Par François Jarraud
« L’éducation aux droits de l’Homme est un sujet très important pour l’Education nationale ». Devant une centaine d’élèves et d’enseignants, Jean-Michel Blanquer, directeur de l’enseignement scolaire, et Yves Repiquet, président de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, ont remis le 26 janvier les prix du concours des droits de l’Homme – René Cassin.
« Notre campagne contre le harcèlement participe à cette éducation aux droits de l’Homme » rappelle JM Blanquer avant d’annoncer le thème du concours 2012 : « la paix ». Depuis 1988, le concours invite des élèves du secondaire à réaliser un projet en lien avec le thème annuel. Cette année 51 projets ont été retenus au niveau national, venus de 25 collèges, 11 lycées et 15 L.P.. Au final deux prix sont remis pour les collèges, les lycées et les L.P. Tous ont travaille sur l’égalité entre les hommes et les femmes.
Ces prix récompensent des travaux variés, réalisés en classe par un nombre d’élève qui peut dépasser la centaine ! Au collège Palmade de Seix (Ariège), qui obtient le prix collège, ce sont les latinistes tous niveaux confondus qui ont réalisé un court métrage sur la révolte des femmes romaines en 195 avant JC. Une invitation à maintenir les langues anciennes qui est remontée jusqu’à Paris… Le collège Cassin d’Agde (Hérault) obtient une mention pour une série de portraits de femmes luttant pour l’égalité. Pour les lycées, le prix va à Théodore-de-Banville de Moulins (Allier). 57 élèves de seconde ont réalisé en SES un jeu sur les stéréotypes sexistes. Il est surmonté d’un grande vitre : c’est le « plafond de verre » que les femmes doivent briser ! Le lycée Thuillier d’Amiens obtient une mention pour une « boîte à biographies » réalisée par les élèves de seconde. A Ham, 157 élèves du lycée professionnel Athanase-Peltier ont participé à plusieurs événements autour de la Journée de la femme.
Mais c’est un lycée guadeloupéen, le L.P. Gerdy Archimède de Morne à l’Eau, qui obtient le prix des lycées professionnels. « Dans ce lycée industriel où il n’y a que des garçons, aborder le sujet de l’égalité hommes-femmes ne va pas de soi » nous confie Astrid Désirée, professeure de 1ère CAP « agent de sécurité ». Avec son collègue, M. Touraille, ils ont saisi l’occasion de l’inauguration du lycée pour faire travailler les élèves sur Gerdy Archimède. Première avocate de l’île, G Archimède a brisé bien des tabous au long d’une grande carrière. Elle a défendu le petit peuple guadeloupéen contre les Békés, les femmes contre les hommes. Elle a aussi travaillé à la pacification des relations dans l’île. Il faut lui accorder un dernier crédit : son exemple a inspiré les 12 élèves de CAP. « Gerty est exemplaire pour le travail », rappelle A Désirée, « ce qui motive les élèves ». Durant 4 mois, ils sont venus le lundi matin de 7 à 8 faire avancer leur projet. Ils ont pris du temps sur les heures de devoirs, de lettres, un peu partout. Ils ont organisé un concours de poésie avec remise de prix. Ils ont rédigé une plaquette et réalisé une exposition inaugurée avec le lycée. Et, devant le recteur, ils ont slamé en mémoire de Gerty. Au ministère l’émotion est encore montée d’un cran. Mais les jeunes touchent les étoiles. La mémoire de Gerty Archimède les a amené jusqu’à Paris ! « Avec ces élèves quand on participe à un concours, il y a tellement d’investissement qu’il faut réussir », nous confie A Désirée. Pari tenu !
François Jarraud