Par François Jarraud
Alors que la FCPE lance une pétition nationale auprès de parents pour demander une rallonge budgétaire pour l’Ecole, le Café est allé interroger des représentants locaux et le président de la FCPE, Jean-Jacques Hazan sur leur motivation et leurs objectifs.
Vous les avez peut-être vus le 26 avril à la télévision quand Ségolène Royal a visité leur école du 33 rue Jeanne d’Arc à Paris. Kais Idriss et M. Guilbaud, Sandrine Bréchot, de l’école située juste en face au 30, sont des élus FCPE. Depuis 9 semaines ils bataillent pour faire ouvrir une classe (au 33) ou garder une Rased (au 30). Chaque mardi matin ils occupent leur école avec obstination et ils vont bientôt vivre leur seconde nuit de l’école publique.
Qu’est-ce qui les motive ? « L’esprit comptable règne. L’inspecteur d’académie nous dit que 600 élèves de plus à Paris cela ne fait qu’un élève de plus par école et qu’après la suppression de 77 postes on aura en moyenne 24,4 élèves par classe », raconte Kays. « Mais quelle classe a 24,4 élèves ? » Pour mieux se faire comprendre il donne les prévisions pour le 33 rue Jeanne d’Arc. Il y aura un CP à 26, un Ce1 à 30 et un autre à 32, un Ce2 à 28, un Cm1 à 33 et un autre à 28 , un Cm2 à 33. « Au lieu de calculer une moyenne il faudrait partir des besoins des enfants. On demande une école de qualité ».
Les postes mais pas seulement. « Mais tout se tient », ajoute Sandrine qui estime qu’on arrive « à la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». « La suppression du poste de Rased aura des conséquences au-delà de ce qu’on croit. Quand il y avait un problème dans une classe l’enseignante du Rased passait une après-midi en observant la classe pour aider à ce que les choses aille mieux. En réduisant le nombre de postes sur le secteur de 3 à 2, les Rased ne s’occuperont plus que des gros problèmes. Où passe la prévention ? ». Mais bien d’autres choses heurtent Sandrine. Par exemple l’évaluation de Cm2. « ON nous a écrit en janvier qu eles données personnelles ne seraient pas communiqué », dit Kays en montrant un courrier officiel. « Des parents l’ont interdit. Et deux mois plus tard les inspecteurs recevaient un courrier demandant la transmission des livrets des enfants aux collèges ». « Je ne veux pas que ces informations qui ne représentent pas le travail réel de mon fils, compte tenu de ce que sont ces évaluations, le suivent » ajoute Sandrine. Mais les parents déplorent également les programmes, les remplacements mal assurés (jusqu’à 4 maitres différents en une semaine dans une classe de maternelle). « Je ne sais pas si on va gagner » conclue Kais, « mais on fera entendre notre désapprobation ».
Pour Jean-Jacques Hazan, « les députés doivent cesser leur double langage »
Président de la FCPE Jean-Jacques Hazan a lancé durant les vacances une pétition. Avec quels objectifs ?
Il s’agit de coordonner de façon nationale les opérations des parents un peu partout et de mettre la pression sur les parlementaires pour qu’ils votent un collectif budgétaire.
Vous pensez que les parlementaires sont plus capables de vous écouter que le gouvernement ?
Il va falloir au moins qu’ils abandonnent leur double discours. Voilà des semaines qu’ils disent que la RGPP ne sert plus à rien, qu’ils disent vouloir défendre les zones rurales. On leur demande maintenant d’agir en accord avec ces propos. On s’apprête à suspendre l’impôt sur la fortune partiellement on peut peut-être suspendre la suppression de postes d’enseignants…
Luc Chatel annonce 1 500 suppressions de classes sur 245 000. Une proportion infime. C’est un argument sérieux ?
Pas plus sérieux que de comparer la population scolaire de 1980 et celle de 2011. En 1980 on ne cherchait pas à atteindre 80% de jeunes au niveau bac. Pour passer de 45 à 66% (la proportion actuelle des bacheliers dans une génération) il a fallu un tiers de budget en plus. Si on croit que l’on peut atteindre 80% sans payer un centime, c’est pas possible ! On va pas revenir en arrière à 45% de bacheliers… Enfin si on a pas plus d’enfants en classe c’est tout simplement que le ministère a retiré des classes 200 000 enfants de moins de 3 ans.
A votre avis il y a trop d’élèves en classe ?
Pas en moyenne. Mais il y a beaucoup d’endroits où on est au dessus de la moyenne. Dans certaines école les effectifs sont bas par exemple parce que sinon il faudrait regrouper des écoles et faire faire 30 km aux enfants pour aller à l’école. Si on prend le taux moyen de 24 enfants par enseignant, si on prend la totalité des postes du primaire on arrive à 19,7 enfants par adulte. Ce taux d’encadrement est beaucoup plus fort que chez nos voisins qui ont de meilleurs résultats : 1 pour 12 au Danemark, 1 pour 15 aux Etats-Unis.
Quand on écoute les parents on se rend compte que le mécontentement est plus général
Les rythmes scolaires, les remplacements, les discours contre les parents, les discours contre l’école aussi,les devoirs qui continuent; il y a une accumulation de choses. Quand une mission parlementaire dit qu’il faut en finir avec la semaine de 4 jours, il faudrait l’écouter. On dit que les chefs d’établissement se sentent mal avec les parents. Mais de fait souvent ils sont dans une situation où ils n’ont plus d’arguments pour leur répondre. On a cherché à dresser les uns contre les autres avec des coups tordus come par exemple l’évaluation de Ce1. Quand toutes les organisations disent qu’elle pourrait être remplacée par une simple enquête et qu’on s’acharne à la mettre en place, quitte àpayer en plus les enseignants pour la faire passer et en poursuivant ceux qui refusent. La carotte et le baton. A quoi ça sert ? Le dernier coup tordu c’est de transmettre les résultats des évaluations quand le sparents ont refusé légalement la transmission des données. Que faut-il faire ?
Comment marche la pétition ?
En quelques jours on a atteint 12 000 signatures. C’est pas mal…
Entretien François Jarraud