« Il y a une certaine porosité entre les milieux d’extrême droite et une certaine manière de gérer la situation dans l’éducation ». Benoît Teste, secrétaire général de la Fsu, est venu soutenir les enseignants de l’école Pasteur de Saint Denis (93) en grève contre 6 mesures de déplacements d’office. Le 20 avril, parents , enseignants et soutiens se sont retrouvés près du ministère de l’éducation nationale pour demander des comptes à JM Blanquer.
Abandonnés à l’extrême droite
Orchestre, gamins amusés de voir les adultes crier et chanter, enseignants du département. Sous le soleil, la manifestation de soutien aux 6 enseignants déplacés de l’école Pasteur de Saint Denis a un coté fête d’école ce 20 avril. Mais il y a de la révolte et de l’inquiétude dans l’air.
« Psychologiquement c’est très difficile pour nous mais aussi pour tous les enseignants de l’école, pour les élèves et les parents », nous dit Michel (un pseudonyme), un des 6 enseignants déplacés d’office par le Dasen du 93 parmi les 19 professeurs de l’école. « L’institution nous a toujours félicité et ne nous a jamais rien reproché. On a toujours été complimentés », dit Michel.
Jusqu’à ce qu’un magazine d’extrême droite fasse campagne contre ces enseignants, accusés de terrorisme, de fumer de la drogue dans une cour de l’école et de ne pas apprendre à lire aux enfants. Au lieu de faire jouer la protection fonctionnelle, le Dasen donne raison à l’extrême droite et sanctionne les 6 enseignants d’un déplacement d’office. Depuis l’école Pasteur est totalement en grève. « Hier on a voté la grève jusqu’à après le 9 mai », nous dit Michel. Les enseignants bénéficient du soutien du Snuipp Fsu, de Sud, de la Cgt et de la CNT.
Fuite en avant dans la répression
Comment l’institution a t-elle pu donner raison à une publication extrémiste alors que les parents soutiennent les enseignants ? « Il y a une fuite en avant dans la répression dans ce département qui est en train de devenir un laboratoire de mise au pas des enseignants », nous dit Jules Siran, secrétaire général de Sud Education. C’est leur refus de faire passer les évaluations nationales et leur gout pour la pédagogie Freinet qui expliqueraient les sanctions.
La Fsu y voit plutôt un choix en lien avec l’actualité politique. « Dans le rapport d’enquête on a des éléments de langage tirés de l’article de L’incorrect », nous dit MH Plard, secrétaire générale du Snuipp 93. « Il y a une certaine porosité entre les milieux d’extrême droite et une certaine manière de gérer la situation dans l’éducation », explique B Teste. « C’est emblématique du climat dans l’éducation et de l’absence de défense des enseignants livrés à l’extrême droite par l’institution ». B Teste rappelle les déboires de Sud Education 93 poursuivi sans succès par le ministre et tous les propos sur le « wokisme » tenus par JM Blanquer. En pleine élection présidentielle, les décisions de l’Education nationale semblent aller au devant des attentes de l’extrême droite.
FRançois Jarraud