La Réunion, Madagascar, la Nouvelle-Zélande, Montchanin, le Maroc : cette année encore La Grande Lessive, initiée par Joëlle Gonthier, a fait le tour du monde. Le 17 octobre des milliers d’élèves et d’adulte sont communié dans un élan artistique commun. « Un vrai travail d’arts plastiques », nous a confié Capucine Bourlet, professeur au collège Staël de Paris.
C’est toujours un choc quand on débarque au milieu de la grande lessive. Là où vous aviez une cour de récréation grise et terne, vous vous retrouvez au coeur d’une jungle de ficelles, de pinces à linge et de feuilles A4 bariolées. Le visiteur, les élèves, les enseignants naviguent respectueusement entre ces étranges feuilles. On s’arrête. On lit les signatures. On cherche à savoir. « Qui est Juju ? ». On montre ses réalisations.
Créée en 2006 par la plasticienne Joëlle Gonthier, La Grande Lessive® est une manifestation culturelle internationale biannuelle qui adopte la forme d’une installation artistique éphémère faite par tous. En reprenant le principe d’étendage du linge comme modalité première d’exposition, La Grande Lessive propose de développer le lien social grâce à la pratique artistique. Sous la forme de plusieurs milliers d’installations simultanées dans le monde entier le temps d’une journée, il s’agit de rassembler les réalisations – et, en quelque sorte, les effets – d’une famille qui s’ignorait. Depuis sa création, deux millions de personnes de tous âges et conditions y ont déjà pris part, dans 67 pays, sur les cinq continents. Le 17 octobre c’était la Grande Lessive d’avant l’hiver. La prochaine Lessive aura lieu au retour du printemps, comme au vieux temps de lavandières.
« J’ai trouvé les élèves joyeux, surpris », nous dit la principale, Virginie Haueur. « Ca apporte de la bonne humeur. Les élèves sont plus calmes et le climat scolaire s’en ressent positivement ».
Cette année, Joëlle Gonthier a posé un thème précis pour toutes ses lessives : « les couleurs du monde ». « C’est très intéressant d’avoir un thème », témoigne Capucine Bourlet, professeure d’arts plastiques. « Ca oblige les élèves à être dans l’abstraction et non dans la figuration. Ca inscrit leur démarche dans un vrai travail d’arts plastiques. L’événement devient un vrai événement artistique avec des notions de recherche. Sans en avoir l’air, sans note, les élèves travaillent ». Dans la cour, 200 à 300 feuilles A4 se balancent doucement au gré du vent…
« Les jeunes dépassent vite cette contrainte. Ils découvrent une liberté à l’intérieur. Des élèves difficiles ont travaillé sur poste informatique et finalement affiché quelque chose de remarquable. Tous se sont fait plaisir en se lâchant un peu. Ca fait du bien ! »
François Jarraud
PS : Et Juju ? C’est un des agents TOSS du collège qui eux aussi ont fait la Grande Lessive…