C’est un vrai effort financier que l’Etat va faire pour revaloriser les carrières enseignantes dans le cadre de la négociation PPCR. Il atteindra un milliard en 2020. Près de 500 millions sont budgetés dès 2017 puisque les nouvelles grilles indiciaires entreront ne vigueur dès le 1er janvier 2017. Le PPCR impulse aussi une réforme en profondeur de l’évaluation des enseignants. Découvrez la grille d’évaluation dans sa dernière rédaction que le Café pédagogique s’est procurée.
Les carrières enseignantes améliorées
Le premier principe posé par la négociation PPCR c’est une amélioration des carrières de tous, certifiés, professeurs des écoles, PLP, PEPS, CPE, co-psy et agrégés. Tous les enseignants sont appelés à atteindre le dernier grade de la hors classe, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui dans le second degré et ce qui est rare pour le premier degré. L’accès à la hors classe sera le prolongement normal de la classe normale et non une bonification plus ou moins rare. Il aura lieu à partir de la 2de année du 9ème grade de la classe normale à compter du 1er septembre 2017. Sur ce point c’est une nette avancée pour tous les enseignants.
Selon le document officiel, « les taux promus / promouvables seront fixés afin de garantir à compter de la campagne de promotions 2017-2018 le maintien du flux d’accès actuel à la hors classe et de poursuivre l’objectif de convergence du taux applicable aux professeurs des écoles avec celui des enseignants du 2d degré ».
Une revalorisation déjà budgetée
Le budget 2017 prévoit les dépenses nouvelles engendrées par le PPCR. Le reclassement dans les nouvelles grilles se fera dès le 1er janvier 2017 à identité de grade avec maintien de l’ancienneté en classe normale. Dans la hors classe, le reclassement se fera à identité de grade à l’échelon comportant un indice égal ou supérieur à l’indice actuel avec conservation de l’ancienneté.
Les indices seront donc majorés et cela dès le 1er janvier 2017. Dès le 1er janvier 2017, les enseignants gagneront de 7 à 11 points d’indice en classe normale : 7 à 8 points en début de carrière, 11 en milieu de carrière. Les milieux de carrière n’avaient pas été revalorisés sous Chatel. Ensuite on gagne en général 10 points en hors classe sauf le premier grade de la hors classe où le gain est de 21 points. Un second reclassement est annoncé au 1er janvier 2019. Découvrez les nouvelles grilles ci-dessous.
A terme en 2020, les gains seront plus importants. Une carrière normale se terminera à l’indice 821 alors que les hors classe actuels atteignent l’indice 783. Cela entrainera donc aussi une revalorisation des retraites. Ces évolutions positives ne dépendront plus d’une inspection mais seront automatiques.
Le budget 2017 a inscrit 175 millions pour cette revalorisation dans le premier degré. C’est autant que le passage de l’ISAE de 400 à 1200 euros. Puur le second degré, 213 millions d’euros sont prévus.
Un avancement automatique pour les enseignants
Aujourd’hui on sait que les inspections sont aléatoires, arrivent n’importe quand, voire jamais, et que ce sont elles qui décident de l’avancement ce qui pénalise de nombreux enseignants. L’avancement se fait sur un rythme ternaire (grand choix – petit choix – ancienneté) qui va disparaitre avec la réforme.
L’avancement d’échelon sera dorénavant automatique et au même rythme pour tous les enseignants sauf à deux moments, les échelons 6 et 8, c’est à dire au cours de la 8ème année et de la 14ème année. Là, un « rendez vous de carrière » aura lieu pour tous les enseignants concernés. 30% des enseignants évalués pourront bénéficier d’un avancement plus rapide. Mais ces coups d’accélérateur se limiteront à un gain d’une année, ce qui est nettement moins important que l’écart entre grand choix et ancienneté actuellement. Au maximum un enseignant pourra avancer deux années plus vite que son collègue. Aujourd’hui les écarts cumulés sont nettement plus importants.
Un troisième rendez vous aura lieu pour l’avancement à la hors classe. Aujourd’hui de très nombreux professeurs des écoles et une partie des enseignants du secondaire ne l’atteignent jamais. Elle sera dorénavant l’aboutissement de carrière normal de tous les enseignants.
Un quatrième et dernier rendez vous de carrière permettra de récompenser les « meilleurs » grâce à une « classe exceptionnelle » (autrefois appelée GRAF) à partir de septembre 2017. Ce grade ne sera accessible, à partir du 3ème échelon de la hors classe, que pour des enseignants sélectionnés. Ce sont surtout les enseignants (PE, certifiés etc.) ayant occupé durant au moins 8 ans des postes en éducation prioritaire ou effectué des missions particulières (directeurs d’école, chefs de travaux, conseillers pédagogiques, DCIO, formateurs) qui pourront en bénéficier. On leur réservera 80% des promotions dans ce nouveau grade. 20% iront à des enseignants « méritants ». Le taux de promotion atteindra en 2020 10% des corps. Lors de la première promotion, le 1er septembre 2017, 17 000 enseignants seront promus. Ceux là termineront leur carrière entre 50 000 et 54 600 € bruts par an.
Du fait de cette création, la hiérarchisation sera accrue dans les corps enseignants. Aujourd’hui, pour les PE et certifiés, l’écart entre l’échelon le plus faible et le plus élevé est de 434 points. En 2020, 582 points sépareront les débutants des « meilleurs ».
Une nouvelle évaluation des enseignants
C’est la fin de l’inspection classique. Aux inspections aléatoires le ministère va substituer 4 rendez-vous de carrière définitivement déterminés et qui ne seront donc plus une surprise. L’inspecteur sonnera 4 fois à votre porte. La première fois dans la 8ème année de carrière où une première accélération de carrière pourra être attribuée (à 30% des enseignants). La seconde dans la 14ème année avec le même accélération. La 3ème aura lieu lors de la 21ème année : là on passe à la hors classe plus ou moins rapidement. Enfin en fin de carrière on pourra demander à accéder à la classe exceptionnelle.
L’évaluation sera cadrée par une grille nationale rendu publique. Si la grille finale n’est pas tout à fait décidée , le Café pédagogique s’est procuré la dernière version de ce document. Elle ne devrait guère bouger.
Les enseignants sauront donc dès le début de carrière quand ils seront inspectés. Ils connaitront les critères d’évaluation. Celle ci restera assurée par l’IEN au primaire et par l’IPR et le chef d’établissement dans le secondaire. Ils émettront chacun un avis final mais devront faire évaluation commune (on ne sait pas trop comment ) sur une partie de la grille d’évaluation.
La grille comprend trois parties. La première réservée aux inspecteurs évalué la maitrise des savoirs disciplinaires; la maitrise de la langue, la capacité à construire des situations d’apprentissage et à évaluer les élèves. On peut dire qu’on est là sur des compétences classiques.
Une seconde partie sera remplie par l’IEN ou le chef d’établissement. Il s’agit là d’évaluer l’enseignant au sein de l’équipe : capacité à coopérer, à participer à la communauté éducative (au sens large), à « maintenir un climat propice aux apprentissages ».
Une troisième partie sera remplie par l’IEN ou le chef d’établissement et l’IPR. On évalue la capacité de l’enseignant à se développer professionnellement, à accompagner els élèves et à agir selon des principes éthiques.
A l’appui de cette évaluation, l’enseignant pourra s’il le veut remplir un document bilan qui ne sera pas obligatoire pour préparer l’entretien, come cela avait été envisagé à un moment. 0
En dehors de ces moments, l’inspecteur pourra visiter les enseignants, pour aider, en visite totalement gratuite. Ce serait un vrai changement.
Ce dispositif d’évaluation est totalement nouveau car il assure beaucoup de transparence et libère du temps pour que les inspecteurs puissent exercer un rôle de conseil.
Pour mesurer l’enjeu de cette évolution, observons ce que disent des travaux récentes. Une enquête réalisée par l’Unsa éducation en 2014, montre que trois enseignants sur quatre (73%) pensent que leur hiérarchie ne comprend pas leurs contraintes professionnelles et 56% qu’elle ne les écoute pas. Là situation est pire dans le premier degré : 83% des enseignants y ont peur des inspections (54% dans le second degré) et 79% se sentent incompris (58% dans le second degré). Deux enseignants sur trois sont en désaccord avec les règles d’avancement et de mutation. C’est confirmé par l’enquête Talis de l’OCDE : selon elle, les enseignants français sont ceux qui croient le moins que leur évaluation est juste. Avec la nouvelle évaluation, les enseignants devraient gagner en sécurité et regarder autrement leur encadrement. C’est du moins le voeu de la réforme.
François Jarraud
La nouvelle grille d’évaluation des enseignants
Découvrez la nouvelle grille indiciaire des PE – certifiés – CPE
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