Pas de revalorisation spécifique à l’Education nationale avant septembre 2023. C’est une des informations ramenées par Sigrid Gérardin , secrétaire générale du Snuep Fsu, de sa rencontre avec le cabinet de P. Ndiaye. Alors qu’Emmanuel Macron a mis la réforme du lycée professionnel en tête de son programme, S Gérardin craint pour l’avenir de la voie professionnelle. Elle s’en explique dans cet entretien.
Vous avez rencontré le cabinet de Pap Ndiaye. A t-il pris des décisions pour la rentrée ?
On a senti moins de brutalité et plus de prudence avec ce nouveau cabinet. Nous avons appris que le doublement des périodes de formation e milieu professionnel (PFMP), annoncé par E. Macron, ne sera pas mis en oeuvre à cette rentrée. Le ministère devrait diffuser une note de service sur les heures banalisées de co-intervention. Une circulaire de rentrée sera bientôt envoyée. C’est important car nous n’en avons pas eu dans la voie professionnelle depuis 4 ans. Le comité de suivi de la réforme de la voie professionnelle sera maintenu. Une expérimentation aura lieu sur les modules de terminale « préparation à l’emploi » sans qu’on ait plus de précision.
Et sur la revalorisation ?
La question du dégel du point Fonction Publique est en discussion. Il y a en ce moment aussi des discussions interministérielles sur le budget de l’Education nationale. Le ministère prévoit de réunir en septembre des groupes de travail sur des mesures générales concernant tous les enseignants et sur le nouveau pacte enseignant. Les mesures « inconditionnelles », pour tous les enseignants, pourraient prendre la forme d’augmentation de primes, comme la prime informatique, l’ISOE, la prime Grenelle etc. La revalorisation spécifique à l’éducation nationale, avec le nouveau pacte, serait mise en oeuvre seulement à la rentrée 2023. Pas avant.
Un décret vient d’élargir le champ d’enseignement des professeurs de lycée professionnel. Est-ce une bonne nouvelle pour les PLP ?
Quand le projet de décret a été présenté par le ministère, il nous a beaucoup inquiété dans le contexte actuel de démantèlement des lycées professionnels. Nous avons voté contre. De nombreux rapports de l’Inspection générale disent que le statut des enseignants nuit au développement de l’apprentissage. Nous pensons que le gouvernement veut s’attaquer à leur statut et qu’un moyen est de proposer aux enseignants de quitter les lycées professionnels. Les conditions de travail y sont intenables depuis la réforme. Faire partir les enseignants permettrait de les remplacer par des contractuels. On a bataillé avec la FSU pour le retrait de ce texte et on a réussi à faire inscrire que ces départs doivent être volontaires.
Emmanuel Macron a annoncé son intention de réformer la voie professionnelle. Pour vous est-ce une menace ?
Il a annoncé une révolution des lycées professionnels sur le modèle de l’apprentissage avec le doublement des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP). S’il fait cela ça veut dire qu’en terminale il y aurait une réduction encore plus forte des enseignements généraux et aussi des savoirs professionnels. Car, en entreprise, les élèves apprennent des gestes techniques mais pas la compréhension globale du métier. Nous avons appris hier que ce projet ne serait pas mis en oeuvre à la rentrée 2022. Mais on reste vigilant. Pour les autres propos d’E Macron, nous n’avons aucune information concrète. On ne sait pas si les lycées professionnels resteront dans l’éducation nationale.
Ce qui est à l’ordre du jour c’est le calibrage des filières en fonction des besoins locaux de l’économie. Or nous ne souhaitons pas que la carte des formations soit établie sur ce critère. Ce serait instrumentaliser les jeunes des lycées professionnels en les poussant vers des métiers en pénurie d’emplois du fait de leurs mauvaises conditions de travail. Le gouvernement devrait cesser de répondre aux seules exigences des organisations patronales.
Un autre syndicat de l’enseignement professionnel, le Snetaa FO, craint une disparition des lycées professionnels. Partagez vous cette crainte ?
Je partage entièrement cet avis. Il va falloir que l’intersyndicale de l’enseignement professionnel s’élargisse. Nous y travaillons.
Propos recueillis par François Jarraud