L’école efficace c’est l’école égalitaire et unique affirme M. Duru-Bellat
« L’école peut quelque chose face aux inégalités entre élèves ». C’est la première découverte d’une étude réalisée pour l’IREDU (Université de Bourgogne) par Marie Duru-Bellat, Nathalie Mons et Bruno Suchaut. Ils ont étudié les résultats de l’enquête internationale PISA et cherché les corrélations qui permettraient d’expliquer les performances variables des élèves. Ce travail mérite d’être connu car il affirme l’efficacité des bonnes politiques scolaires et rompt avec bien des préjugés. M. Duru-Bellat et ses collègues mettent en avant deux points : « le fait que les acquis des élèves et les inégalités qui les marquent varient sensiblement selon les pays montre qu’ils relèvent de l’action politique.. D’autre part, il apparaît assez clairement que le mode d’organisation globale des systèmes est corrélé avec leur degré d’équité : toute limitation de la scolarisation ou mise à part précoces de certains élèves, tout groupement par niveau ou filières distinctes, ou encore des phénomènes de ségrégation entre établissements tendent à accroître l’inégalité sociale des performances sans améliorer pour autant le niveau moyen ou même le niveau de l’élite ». . Les pays qui sélectionnent rapidement ou qui ont des systèmes scolaires socialement différenciés ont de moins bons résultats. L’analyse de M. Duru-Bellat établit également qu’il n’y a pas de lien entre le niveau moyen des élèves et les écarts entre eux : un bon niveau moyen n’implique pas une inégalité plus forte. Autre fait mis en évidence : l’absence de lien entre les dépenses éducatives ou le nombre d’heures de cours et l’efficacité du système éducatif. La pratique du redoublement ne semble pas plus efficace, particulièrement pour les élèves faibles. Absence de filières, de redoublements, système unique, orientation tardive semblent les conditions nécessaires à de bonnes performances éducatives. Il semble pourtant que la France aille dans une direction opposée.
http://www.u-bourgogne.fr/IREDU/sem1624.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Un nouveau « Dossier IE » sur les ENT
Espace Numérique de Travail, Espace Numérique des Savoirs, cartable électronique : ces termes reviennent régulièrement dans les pages du Café. Ils vont entrer peu à peu dans le quotidien de nombreux enseignants. Ce nouveau numéro des Dossiers de l’ingénierie éducative, n°46, mars 2004, vise non seulement à exposer la réalité de ces nouveaux outils pédagogiques mais aussi à débattre de leurs enjeux. Nicolas Chung expose brillamment les perspectives de développement des ENT. Une série d’articles présente des applications pédagogiques des espaces électroniques existants. Ainsi la plate-forme Argos (Bordeaux) permet de suivre le travail des élèves et de le continuer en prolongement de la classe. A Montpellier, c’est la plate-forme Numa qui est utilisée en cours de français. Plusieurs enseignants témoignent d’usages de l’ENS. Ces points de vue sont complétés par des regards croisés qui initient au débat. Après un tour d’horizon des ENT dans le monde, les Dossiers donnent la parole à l’édition scolaire ainsi qu’à des acteurs du secteur associatif. Concurrents ? Mais non, affirme T. de Vulpillières (Bordas, Nathan) « il faut que l’articulation entre les ressources complexes des éditeurs… et les ressources issues de la mutualisation des enseignants soit anticipée par les ENT. C’est bien évidemment la complémentarité entre ce travail de développement éditorial et les travaux mutualisés des sites associatifs d’enseignants qui fait la richesse des ressources pédagogiques à l’ère numérique ». Du coté « mutualiste », C. d’Atabékian et S. Hache vantent « le foisonnement des points de vue » et la capacité des associations à pratiquer l’auto-formation.
La dernière partie de ce dossier est consacrée aux logiciels libres avec un véritable débat sur leur impact pédagogique. Ainsi, appuyée sur des exemples concrets, Michèle Monteil met les pieds dans le plat et montre que leur utilisation peut être un frein au développement des TICE : « pourquoi cette dérive, loin des questions qui intéressent l’école, à savoir la transparence de l’informatique dans son exploitation pédagogique avec les élèves ? ». Les équipes de Slis et de Sambaedu répondent par succès des logiciels libres dans le monde professionnel. Un échange vif qui clôt un numéro qui fait date.
http://www.cndp.fr/tice/DossiersIE/
Réussir au lycée. Le guide des parents
Comment soutenir son enfant dans l’étape de transition essentielle que constitue la classe de seconde ? Comment le motiver ? Comment l’accompagner dans le choix d’une filière vers un bac ? Voilà des questions que bien des parents se posent.
L’Onisep, dans ce dossier, apporte des éléments de réponse. D’abord par une présentation éclairante des différentes filières générales et technologiques. Mais l’apport le plus important est dans la présentation des enjeux et des bouleversements qui s’opèrent en classe de seconde. Celle-ci est devenue un « point noir » du système éducatif. Cycle de détermination réduit en une seule année, on y observe des différences sensibles entre les attentes et les choix des parents et les décisions d’orientation. Le dossier présente ce qui change du collège au lycée.
Réussir au lycée. Le guide des parents. Onisep 2003.
Accompagner les PPCP
On en parle peu et c’est sans doute parce que l’enseignement professionnel est encore le mal-aimé de notre système éducatif. Des dispositifs transversaux, les PPCP, ces IDD ou ces TPE des L.P., ont cette particularité de se situer dans un enseignement qui vise l’insertion dans le monde professionnel. Il s’agit donc de développer des compétences générales mais aussi d’utiliser les savoirs professionnels, de les approfondir et d’acquérir une identité professionnelle.
L’ouvrage d’Elisabeth Bergé et de Françoise Vuillequez montre bien la complexité d’un exercice qui nécessite une approche pluridisciplinaire mais aussi transversale entre l’univers de l’école et celui de l’entreprise. Ecartelé entre ces mondes, le PPCP risque de se perdre. C’est peut-être pour cela que les auteurs insistent sur les conditions de son insertion dans l’établissement et montrent la variété et la richesse des acteurs, profs sans doute, mais aussi documentalistes et… élèves. On arrive ainsi, par cercles concentriques, à se rapprocher l’objet et à proposer des fiches méthodologiques et concrètes.
Fruit d’un partenariat entre le CRAP et le CRDP d’Amiens, l’ouvrage doit beaucoup à l’expérience professionnelle de ses auteurs et à leur vision du monde et de la mission de l’enseignant. Les PPCP sont là aussi pour réduire les fractures… Un ouvrage conseillé.
E. Bergé, F. Vuillequez, Accompagner les PPCP, CRDP d’Amiens, CRAP Cahiers pédagogiques, Collection Repères pour agir, 2003, 180 pages.
Les TICE pour la parité
Les TICE sont-elles efficaces ? Cette vieille question, Colette Desgent et Céline Forcier, du Cegep de l’Outaouais au Québec, ont cherché à y apporter une réponse en enquêtant sur un échantillon de près de 2000 étudiants. L’enquête apporte une réponse : « les résultats montrent que les TIC ont contribué à augmenter significativement la proportion de filles qui réussissent le cours, plus spécifiquement les filles ayant eu les résultats les plus faibles au secondaire. Pour les garçons, la présence des TIC n’augmente pas la réussite dans une proportion significative ». L’enquête mesure uniquement le taux de succès à l’examen classique et les autres questions posées par les auteurs, particulièrement l’effet des TICE sur la persévérance, n’ont pu être évaluées. Ils estiment que « le point de vue des élèves serait un autre élément à explorer. Quelles sont les stratégies utilisées par les élèves lorsqu’ils sont placés devant des tâches d’apprentissage reliées au TIC? Comment traitent-ils l’information en provenance des TIC? Comment les TIC facilitent-elles l’apprentissage? « La question des habiletés spécifiques qui reste en suspens.
http://www.cdc.qc.ca/parea/desgent_outaouais_2004_rapport_PAREA.pdf
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Le portfolio pour l’orientation
« L’amélioration de l’orientation et de l’affectation au lycée professionnel constitue l’un des moyens de renforcer l’efficacité du fonctionnement du système scolaire dans sa vocation à ouvrir, au plus grand nombre, le parcours d’éducation et de formation le mieux adapté aux attentes et possibilités de chacun. Elle constitue un enjeu véritable pour l’école dans sa capacité à bien utiliser toutes ses structures pour répondre aux évolutions sociales et économiques des neuf ou dix prochaines années. À plus court terme, elle est susceptible de contribuer fortement à la réduction de la proportion d’élèves en rupture de scolarisation ». Dans un rapport officiel, l’Inspection générale souligne l’enjeu d’une amélioration de l’orientation en lycée professionnel. C’est que » l’effort que l’institution consent, en général, pour installer une éducation à l’orientation véritable et pertinente est nettement insuffisant. L’approche des métiers (au sens large) n’est pas inscrite dans l’éducation générale du collégien, elle n’est en aucun cas valorisée, pas même dans l’enseignement actuel de technologie. La perception du monde du travail demeure largement soumise aux représentations (ou à leur absence précisément) issues de la sphère familiale ». Aussi l’inspection fait-elle des recommandations concrètes pour améliorer l’orientation. Il lui parait déterminant que le jeune ait un support individuel concret de sa démarche et l’inspection cite en exemple le portfolio numérique. Une pratique qui pourrait se généraliser aisément.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/orient_aff.pdf
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François Jarraud
« Comment les enfants apprennent à calculer – R. Brissiaud
En partie sur le bouche-à-oreille, les manuels de Rémi Bissiaud, publiés chez Retz, ont fait connaître à des milliers d’élèves le célèbre Picbille, et plus récemment Tchou. Si aucune étude n’a (encore) été réalisée auprès des enseignants sur les raisons de ce succès, l’auteur publie une nouvelle édition, considérablement enrichie, de son « Comment les enfants apprennent à calculer », publié en 1989.
Concédons-le sans ambage : l’ouvrage n’est pas un de ceux que vous lirez d’une traite un soir de pleine lune… Mais il est sans doute une lecture indispensable pour tout enseignant soucieux de faire un point sur l’état des savoirs sur la didactique des maths.
Les 75 premières pages, véritable nouveauté de l’ouvrage, font en effet un tour d’horizon sur ce qu’on a appris, au cours des dernières années, sur le rôle du langage, des représentations et du calcul dans la conceptualisation des nombres (et en particulier un très concret résultat de recherche sur les compétences en numération des enfants asiatiques).
Brissiaud y présente également avec passion quelques controverses au sein des spécialistes, qui permettront sans doute au lecteur de repérer le pourquoi des entrées différentes prises par les manuels.
Le corps du livre (qui peut tout à fait se lire par morceaux successifs…) vous permettra de préciser certains points présentés dans les livres du maître, en particulier l’importance du rapport à 5 et à 10 dans la construction de la numération décimale. Le passage du comptage au dénombrement est particulièrement étayé, ainsi que le chapitre sur le calcul, qui permettra même aux non-matheux de se faire une idée claire de la manière de faire accéder les élèves au symbolisme arithmétique et aux « équivalences de procédures ».
Une chose est sûre après avoir lu ce livre : vous ne verrez plus jamais les pizzas avec le même oeil !
Dans un prochain numéro du Café, une interview de R. Brissiaud sur les difficultés auxquelles les enseignants sont confrontés pour l’enseignement des maths.
« Comment les enfants apprennent à calculer, le rôle du langage, des réprésentations figurées et du calcul dans la conceptualisation des nombres « , Rémi Brissiaud, Retz
Patrick Picard