant nos élèves le plus tôt possible au problème. … Que ce soit pour une recherche ponctuelle, ou dans le cadre d’ IDD, de TPE, en ECJS, dans le cadre de la validation du B2i, les occasions de travailler autour des notions du droit d’auteur, des images libres de droit et donc de la notion de plagiat sont nombreuses ». Elle plaide ainsi pour une formation documentaire des élèves (et aussi des enseignants) qui est sans doute bienvenue.
Est-elle suffisante ? Probablement pas. Si le copié-collé prend autant d’importance cela tient aussi au volume du travail donné à la maison, généralement sans coordination entre les disciplines, par rapport à son utilisation en classe. Autant de travaux simplement contrôlés mais pas réellement réinvestis en cours, ou alors simplement sous la forme de la correction collective, incite au copié collé sur Internet et aussi à la recopie des travaux des camarades. IL n’y a pas que la question de la formation aux usages d’Internet qui est posée, même si celle-ci est importante. Ce qui est en question ce sont aussi les pratiques d’évaluation, le fonctionnement du modèle scolaire, le contenu des examens. Encore une fois, Internet nous invite à réfléchir sur les routines scolaires.
François Jarraud