Par Jeanne-Claire Fumet
Première étape des 15 inaugurations de lycées neufs ou rénovés programmées ce jeudi 28 avril, Jean-Paul Huchon, Président du Conseil Régional, s’est rendu au Lycée Émilie du Châtelet à Serris (77), accompagné d’Henriette Zoughebi, vice-présidente chargée des politiques éducatives, de Denis Gayaudon, maire de Serris, de William Marois, Recteur de l’Académie de Créteil, de Didier Berger, architecte, et d’élus locaux. A deux pas de Disneyland, le lycée flambant neuf a ouvert cette année une section d’hôtellerie-restauration, en plus des sections générales classiques, et envisage un BTS hôtelier, avant de proposer un internat de 120 places à l’horizon de 2015. Dans un secteur très dynamique et en pleine expansion démographique, l’établissement s’apprête à accueillir 11 nouveaux professeurs à la prochaine rentrée.
Exemplaire de l’effort mené par le Conseil Régional IDF en matière de politique éducative, le lycée Émilie du Châtelet s’inscrit dans l’architecture urbaine résolument moderniste de la ville nouvelle. De grands espaces lumineux, des volumes spacieux, des cloisons de béton laqué aux couleurs vives, un patio central et de vastes perspectives extérieures, il bénéficie également des infrastructures de transports dédiées à Disney (RER, réseau routier, Gare TGV,etc.). L’architecte Didier Berger (du Cabinet Badia et Berger) a évoqué son intérêt pour la lumière naturelle, mise en valeur par de grands espaces vitrés, mais aussi le souci d’économie énergétique, assuré par le feuilletage d’un voile de béton et d’un parement en fibres pour la façade extérieure. Une chaudière à bois chauffe l’ensemble du bâtiment, et un projet d’éolienne devrait s’inscrire dans la continuité du site. Sur ce projet, une coopération sans failles a joué entre les instances politiques locales et régionales et le Rectorat.
Consensus aussi sur l’orientation de l’établissement : résolument tourné vers la mixité entre sections générales et professionnelles, le Lycée a reçu les moyens de former ses élèves à la pratique : un restaurant d’école, déjà réputé pour la qualité de sa cuisine, un bar, mais aussi des chambres d’hôtel ; Valérie Ficara-Brossard, proviseure de l’établissement, envisage des filières de mise à niveau pour permettre aux élèves de sections générales de se réorienter vers les filières professionnelles, au rebours des préjugés habituels. « Sachez oser ! » commente le Recteur de l’Académie de Créteil, William Marois, se référant à l’histoire d’Émilie du Châtelet et aux obstacles qu’elle dut surmonter en son temps pour s’imposer comme la première femme scientifique reconnue et éditée. Sans oublier un bref rappel des principes de l’actuelle réforme des lycées, mieux orienter, mieux accompagner, mieux ouvrir les élèves à la culture, au monde et à la citoyenneté, le Recteur a vivement encouragé élèves et professeurs à poursuivre sur la voie d’une ambition novatrice.
Pour Jean-Paul Huchon, l’inauguration de ce lycée et des 14 autres visités dans la journée est emblématique de la mission qu’il assigne au Conseil Régional IDF : investir et bâtir pour l’avenir, en particulier dans le domaine éducatif. En quelques chiffres, il rappelle les 36 chantiers en cours pour 1.110 millions d’euros (42 millions pour le Lycée de Serris, mais près de 100 millions pour la rénovation du Lycée Hoche à Versailles). Le Président du Conseil Régional veut qu’un lycée puisse « changer la vie » par sa beauté et sa fonctionnalité, à l’opposé des discours pessimistes et sombres qu’on tient sur la jeunesse. Se félicitant du partenariat mené avec le Rectorat, dont il rappelle qu’il a permis le lancement du Pass’ contraception, en début de la semaine, Jean-Paul Huchon a cependant souligné le contraste entre l’accueil médiatique réservé à cette opération et la modestie des échos de cette journée d’inaugurations, qui ne lui paraît pourtant pas de moindre importance. En filigrane, les difficultés financières de la Région : des budgets éducation préservés cette année, mais des rythmes de construction de plus en plus rapides et des difficultés accrues pour trouver les crédits nécessaires, malgré une équipe restreinte (1200 personnes contre 48000 à la Ville de Paris) et une grande vigilance sur les dépenses. « On ne fait pas de paillettes, conclut J.-P. Huchon. On essaie d’être au plus près des gens et de ce qu’ils vivent ». Raison pour laquelle un partenariat privilégié avec Disney pour l’intégration des lycéens issus du lycée de Serris lui semble envisageable, afin de « donner à ce secteur toutes ses chances ».
Côté élève, l’enthousiasme est moins vif. L’établissement est beau. On y travaille bien. Mais il y a fait parfois froid pendant l’hiver, remarquait un groupe de jeunes filles (la réserve de bois pour la chaudière, mal isolée, était humide), des infiltrations se glissent dans des cloisons et des plafonds, des remontées d’odeurs envahissent parfois les salles, certains équipements sanitaires ne sont pas ouverts, la salle du CDI est particulièrement sonore. Les enseignants relativisent ces inconvénients, inévitables, estiment-il, dans les premiers moments de rodage d’un bâtiment neuf. Peut-être aussi la conséquence de la nécessité de construire dans l’urgence et à moyens limités devant la progression du nombre des lycéens franciliens.
Liens :
Le site du Conseil Régional IDF pour les lycées :
http://www.iledefrance.fr/missions-et-competences/lycees/
Visiter le site du Lycée de Serris :
Ecorégion et bâtiments scolaires
http://cafepedagogique.studio-thil.com/regionales/Francilien/Pa[…]