Ryem Boudjemaï : Des lycéens éco-délégués
Comment intégrer le développement durable dans le quotidien des lycéens ? Comment mettre en place une ruche dans un établissement ? Ryem Boudjemaï, enseignant de SVT au lycée Jacques Brel de La Courneuve (93) propose avec ses collègues de physique-chimie et de maths un projet éco-citoyen aux lycéens. Mise en place d’une ruche, simulation de conférence sur le climat (COP), grainothèque de variétés ancestrales disposée au CDI, les axes de travail ne manquent pas. Comment s’impliquent ses « citadins déconnectés de la nature » ? En quoi les formations proposées aux enseignants par la région Île-de-France se concrétisent dans les lycées ?
Comment votre projet s’insère t-il dans les enseignements ?
Il s’agit d’un projet éco-citoyen mené pour la troisième année consécutive dans mon lycée, en collaboration avec mes chers collègues de SVT, Physique-Chimie et de mathématiques. Concrètement, nous utilisons les heures de l’enseignement d’exploration Méthodes et pratiques scientifiques (MPS) pour mener à bien des actions de développement durable au lycée comme par exemple des compagnes d’affichage, l’organisation de conférences, la mise en place du tri du papier ou la création et l’entretien d’un potager au lycée.
Ces contenus s’inscrivent parfaitement dans le cadre du programme de MPS puisque celui-ci inclut notamment un volet « Prévention des risques d’origine humaine ». La manière de travailler fait par ailleurs le plus souvent possible appel à la démarche scientifique, ce qui est l’esprit de cet enseignement d’exploration de 2nde.
Quel est le rôle des éco-délégués, ces ambassadeurs du développement durable ?
Mon équipe de choc est pour le moment composée de neuf éco-délégués. J’en ai nommé sept suite à leur implication exceptionnelle dans les projets des années précédentes et deux ont été volontaires pour rejoindre l’équipe. Pour cette année, j’envisage une perspective plus citoyenne pour agrandir l’équipe avec des élections ou une cooptation par les éco-délégués actuels.
Ces ambassadeurs du développement durable au lycée se réunissent régulièrement avec moi pour faire le point sur les projets en cours. Ils donnent leur avis et peuvent aussi soumettre des initiatives aux autres. Ils sont parfois mobilisés sur des missions particulières : proposer des affiches, des slogans, diffuser un message auprès des autres élèves, tenir un stand… Ils bénéficient aussi chaque année d’une demi-journée de formation organisée par le rectorat.
Comment envisagez-vous l’étude des ruches au lycée ? Quel était le contenu de la formation suivie à cet effet ?
L’installation de la première ruche au lycée est prévue pour le printemps, mais les collègues et élèves ne sont pas encore au courant… il va y avoir un sacré travail d’information auprès de tout le monde pour que la petite colonie soit accueillie dans les meilleures conditions ! Nous serons suivis par un collègue d’un autre lycée qui a une grande expérience d’apiculteur, et il n’y aura dans un premier temps aucune perspective de production de miel. Le but sera d’entretenir et chouchouter un essaim et d’observer les abeilles tout au long de l’année.
L’intérêt de ce projet est double : pédagogique tout d’abord, car nous pourrons étudier l’organisation sociale de la colonie, le cycle de développement des insectes, la pollinisation… mais écologique aussi car la présence de la ruche dans le lycée permettra une sensibilisation de tous les élèves autour de cet animal.
J’ai suivi en septembre une formation de trois jours proposée par la région Ile-de-France et qui m’a permis d’acquérir les premières bases – théoriques et pratiques – de l’apiculture. Mais j’ai surtout réalisé que j’avais absolument besoin d’être accompagné et formé par un professionnel.
Qu’avez-vous entrepris parallèlement à la COP 21 ? Pour quels retours ?
Il y a deux ans, pendant la COP21, nous avons mené avec les élèves de MPS de nombreuses discussions autour de cette conférence. Nous avons aussi réalisé une petite simulation de COP avec les lycéens qui ont bien joué le jeu des négociations.
Cette action s’est achevée avec l’organisation d’une conférence au lycée nomme « COP 21, la suite » au cours de laquelle les élèves ont réalisé des présentations courtes d’expériences menées en MPS sur des sujets tels que l’effet de serre, les énergies renouvelables ou encore la pollution des sols.
Un autre projet est en préparation autour des graines. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Nous avons commencé cet automne notre petit potager en permaculture dans le jardin du lycée. Les lasagnes sont déjà en place avec des branchages, de la paille et des feuilles. Nous allons maintenant laisser la microfaune du sol faire son travail de décomposition cet hiver.
Les semis seront réalisés fin février pour pouvoir ensuite planter en pleine terre de délicieux végétaux. Nous voulons planter des variétés ancestrales cultivées auparavant ici, alors que La Courneuve était une terre maraichère. On y cultivait par exemple des légumes tels que des choux ou des navets. Nous nous inscrivons dans une initiative régionale : créer un réseau de ‘gardiens des semences’ dans les lycées avec notamment une grainothèque au CDI.
Vous dites que « votre public est peut-être moins blasé » que d’autres sur les questions de développement durable. Pourquoi ? Comment ressentez-vous l’implication des lycéens ?
Mes élèves mettent plus de cœur à l’ouvrage car ils ont plus de curiosité et parce que l’approche est différente. Ce sont des citadins déconnectés de la nature, mais une approche naturaliste et scientifique basée sur l’observation, le concret, le fait de toucher et d’expérimenter peut être intéressant.
Beaucoup de lycéens sont impliqués dans ces actions, pas tous bien entendu. Mais une minorité d’élèves est capable de changer la donne. Si nous impactons un tiers d’une génération d’élèves, c’est déjà formidable. Ceux-là diffuseront leurs connaissances et les reflexes appris à leurs proches et, à l’avenir, à leurs enfants. Intégrer le développement durable dans le quotidien des élèves au lycée permet de normaliser ces pratiques et de les diffuser très largement.
Entretien par Julien Cabioch
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Pauline Gaillard : Créer la rencontre chercheur-élève
Comment un enseignant peut-il permettre à ses lycéens de rencontrer un chercheur ? L’opération « 1000 chercheurs dans les écoles » menée par l’AFM-Téléthon et l’APBG permet une sensibilisation des élèves à la recherche médicale. Pauline Gaillard, enseignante de SVT au lycée Claude de France de Romorantin (41) fait bénéficier ses lycéens de 1ère S d’une conférence autour des maladies génétiques. Comment s’organise cette rencontre ? Quels sont les retours des élèves ?
Comment s’est déroulée la rencontre entre le chercheur et vos élèves ?
Trois classes de première S ont été réunies dans une salle de conférence afin de participer à la conférence de Jean-François Briand. Ce dernier a fait de la recherche pendant 15 ans et il travaille actuellement dans le secteur Recherche & Développement de l’Association Française contre les Myopathies (AFM – Téléthon).
Les élèves devaient reprendre leur cours de génétique de début d’année afin de n’avoir aucune difficulté à suivre la présentation. Ils ont également été incités à prendre des notes sur les propos du chercheur. Un climat serein a très vite été installé lors de la prise de parole du chercheur.
Pendant une heure et quart, équipé d’un micro et de sa présentation sous forme de diaporama, celui-ci a fait des rappels de génétique théorique grâce à des analogies et des schémas. Il a également indiqué l’avancée des recherches actuelles sur la myopathie de Duchenne, notamment grâce à des vidéos sur la maladie et des expérimentations faites sur des chiens atteints de cette même maladie depuis leur naissance. Puis, durant le dernier quart d’heure il a parlé de son propre parcours et de la diversité des métiers de la recherche (de la formation baccalauréat à bac +8).
Quels ont été les retours des lycéens suite à cette intervention ? Souhaitez-vous renouveler l’expérience ?
La totalité des élèves a apprécié la venue d’une personne extérieure à l’établissement et indique que l’intervention du chercheur leur a permis de retrouver des notions du cours. 90% ont compris les différents aspects de la recherche présentés et pensent qu’il serait intéressant que les futurs 1ère S bénéficient d’une telle intervention. Un quart des élèves indique que l’intervention les a fait réfléchir en ce qui concerne leurs orientations.
Les éléments retenus par les élèves sont très divers. Cela va des études pour être chercheur, aux maladies rares, aux différentes thérapies jusqu’au prénom du chercheur ! L’expérience de faire venir un chercheur dans l’établissement est une pratique ancrée depuis plusieurs années. Au vu des retours des élèves, une nouvelle intervention sera certainement demandée pour l’année scolaire 2018-2019. Cependant, la réussite de l’intervention dépend également du chercheur dépêché pour la réaliser.
Comment avez-vous réussi à faire intervenir un chercheur au lycée ? Quelles démarches faut-il suivre ?
Une fiche « action du projet d’établissement » a d’abord été complétée afin de soumettre le projet au conseil pédagogique. Une fois votée, il a fallu s’inscrire sur le site dédié.
La période d’inscription se fait sur une semaine pendant le mois de septembre. Chaque jour, à 12h, un nombre limité de place est ouvert. Il faut être rapide afin de pourvoir être sur les listes. L’inscription demande différentes informations comme le public et les dates disponibles. Quinze jours après, une personne avait été confirmée par l’AFM Téléthon, puis suite à une indisponibilité, un autre chercheur a été missionné.
Pourquoi est-ce important de créer de telles rencontres au lycée ? Comment intégrez-vous cette venue dans votre cours de SVT ?
Cette rencontre est l’occasion pour les élèves de mettre un pied dans le monde professionnel. Les élèves sont directement en contact avec une personne sur le terrain qui peut raconter son métier au jour le jour et les difficultés auxquelles elle est confrontée.
Un doctorat est nécessaire mais l’intervenant a indiqué que « tout le monde peut devenir chercheur s’il en a la volonté. » En effet, il a argumenté son propos en indiquant qu’avec du travail, on peut obtenir ce que l’on souhaite mais qu’il n’est pas nécessaire d’être le premier de la classe pour réussir ce métier où la curiosité et la patience sont des qualités indispensables.
Les élèves avaient déjà des connaissances en génétique suite à l’étude des thèmes « L’expression du patrimoine génétique » et « Patrimoine génétique et maladie ». Une diapo du chercheur a été reprise en cours pour faire des rappels sur la notion du génotype aux phénotypes moléculaire, cellulaire et macroscopique. J’ai également pris une autre diapo afin de l’intégrer dans le cours concernant l’ADN en seconde.
Entretien par Julien Cabioch
Le site 1000 chercheurs dans les écoles
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Hebdo-Sciences : Des lycéens font avancer la génétique
SVT : Des lycéens à l’école de l’ADN
Label « Ile de Science » pour la communauté scientifique junior du lycée Vilgénis (91)
Récompensé pour la démarche menée depuis plusieurs années au lycée, l’atelier scientifique Vilgénis a encore de beaux jours devant lui. Jacques Taillet, enseignant de mathématiques au lycée Parc de Vilgénis à Massy (91) engage ses lycéens dans un travail d’équipe en partenariat avec des instituts de recherche. Il a participé au forum des enseignants innovants 2016. Jacques Taillet revient sur la remise du label par Cédric Villani et explique ses nouveaux projets. Rappelons la devise de cet atelier « la diversité est notre force » ; une communauté scientifique junior qui mêle des élèves de la seconde à la terminale, de l’enseignement général, technologique et professionnel.
Quel est ce label reçu par votre lycée ? En quoi cette reconnaissance rare est-elle importante pour les enseignants et les élèves ?
L’Atelier Scientifique Vilgénis a reçu le Label « Ile de Science » en octobre dernier. Ile de Science Paris-Saclay est une association à but non lucratif (loi 1901) créée en 1991, qui regroupe aujourd’hui une vingtaine de partenaires centrés sur le territoire Paris Saclay, dont des Grandes Ecoles d’ingénieurs, la Faculté des Sciences d’Orsay et des organismes de recherche. Ce label, non décerné depuis plusieurs années, récompense la démarche scientifique menée par les élèves depuis six ans maintenant ainsi que leur manière de travailler et d’évoluer. En effet, l’Atelier permet de rendre les élèves autonomes et porteurs de projets qu’ils ont choisis. Ils prennent du plaisir à faire des sciences dans ce cadre particulier qui les amène à travailler en équipe, à se répartir les tâches selon les qualités de chacun et à présenter leurs travaux devant des publics divers, scientifiques ou non. Chacun est reconnu à sa juste valeur, l’Atelier avançant suivant sa devise « la diversité est notre force », mêlant des élèves de la seconde à la terminale, de l’enseignement général, technologique et professionnel et évoluant ainsi comme ce qu’elle est, une communauté scientifique junior.
Les élèves ont été réellement heureux lorsqu’on nous a annoncé la remise du Label : encore mieux qu’un prix de concours auquel il faut candidater, le Label a été décerné sans demande. C’était inattendu – nous n’avions pas imaginé recevoir un jour une telle récompense ! Cette reconnaissance est importante pour les élèves car elle met en valeur leurs travaux au-delà du cadre scolaire et donne de l’ampleur à leurs projets innovants. Les élèves, filles comme garçons, ont gagné en confiance au niveau du travail scientifique dans l’Atelier – travail souvent mis de côté par nombre d’élèves par peur de ne pas être assez bons. Le Label consiste en une belle récompense, qui pourra attester de leurs travaux dans la poursuite de leurs études et de leur carrière. La remise du Label a en outre été l’occasion pour les élèves de rencontrer de nouveau Cédric Villani, qui leur avait décerné le Second Prix du Trophée Shannon au Musée des Arts et Métiers l’année passée.
Les enseignants sont très fiers de voir leurs élèves récompensés, d’autant plus que ce Label représente une plus-value. L’Atelier a déjà remporté plusieurs prix en sciences (Faites de la Science, CGENIAL,…) et une distinction en mathématiques (Trophée Shannon) – recevoir le Label Ile-de-Science permet la reconnaissance sous une nouvelle dimension des travaux des élèves de l’Atelier.
Quels sont vos nouveaux projets avec la communauté scientifique junior pour cette année ?
Depuis l’an passé, l’Atelier s’intéresse aux énergies renouvelables sous ses divers aspects. Certains élèves analysent les données météorologiques de la ville de Massy (récoltées grâce à la station prêtée par Météo à l’Ecole) afin de comprendre comment les phénomènes météorologiques sont liés et afin de réaliser des prévisions ; d’autres se consacrent à la question du mix énergétique le plus approprié pour rendre les deux salles de travail de l’Atelier autonomes en énergie – cela passe notamment par des mesures de consommation d’énergie, par la compréhension du fonctionnement des différentes sources de production renouvelable, par des calculs et des modélisations. Tout cela se poursuit cette année, avec quelques nouveautés de taille !
Tout d’abord, la communauté scientifique junior participe au projet #yeswecode, organisé par CGénial. Ce projet permet aux établissements participants de partager leurs expériences dans le domaine de l’apprentissage du code et notamment dans celui des cartes MicroBit. Nous faisons partie du premier groupe à partir duquel le projet est lancé.
Voici un exemple d’une programmation réalisée par les élèves de l’atelier : 2 cartes (A et B) communiquent entre elles et la carte A est en plus reliée à un capteur. Le code a été créé tel que lorsque le capteur reçoit un signal, la carte A passe de 0 à 1, qui envoie alors un signal à la carte B qui affiche un smiley.
Dans ce même cadre, les élèves apprennent, par eux-mêmes, à programmer des drones de petite taille afin d’approfondir leurs connaissances dans l’attente d’en obtenir un plus important, qui servira à vérifier que la station météo ne rencontre pas de problème ou à obtenir des mesures supplémentaires.
Afin de comprendre le mécanisme des éoliennes, les élèves ont créé des micro-éoliennes, grâce à notre imprimante 3D. Ils ont effectué de nombreuses expériences, changeant le nombre de palmes de l’éolienne ou la vitesse du vent (ventilateur, sèche-cheveux et sous peu soufflerie) par exemple. Un autre projet de cette année est de rendre écoresponsable l’établissement. Il est important que chacun comprenne qu’un ordinateur ou une lampe allumée entraîne une consommation d’énergie importante et inutile.
Qu’ont fait vos élèves lors de l’événement « De la Science à l’Opéra » mené à Massy ?
Les élèves de l’Atelier ont été invités à participer à l’événement « Sciences à l’Opéra » organisé à Massy à l’occasion des 10 ans de Scube. Ils y ont présenté plusieurs projets menés par les différents groupes au cours des dernières années : contamination d’un champ de maïs par un autre, les effets du réchauffement climatique sur le Gulf Stream et enfin les expériences entamées l’an passé et continuées jusqu’alors sur les énergies renouvelables. Ainsi, ils ont présenté les différentes facettes de l’avancée de leurs travaux : analyses des données, modélisation, programmation, présentation des mini-éoliennes, explication de leurs recherches et création de programmes sur le drone etc.
D’anciens élèves sont également passés pour expliquer les projets que les plus jeunes n’avaient pas étudiés et donner quelques précisions sur les nouveautés. C’est cela aussi l’Atelier !
Entretien par Julien Cabioch
Dans le Café
FEI16 : Rassembler des lycéens dans une communauté scientifique junior
Le projet au Forum des enseignants innovants
Comment intégrer le développement durable dans le quotidien des lycéens ? Comment mettre en place une ruche dans un établissement ? Ryem Boudjemaï, enseignant de SVT au lycée Jacques Brel de La Courneuve (93) propose avec ses collègues de physique-chimie et de maths un projet éco-citoyen aux lycéens. Mise en place d’une ruche, simulation de conférence sur le climat (COP), grainothèque de variétés ancestrales disposée au CDI, les axes de travail ne manquent pas. Comment s’impliquent ses « citadins déconnectés de la nature » ? En quoi les formations proposées aux enseignants par la région Île-de-France se concrétisent dans les lycées ?
Comment votre projet s’insère t-il dans les enseignements ?
Il s’agit d’un projet éco-citoyen mené pour la troisième année consécutive dans mon lycée, en collaboration avec mes chers collègues de SVT, Physique-Chimie et de mathématiques. Concrètement, nous utilisons les heures de l’enseignement d’exploration Méthodes et pratiques scientifiques (MPS) pour mener à bien des actions de développement durable au lycée comme par exemple des compagnes d’affichage, l’organisation de conférences, la mise en place du tri du papier ou la création et l’entretien d’un potager au lycée.
Ces contenus s’inscrivent parfaitement dans le cadre du programme de MPS puisque celui-ci inclut notamment un volet « Prévention des risques d’origine humaine ». La manière de travailler fait par ailleurs le plus souvent possible appel à la démarche scientifique, ce qui est l’esprit de cet enseignement d’exploration de 2nde.
Quel est le rôle des éco-délégués, ces ambassadeurs du développement durable ?
Mon équipe de choc est pour le moment composée de neuf éco-délégués. J’en ai nommé sept suite à leur implication exceptionnelle dans les projets des années précédentes et deux ont été volontaires pour rejoindre l’équipe. Pour cette année, j’envisage une perspective plus citoyenne pour agrandir l’équipe avec des élections ou une cooptation par les éco-délégués actuels.
Ces ambassadeurs du développement durable au lycée se réunissent régulièrement avec moi pour faire le point sur les projets en cours. Ils donnent leur avis et peuvent aussi soumettre des initiatives aux autres. Ils sont parfois mobilisés sur des missions particulières : proposer des affiches, des slogans, diffuser un message auprès des autres élèves, tenir un stand… Ils bénéficient aussi chaque année d’une demi-journée de formation organisée par le rectorat.
Comment envisagez-vous l’étude des ruches au lycée ? Quel était le contenu de la formation suivie à cet effet ?
L’installation de la première ruche au lycée est prévue pour le printemps, mais les collègues et élèves ne sont pas encore au courant… il va y avoir un sacré travail d’information auprès de tout le monde pour que la petite colonie soit accueillie dans les meilleures conditions ! Nous serons suivis par un collègue d’un autre lycée qui a une grande expérience d’apiculteur, et il n’y aura dans un premier temps aucune perspective de production de miel. Le but sera d’entretenir et chouchouter un essaim et d’observer les abeilles tout au long de l’année.
L’intérêt de ce projet est double : pédagogique tout d’abord, car nous pourrons étudier l’organisation sociale de la colonie, le cycle de développement des insectes, la pollinisation… mais écologique aussi car la présence de la ruche dans le lycée permettra une sensibilisation de tous les élèves autour de cet animal.
J’ai suivi en septembre une formation de trois jours proposée par la région Ile-de-France et qui m’a permis d’acquérir les premières bases – théoriques et pratiques – de l’apiculture. Mais j’ai surtout réalisé que j’avais absolument besoin d’être accompagné et formé par un professionnel.
Qu’avez-vous entrepris parallèlement à la COP 21 ? Pour quels retours ?
Il y a deux ans, pendant la COP21, nous avons mené avec les élèves de MPS de nombreuses discussions autour de cette conférence. Nous avons aussi réalisé une petite simulation de COP avec les lycéens qui ont bien joué le jeu des négociations.
Cette action s’est achevée avec l’organisation d’une conférence au lycée nomme « COP 21, la suite » au cours de laquelle les élèves ont réalisé des présentations courtes d’expériences menées en MPS sur des sujets tels que l’effet de serre, les énergies renouvelables ou encore la pollution des sols.
Un autre projet est en préparation autour des graines. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Nous avons commencé cet automne notre petit potager en permaculture dans le jardin du lycée. Les lasagnes sont déjà en place avec des branchages, de la paille et des feuilles. Nous allons maintenant laisser la microfaune du sol faire son travail de décomposition cet hiver.
Les semis seront réalisés fin février pour pouvoir ensuite planter en pleine terre de délicieux végétaux. Nous voulons planter des variétés ancestrales cultivées auparavant ici, alors que La Courneuve était une terre maraichère. On y cultivait par exemple des légumes tels que des choux ou des navets. Nous nous inscrivons dans une initiative régionale : créer un réseau de ‘gardiens des semences’ dans les lycées avec notamment une grainothèque au CDI.
Vous dites que « votre public est peut-être moins blasé » que d’autres sur les questions de développement durable. Pourquoi ? Comment ressentez-vous l’implication des lycéens ?
Mes élèves mettent plus de cœur à l’ouvrage car ils ont plus de curiosité et parce que l’approche est différente. Ce sont des citadins déconnectés de la nature, mais une approche naturaliste et scientifique basée sur l’observation, le concret, le fait de toucher et d’expérimenter peut être intéressant.
Beaucoup de lycéens sont impliqués dans ces actions, pas tous bien entendu. Mais une minorité d’élèves est capable de changer la donne. Si nous impactons un tiers d’une génération d’élèves, c’est déjà formidable. Ceux-là diffuseront leurs connaissances et les reflexes appris à leurs proches et, à l’avenir, à leurs enfants. Intégrer le développement durable dans le quotidien des élèves au lycée permet de normaliser ces pratiques et de les diffuser très largement.
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Comment un enseignant peut-il permettre à ses lycéens de rencontrer un chercheur ? L’opération « 1000 chercheurs dans les écoles » menée par l’AFM-Téléthon et l’APBG permet une sensibilisation des élèves à la recherche médicale. Pauline Gaillard, enseignante de SVT au lycée Claude de France de Romorantin (41) fait bénéficier ses lycéens de 1ère S d’une conférence autour des maladies génétiques. Comment s’organise cette rencontre ? Quels sont les retours des élèves ?
Comment s’est déroulée la rencontre entre le chercheur et vos élèves ?
Trois classes de première S ont été réunies dans une salle de conférence afin de participer à la conférence de Jean-François Briand. Ce dernier a fait de la recherche pendant 15 ans et il travaille actuellement dans le secteur Recherche & Développement de l’Association Française contre les Myopathies (AFM – Téléthon).
Les élèves devaient reprendre leur cours de génétique de début d’année afin de n’avoir aucune difficulté à suivre la présentation. Ils ont également été incités à prendre des notes sur les propos du chercheur. Un climat serein a très vite été installé lors de la prise de parole du chercheur.
Pendant une heure et quart, équipé d’un micro et de sa présentation sous forme de diaporama, celui-ci a fait des rappels de génétique théorique grâce à des analogies et des schémas. Il a également indiqué l’avancée des recherches actuelles sur la myopathie de Duchenne, notamment grâce à des vidéos sur la maladie et des expérimentations faites sur des chiens atteints de cette même maladie depuis leur naissance. Puis, durant le dernier quart d’heure il a parlé de son propre parcours et de la diversité des métiers de la recherche (de la formation baccalauréat à bac +8).
Quels ont été les retours des lycéens suite à cette intervention ? Souhaitez-vous renouveler l’expérience ?
La totalité des élèves a apprécié la venue d’une personne extérieure à l’établissement et indique que l’intervention du chercheur leur a permis de retrouver des notions du cours. 90% ont compris les différents aspects de la recherche présentés et pensent qu’il serait intéressant que les futurs 1ère S bénéficient d’une telle intervention. Un quart des élèves indique que l’intervention les a fait réfléchir en ce qui concerne leurs orientations.
Les éléments retenus par les élèves sont très divers. Cela va des études pour être chercheur, aux maladies rares, aux différentes thérapies jusqu’au prénom du chercheur ! L’expérience de faire venir un chercheur dans l’établissement est une pratique ancrée depuis plusieurs années. Au vu des retours des élèves, une nouvelle intervention sera certainement demandée pour l’année scolaire 2018-2019. Cependant, la réussite de l’intervention dépend également du chercheur dépêché pour la réaliser.
Comment avez-vous réussi à faire intervenir un chercheur au lycée ? Quelles démarches faut-il suivre ?
Une fiche « action du projet d’établissement » a d’abord été complétée afin de soumettre le projet au conseil pédagogique. Une fois votée, il a fallu s’inscrire sur le site dédié.
La période d’inscription se fait sur une semaine pendant le mois de septembre. Chaque jour, à 12h, un nombre limité de place est ouvert. Il faut être rapide afin de pourvoir être sur les listes. L’inscription demande différentes informations comme le public et les dates disponibles. Quinze jours après, une personne avait été confirmée par l’AFM Téléthon, puis suite à une indisponibilité, un autre chercheur a été missionné.
Pourquoi est-ce important de créer de telles rencontres au lycée ? Comment intégrez-vous cette venue dans votre cours de SVT ?
Cette rencontre est l’occasion pour les élèves de mettre un pied dans le monde professionnel. Les élèves sont directement en contact avec une personne sur le terrain qui peut raconter son métier au jour le jour et les difficultés auxquelles elle est confrontée.
Un doctorat est nécessaire mais l’intervenant a indiqué que « tout le monde peut devenir chercheur s’il en a la volonté. » En effet, il a argumenté son propos en indiquant qu’avec du travail, on peut obtenir ce que l’on souhaite mais qu’il n’est pas nécessaire d’être le premier de la classe pour réussir ce métier où la curiosité et la patience sont des qualités indispensables.
Les élèves avaient déjà des connaissances en génétique suite à l’étude des thèmes « L’expression du patrimoine génétique » et « Patrimoine génétique et maladie ». Une diapo du chercheur a été reprise en cours pour faire des rappels sur la notion du génotype aux phénotypes moléculaire, cellulaire et macroscopique. J’ai également pris une autre diapo afin de l’intégrer dans le cours concernant l’ADN en seconde.
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Quel est ce label reçu par votre lycée ? En quoi cette reconnaissance rare est-elle importante pour les enseignants et les élèves ?
L’Atelier Scientifique Vilgénis a reçu le Label « Ile de Science » en octobre dernier. Ile de Science Paris-Saclay est une association à but non lucratif (loi 1901) créée en 1991, qui regroupe aujourd’hui une vingtaine de partenaires centrés sur le territoire Paris Saclay, dont des Grandes Ecoles d’ingénieurs, la Faculté des Sciences d’Orsay et des organismes de recherche. Ce label, non décerné depuis plusieurs années, récompense la démarche scientifique menée par les élèves depuis six ans maintenant ainsi que leur manière de travailler et d’évoluer. En effet, l’Atelier permet de rendre les élèves autonomes et porteurs de projets qu’ils ont choisis. Ils prennent du plaisir à faire des sciences dans ce cadre particulier qui les amène à travailler en équipe, à se répartir les tâches selon les qualités de chacun et à présenter leurs travaux devant des publics divers, scientifiques ou non. Chacun est reconnu à sa juste valeur, l’Atelier avançant suivant sa devise « la diversité est notre force », mêlant des élèves de la seconde à la terminale, de l’enseignement général, technologique et professionnel et évoluant ainsi comme ce qu’elle est, une communauté scientifique junior.
Les élèves ont été réellement heureux lorsqu’on nous a annoncé la remise du Label : encore mieux qu’un prix de concours auquel il faut candidater, le Label a été décerné sans demande. C’était inattendu – nous n’avions pas imaginé recevoir un jour une telle récompense ! Cette reconnaissance est importante pour les élèves car elle met en valeur leurs travaux au-delà du cadre scolaire et donne de l’ampleur à leurs projets innovants. Les élèves, filles comme garçons, ont gagné en confiance au niveau du travail scientifique dans l’Atelier – travail souvent mis de côté par nombre d’élèves par peur de ne pas être assez bons. Le Label consiste en une belle récompense, qui pourra attester de leurs travaux dans la poursuite de leurs études et de leur carrière. La remise du Label a en outre été l’occasion pour les élèves de rencontrer de nouveau Cédric Villani, qui leur avait décerné le Second Prix du Trophée Shannon au Musée des Arts et Métiers l’année passée.
Les enseignants sont très fiers de voir leurs élèves récompensés, d’autant plus que ce Label représente une plus-value. L’Atelier a déjà remporté plusieurs prix en sciences (Faites de la Science, CGENIAL,…) et une distinction en mathématiques (Trophée Shannon) – recevoir le Label Ile-de-Science permet la reconnaissance sous une nouvelle dimension des travaux des élèves de l’Atelier.
Quels sont vos nouveaux projets avec la communauté scientifique junior pour cette année ?
Depuis l’an passé, l’Atelier s’intéresse aux énergies renouvelables sous ses divers aspects. Certains élèves analysent les données météorologiques de la ville de Massy (récoltées grâce à la station prêtée par Météo à l’Ecole) afin de comprendre comment les phénomènes météorologiques sont liés et afin de réaliser des prévisions ; d’autres se consacrent à la question du mix énergétique le plus approprié pour rendre les deux salles de travail de l’Atelier autonomes en énergie – cela passe notamment par des mesures de consommation d’énergie, par la compréhension du fonctionnement des différentes sources de production renouvelable, par des calculs et des modélisations. Tout cela se poursuit cette année, avec quelques nouveautés de taille !
Tout d’abord, la communauté scientifique junior participe au projet #yeswecode, organisé par CGénial. Ce projet permet aux établissements participants de partager leurs expériences dans le domaine de l’apprentissage du code et notamment dans celui des cartes MicroBit. Nous faisons partie du premier groupe à partir duquel le projet est lancé.
Voici un exemple d’une programmation réalisée par les élèves de l’atelier : 2 cartes (A et B) communiquent entre elles et la carte A est en plus reliée à un capteur. Le code a été créé tel que lorsque le capteur reçoit un signal, la carte A passe de 0 à 1, qui envoie alors un signal à la carte B qui affiche un smiley.
Dans ce même cadre, les élèves apprennent, par eux-mêmes, à programmer des drones de petite taille afin d’approfondir leurs connaissances dans l’attente d’en obtenir un plus important, qui servira à vérifier que la station météo ne rencontre pas de problème ou à obtenir des mesures supplémentaires.
Afin de comprendre le mécanisme des éoliennes, les élèves ont créé des micro-éoliennes, grâce à notre imprimante 3D. Ils ont effectué de nombreuses expériences, changeant le nombre de palmes de l’éolienne ou la vitesse du vent (ventilateur, sèche-cheveux et sous peu soufflerie) par exemple. Un autre projet de cette année est de rendre écoresponsable l’établissement. Il est important que chacun comprenne qu’un ordinateur ou une lampe allumée entraîne une consommation d’énergie importante et inutile.
Qu’ont fait vos élèves lors de l’événement « De la Science à l’Opéra » mené à Massy ?
Les élèves de l’Atelier ont été invités à participer à l’événement « Sciences à l’Opéra » organisé à Massy à l’occasion des 10 ans de Scube. Ils y ont présenté plusieurs projets menés par les différents groupes au cours des dernières années : contamination d’un champ de maïs par un autre, les effets du réchauffement climatique sur le Gulf Stream et enfin les expériences entamées l’an passé et continuées jusqu’alors sur les énergies renouvelables. Ainsi, ils ont présenté les différentes facettes de l’avancée de leurs travaux : analyses des données, modélisation, programmation, présentation des mini-éoliennes, explication de leurs recherches et création de programmes sur le drone etc.
D’anciens élèves sont également passés pour expliquer les projets que les plus jeunes n’avaient pas étudiés et donner quelques précisions sur les nouveautés. C’est cela aussi l’Atelier !
Entretien par Julien Cabioch
Dans le Café
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