Par JC Fumet
Le « monde arabe » passait, aux yeux d’une grande partie de l’opinion, pour une sphère étrangère aux bouleversements politiques et culturels de l’Occident, enfermée dans des régimes de tutelle qu’on estimait inévitables. Les événements des dernières semaines ont bousculé ces clichés pour en imposer d’autres : le Maghreb et le Proche-Orient suivraient les traces de leurs aînés d’Europe dans la conquête irrépressible de leur liberté.
A trop rapprocher les événements du Proche-Orient des modèles historiques connus, de 1789 à la chute du Communisme, les commentaires médiatiques ont peut-être parfois perdu de vue la spécificité du « Printemps arabe » : l’unité du « monde arabe », tout d’abord, d’un point de vue géo-politique et culturel, n’est pas une évidence (voir l’article de B. Dupret) et le déroulement des faits, d’autre part, est loin d’obéir à une mécanique rationnelle prévisible et régulière. Entre perspectives universalistes et prophéties apocalyptiques, entre la sympathie pour l’élan des peuples en colère et la terreur d’une montée religieuse obscurantiste, les convictions ont peut-être pesé lourdement sur la lecture des faits.
Passé le premier moment d’enthousiasme pour un « reflet » des idéaux européens des Lumières, alors que des mouvements de répression se durcissent et que les interventions extérieures soulèvent de nouvelles questions, plusieurs spécialistes du Proche-Orient et du Maghreb nous proposent une approche des causes profondes des mouvements actuels. Une invitation à se détacher de l’urgence événementielle pour s’interroger sur le sens de notre propre regard, et peut-être envisager que des formes inédites d’organisation politique, en gestation sous les mouvements en cours, apportent de nouvelles perspectives au reste du monde.
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