Par Françoise Solliec
Sensibiliser les élèves aux problèmes environnementaux, les faire lire et écrire, leur faire adopter une démarche d’investigation scientifique …, les objectifs pédagogiques des projets présentés au Forum de Washington sont aussi variés que les enseignants qui les ont conçus. Pourtant tous ont en commun un point essentiel : mettre l’élève en situation de réussite dans un processus d’acquisition de compétences et de connaissances.
Les projets exposés à Washington se font d’abord remarquer par leur grande variété : plus de 70 pays représentés, des écoles de niveaux et de taille très variables, des méthodologies et des objets d’étude différents. Mais, en approchant de plus près des panneaux, on est saisi par de nombreuses similitudes dans les préoccupations des enseignants : mise en activité des élèves, relations avec le monde extérieur, souci de l’environnement, maîtrise d’outils et de technologies. En ce sens, et nonobstant les différences culturelles et de contextes qui sont quand même de taille, les projets présentés ici ne sont pas très différent de ceux que nous avons découverts dans les forums organisés par le Café pédagogique et ses partenaires.
Comment aider les élèves à choisir leur future carrière ? Le projet de MA Khayretnidova, Russie, implique chaque année 200 élèves volontaires de 16 à 18 ans, sur un travail hebdomadaire de plusieurs heures. Il s’agit grâce à des visites, à Internet, à des jeux de rôle et l’accompagnement de psychologues de déterminer leur orientation future. Les élèves apprennent à créer leur CV et portefolio, étudient le marché du travail (répartition des secteurs d’emploi), réalisent un site web donnant des exemples de personnes plus ou moins célèbres dans la carrière choisie, définissent une base de données de formations correspondant aux métiers choisis, etc. Ilsdéfinissent leur profil psychologique et s’entraînent ensuite à des interviews grâce à un jeu de rôles. Au final leur portefolio comprend différents documents réalisés avec la suite bureautique Microsoft et des copies d’écran de leur site web.
Tirer parti des ressources locales. L’école primaire Sing An, Taiwan, se situe sur les bords de la rivière Bazhang, et dès leur plus jeune âge, les élèves se familiarisent avec les oiseaux migrateurs qui y passent. Ils complètent ensuite leur savoir avec des études sur Internet, puis s’initient au phénomène du vol et réalisent des aéroplanes en papier, sur le modèle de différents oiseaux. En parallèle, ils abordent de nombreux problèmes environnementaux et contribuent à un projet sur les arbres du programme Shout de la Smithsonian Institution.
Comment faire lire des romans historiques à des élèves de 12 ans ? John Touchie, Canada, propose à un groupe de réaliser la bande annonce de 2 minutes d’un film tiré de ce roman. Après avoir lu l’ouvrage, ils travaillent par petits groupes de 3 à 5 sur 3 semaines, en utilisant MovieMaker. Ce travail leur demande beaucoup de recherches car ils doivent décrire des événements historiques en utilisant différentes perspectives, mais s’avère très séduisant puisque de plus en plus délèves de ce niveau affirment leur désir de lire des romans historiques. Cette réalisation familiarise de plus les élèves à une approche de type sciences sociales, en leur faisant exprimer un point de vue personnel reflétant un souci de s’adresser à des publics de culture et de langue différentes des leurs.
Une seule race, une seule terre, un projet collaboratif issu du Forum régional d’Agaba (Jordanie). En septembre, ce forum a permis de déterminer les projets du Moyen Orient et d’Afrique sélectionnés pour Washington. Dans les ateliers organisés à cette occasion, ce groupe de 6 enseignants (Pakistan, Turquie, Afrique du Sud, Jordanie, UEA, Lesotho) a décidé de se focaliser sur la préservation de l’environnement et la lutte contre les discriminations. Les élèves, majoritairement dans la tranche d’âge 16-18, se sont vus proposer un mois de travail intensif en anglais, histoire et technologie pour réaliser des documens d’analyse et de réflexion multimedia, ainsi que des nterviews sur ces deux thèmes. Un compte a été créé sur Facebook et sur la plate-forme Shout ! et des videos déposées sur YouTube. Le travail collaboratif a été assuré par des échanges quotidiens par mail entre enseignants. Le projet a séduit des enseignants d’autres pays, notamment aux Etats-Unis et le travail devrait se poursuivre avec un nombre grandissant d’établissements.
Quand les poissons volent, un autre projet collaboratif issu du Forum régional de Seattle. En juin, ce groupe de 5 enseignants (Floride, Maryland, Caroline du Sud, Californie, Texas) a décidé, à l’occasion d’une simulation de sortie scolaire dans les ateliers, de créer un jeu sérieux basé sur le célèbre marché aux poissons de Seattle, le Pike market place. Ce jeu s’adresse à des élèves assez jeunes pour leur faire découvrir des principes de calcul de base, utilise la Kinect box de Microsoft (commandée gestuellement pour faire mouvoir des objets dans l’espace) et simule l’activité du marché où les commerçants lancent le poisson lorsqu’on le leur commande. Il est le fruit de la collaboration de plusieurs classes de 16-17 ans. Un groupe a implémenté le logiciel, un groupe a servi de testeur, un groupe a travaillé sur le son, un dernier sur les images. Des notions d’économie ont été également abordées.
Le travail a été là aussi très intensif et le résultat plutôt impressionnant !