Par Françoise Solliec
Dans le choix d’une filière d’enseignement supérieur, plusieurs éléments entrent en jeu, que ce soient les résultats scolaires, le goût pour une activité ou une discipline, la proximité géographique de l’établissement envisagé et bien d’autres encore. Lesquels privilégier pour mettre toutes les chances de son côté ?
Sept questions pour choisir une filière
Entre les souhaits des parents, qu’ils n’ont pas forcément envie de respecter, le manque de projet précis de certains d’entre eux, la difficulté de trouver le bon interlocuteur, la méconnaissance de la réalité des métiers et les stéréotypes véhiculés tant par la famille que certains enseignants, sans compter la pression du bac, il n’est pas étonnant que pour la plupart des élèves de terminale – et leurs familles- la formulation de leurs vœux soit une affaire compliquée.
Puisant dans notre expérience de parents et d’enseignants, nous nous permettons de vous donner ici quelques conseils pour aborder cette question.
1) Réfléchissez soigneusement à ce que vous aimez et qui vous motive, tant dans les matières enseignées dans votre année de terminale que dans vos activités personnelles.
2) Soyez réaliste par rapport à votre dossier scolaire. Nombre de formations, y compris sélectives, sont accessibles avec un dossier moyen. Mieux vaut demander une formation moins prestigieuse, mais qui vous convienne néanmoins, dans laquelle vous aurez plus de chances d’être admis, que d’être refusé sur vos premiers choix.
3) A l’inverse ne manquez pas d’ambition et ne privilégiez pas forcément la proximité par rapport à la qualité de la formation.
4) Prenez en compte le coût d’une formation supérieure : il est évidemment plus lourd en formation universitaire (5 ans) qu’en BTS (2 ans). Votre famille peut –elle suivre ?
5) Prenez en compte aussi la possibilité de changer de voie. Renseignez-vous à ce sujet. Vais-je garder de crédits réutilisables dans une autre voie ou mon année sera-t-elle perdue ?
6) Si vous n’avez pas un projet précis en tête, consacrez du temps à cette question. Parlez-en avec votre famille, vos copains, votre professeur principal, des conseillers d’orientation … Consultez les sites qui peuvent vous donner des idées sur les métiers et les formations (l’Onisep, lesmetiers.net et tous ceux que nous indiquons dans ce dossier).
7) Elaborez soigneusement votre stratégie de formulation de vœux dans la procédure admission post bac : l’ordre de classement est un critère très important. Mais ne paniquez pas, vous aurez juqu’au 4 juin pour y réfléchir et le modifier éventuellement.
Bacs généraux : filières générales ou filières sélectives ?
C’est la grande question qui se pose pour les bacheliers généraux, dont plus de la moitié vont se retrouver sur les bancs de l’université, en L1, la 1ère année de licence, tout en sachant qu’ils ont nettement moins d’une chance sur deux de terminer leur licence en 3 ans, la durée « normale » pour cette formation, qui s’harmonise désormais avec le première étape des cursus universitaires européens.
C’est pourquoi depuis plusieurs années es efforts sont consentis pour assurer une meilleure connaissance des filières, puis une meilleure intégration dans l’université avec le plan réussite en licence. La licence obtenue dans l’une des spécialités offertes, ils pourront continuer avec un master, professionnel ou de recherches en 2 ans, puis, éventuellement un doctorat, accomplissant ainsi le parcours LMD.
A la rentrée 2009 , les plus de 278 000 bacheliers généraux poursuivant des études supérieures se répartissaient selon les graphiques ci-contre, avec une majorité en L1 ou IUT et des pourcentages divers selon les bacs en CPGE, STS production ou STS services (voir dans l’article suivant les statistiques sur le devenir des bacheliers 2008).
Pour ceux qui disposent d’un bon dossier, le réflexe naturel est de demander l’inscription dans une classe préparatoire, CPGE, scientifique, littéraire ou économique. Ces formations de 2 ans, bien qu’on en redouble souvent la 2ème année, préparent aux concours des grandes écoles d’ingénieurs ou de commerce, ainsi quà un petit nombre d’écoles en lettres et science humaines. Elles exigent une capacité importante de travail et d’accumulation de connaissances, qu’il faut ensuite savoir mobiliser dans des situations diverses Ceux qui ne sont pas reçus aux concours complètent généralement leur formation en licence puis en master à l’université.
Il existe aussi « des prépas intégrées », écoles spécialisées dispensant une formation de 4 à 5 ans, recrutant sur dossier ou sur concours.
Bon nombre de bacheliers généraux sont également attirés par les diplômes en 2 ans, les BTS, brevet de technicien supérieur, préparés dans des lycées et les CFA, et les DUT, diplôme universitaire de technologie, dans les Instituts universitaires de technologie. Axées sur une insertion professionnelle, ces 2 formations dispensent de manière plus encadrée des connaissances moins abstraites que l’université et mettent le jeune en contact avec l’entreprise. Les taux de réussite sont à peu près identiques : 66% des jeunes obtiennent le BTS ou le DUT en 2 ans, 76% en 3 ans. Pour ceux qui obtiendront leur diplôme dans de bonnes conditions, il est possible de rejoindre une école d’ingénieurs ou une licence professionnelle (c‘est le cas de plus de la moitié des étudiants diplômés de DUT et d’un peu plus du tiers des BTS). Les étudiants disposent alors d’une formation reconnue au niveau européen, ce qui n’est pas le cas avec le BTS ou le DUT.
Pour chacun des baccalauréats généraux, les fiches de l’Onisep « Que faire àprès le bac L,S ou ES ? fournissent des informations précises sur les études possibles et les secteurs d’activités.
http://post-bac.onisep.fr/admpostbac/apres_mon_bac.php
Le journal l’Etudiant a également consacré tout un dossier à ces types de formation.
http://www.letudiant.fr/etudes/btsdut.html
Bacs technologiques : formations courtes ou université ?
Les bacheliers technologiques (103 000 poursuites d’études à la rentrée 2008), entrent majoritairement en STS ou IUT, selon leur choix d’insertion professionnelle.
Faut-il privilégier une formation en alternance ou classique ?
La première offre l’avantage d’une prise en charge financière des études et d’une expérience concrète de la vie en entreprise. L’étudiant en alternance est un travailleur, il doit trouver une entreprise qui l’accepte. Inconvénient : l’étudiant doit mener de front le travail pour son patron et son propre travail étudiant. Si l’on n’est pas un gros travailleur, si l’on n’est pas très autonome, on échoue (les taux de réussite sont souvent plus faible que dans les BTS classiques). Dans ce cas là il faut privilégier la formation BTS en lycée ou un DUT. A noter que les bacheliers technologiques sont prioritaires pour entrer en BTS.
L’université un bon choix ? Malgré la réforme de certains bacs technologiques (comme la filière STG), les bacheliers technologiques sont moins bien formés que leurs camarades des bacs généraux pour entrer en université. Leur taux d’échec est important : un tiers quittent l’université sas diplôme. Il ne faudrait donc opter pour l’université que si vous avez un projet professionnel précis et si vous pouvez être aidé (parents, camarade etc.). Il n’empêche, un certain nombre de ces bacheliers technologiques se retrouvent à l’université, même si leurs chances de réussite sont minces, parce qu’ils ont un autre projet professionnel (droit, santé, STAPS, par exemple), parce que, n’ayant pas de projet clair, ils envisagent ces filières comme une moins mauvaise solution, ou, c’est le cas le plus fréquent, parce qu’ils n’ont pas trouvé de place en BTS.
Les dossiers de l’Onisep Que faire après un bac … (STI, STL, STG ou pro) fournissent là encore de précieuses indications.
http://post-bac.onisep.fr/admpostbac/apres_mon_bac.php
De nombreuses universités tentent, sur leur site, de décrire les profils des élèves qui réussiront bien à l’université. On trouvera, en outre, sur le site d’admission post bac Ile-de-France, les 17 réponses des présidents d’université franciliens à la question « Pourquoi choisir l’université ? »
Bacheliers professionnels : une vie après le bac ?
24 000 jeunes bacheliers professionnels poursuivent des études supérieures. Les titulaires d’une mention au bac sont prioritaires pour une admission en BTS. Pour eux ,c’est le choix du métier, dans la logique de leur orientation qui va orienter le choix de formation. Ainsi les bacheliers vente ou commerce vont tout nturellement vers les BTS vente ou commerce, les bac pro horticoles vers les BTS productions horticoles, les bac pro services sont nombreux à tenter les concours des écoles pra médicoles, etc. Les publications régionales de l’Onisep donnent pour chaque région la liste des BTS et les bacs pro qui peuvent prétendre y accéder.
Les chiffres clés de la réussite en licence
Sur le site nouvelle université du ministère de l’enseignement supérieur, les chiffres clés donnent une bonne idée de la répartition des bacheliers et de leurs pousrsuites d’études.
Ainsi, en 2008, on annonçait 279 500 étudiants à l’université, y compris les 88 000 en IUT, 120 000 étudiants en BTS, 39 000 en CPGE. Cela signifie que plus de 40% des étudiants sont en fait engagés dans des filières courtes, avec des taux de réussite de 60 à 70%, très variables selon l’origine des baccalauréats et des taux de poursuites d’études de 40 à 60%, avec une forte prédominance de bacheliers généraux. A l’inverse, près de 30% des bacheliers technologiques quittent le système sans obtenir de diplôme de l’enseignement supérieur et seuls 10% des bcheliers professionnels inscrits en licence générale obtiendront ce dipôme, en 3 ans ou plus.
Cette moins bonne réussite des bacheliers technologiques et professionnels dans les études longues a fait l’objet d’un article de Valérie Albouy et Chloë Tavandans la revue n°410 d’Economie et statistique.
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/Ecostat410A.pdf
Les chiffres clés
http://www.nouvelleuniversite.gouv.fr/IMG/pdf/2-chiffres-reussite-en-licence.pdf
Où trouver des conseils ?
En présentiel
Les conseillers d’orientation présents dans l’établissement, ceux du CIO, les professeurs principaux, les CIDJ municipaux sont les premiers interlocuteurs.
Si l’on souhaite des renseignements plus particuliers sur tel ou tel établissement, il ne faut pas hésiter à s’adreser aux services d’accueil ou à s’inviter aux journées portes ouvertes. Les divers salons, nationaux ou régionaux, sont aussi une bonne occasion de rencontres, mais l’abondance des filières et des métiers représentés nécessite souvent d’avoir un peu réfléchi aux stands à visiter.
En ce qui concerne les filières par apprentissage ou en alternance, on pourra contacter les CIO, les CIDJ, et consulter la liste des centres de formation d’apprentis, CFA, régionaux.
Sur Internet
Nombre de questions pratiques trouvent une 1ère réponse sur le portail étudiant du ministère de l’enseignement supérieur, notamment sur les aides financières
En matière d’information sur les filières, l’Onisep constitue la première référence, avec ses ressources en ligne ou ses publications papier, locales ou nationales.
http://post-bac.onisep.fr/admpostbac/index.html
Le site l’Etudiant offre également différentes rubriques contenant de nombreuses informations sur les filières de formations, les métiers, la vie étudiante …
Enfin, pour les formation en alternance ou en apprentissage on pourra aussi consulter utilement le site du Centre Inffo
http://www.centre-inffo.fr/-Apprentissage-et-alternance-.html
Etre aidé financièrement
On le sait, le travail à l’extérieur est une des causes importantes de difficultés des étudiants. Il importe donc de connaître au mieux les aides dont ils peuvent espérer bénéficier, que ce soit pour des bourses, des prêts ou de l’aide au logement.
Réfléchissez bien aux frais à prévoir. Les frais d’inscription sont officiellement réglementés. Mais dans de nombreux cas les établissements demandent des frais supplémentaires. Certaines formations attendent de vous des séjours en Europe ou aux Etats-Unis. Enfin dans tous le scas, il faut vivre : se loger par exemple nécessite souvent un gros budget.
Bourses
Le portail Service public y consacre une rubrique
http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/N20398.xhtml
La majorité de ces demandes s’effectuent auprès du CROUS régional, en constituant un dossier social étudiant, DSE.
Consultez le site du CNOUS
http://www.cnous.fr/_vie_15.htm
Les régions ou les départements sont aussi susceptibles d’accorder des aides à des étudiants. Il faut se renseigner directement sur leur site. Enfin, certaines fondations ou associations locales peuvent financer des étudiants. Se renseigner auprès des mairies ou des CROUS.
D’autres liens utiles
http://www.letudiant.fr/loisirsvie-pratique/aides-financieres.html