Il y a « anniversaire
» et « anniversaire »…
Celui dont on veut vous parler n’est pas daté du 6
mai 2007, mais du 21. Ce jour-là, l’Expresso
vous racontait par le menu une initiative pas commune, du
succès duquel ses auteurs se félicitaient : 10000
élèves de CM2 et 6e réunis pour faire
du calcul. Pas très bling-bling ? Ne zappez pas,
l’histoire est trop belle…Un projet de « service public »
Cette année, ils seront
carrément 16000
élèves nordistes inscrits pour jouer en ligne,
durant la seconde quinzaine de mai. Il a fallu acheter un nouveau
serveur dédié dans les locaux de l’IA,
celui de l’an passé risquant de
s’étouffer sous la charge. Les
élèves vont pouvoir découvrir de
nouveaux exercices, conçus dans le plus grand secret, afin
de pouvoir mesurer si les apprentissages conduits au cours de l’année
ont été productifs : l’an
passé, le bilan avait montré des marges de
progrès, notamment pour le calcul approché ou les
situations pour lesquelles la mémoire de travail
était fortement mise à contribution…
Pour Jean-Jacques
Calmelet, inspecteur de l’Education Nationale
(IEN), ces résultats ont confirmé les
éléments pointés par les rapports de
l’Inspection Générale ou des
évaluations : un besoin important de travailler le
calcul mental, sous toutes ses formes, au cycle III et au
collège. On a a même quelques raisons de penser
que les compétences en calcul sont très
prédictives, dès les CE2, de la
réussite scolaire future (voir les travaux
de l’IREDU sur la question)
Même si ces
objectifs sont largement développés dans les
programmes de 2002, on sait que les multiples priorités de
l’Ecole laissent parfois au second plan ce type
d’activités scolaires, à
l’Ecole comme au collège. (voir sur ce sujet le dossier
du Café sur le calcul à l’Ecole)et notamment sur les raisons
d’enseigner le le
calcul mental
Dans de nombreux
départements, cependant, les dynamiques sur la question
restent modestes. La part consacrée aux maths dans les plans
de formation continue est souvent faible, et l’accompagnement
des équipes d’enseignants pour les aider
à mener de front les tâches de
résolution de problème et
l’automatisation des « procédures de
base » ne va pas de soi.
Ce qui semble donc
particulièrement intéressant, dans
l’exemple du département du Nord, c’est de comprendre
comment des dynamiques locales ont pu contribuer à fabriquer
un plan cohérent, visible, impliquant les
enseignants sans tomber dans l’injonction. Bref, affrontant
la complexité du monde scolaire et de l’univers
des classes, sans réduire le travail de
l’enseignant à des recettes issues d’un
autre âge… Par les temps qui courent, une rarete ?
Jean-Jacques Calmelet,
chargé de mission « maths » par
l’Inspecteur d’Académie, est une des
chevilles ouvrières de l’initiative du projet,
mais ne la joue pas perso. Il insiste sur le temps long : « Plusieurs inspecteurs
d’académie successifs ont mis en
place et maintenu des groupes de réflexion animés
par les IEN, chargés de faire des propositions didactiques,
pédagogiques ou techniques. Cela contribue à
impulser et accompagner des projets, à créer des
échanges et des ressources parmi les IEN et les
équipes de circonscription. »
Dans ce projet, deux groupes
ont collaboré depuis 2006 : le groupe TICE,
piloté par Didier Meurot, et le groupe Maths,
constitué plus récemment, qui réunit
enseignants et inspecteurs du primaire et du secondaire (IPR),
conseillers pédagogiques, profs d’IUFM.
« Nous avons aussi étroitement
collaboré avec les enseignants du groupe Sésamath
» (http://www.sesamath.net). En effet, deux membres
« historiques » de l’association, Laurent
Hennequart et Sébastien Hache, travaillent dans le
département ».
Les deux IEN exerçant un copilotage collaboratif du projet, les objectifs sont rapidement
clairs : un projet axé sur le calcul mental
puisque c’est un point faible, appuyé
didactiquement sur les programmes de 2002, les documents
d’accompagnement «
qui fourmillent d’idées »
et les rapports de l’inspection
générale ; une équipe
élargie de testeurs et
d’expérimentateurs ; des ressources techniques en
ligne, gratuites, appuyées sur les logiciels libres. «
L’inspecteur d’Académie nous a
donné carte blanche ». Un «
rallye
» sera le prétexte pour mettre le pied
à l’étrier des enseignants, en
proposant un cadre précis qui ne mette pas toute la charge
de travail sur le terrain, qui permette des collaborations souples
entre écoles et collèges. Parce qu’ils
veulent défendre « une logique de service public
», les initiateurs du projet limitent le projet aux
écoles de leur département, tant pour des raisons
techniques que pour développer le sentiment de participer
à un projet local. Le succès rapide leur donne
raison : les profs jouent le jeu, même quand tout ne marche
pas du premier coup…
Des dynamiques se
créentCôté formation
et mutualisation, on essaie de faire un effort : des
stages permettent aux enseignants de travailler sur ces
nouveaux supports interactifs, et sont aussi pour eux autant
d’occasions de refaire le point sur les fondements
didactiques des situations d’apprentissage. Enseignants
d’école et de collège
échangent, confrontent leurs savoirs et leurs points de vue.
De nombreux internautes contribuent en donnant leurs critiques, leurs
attentes, leurs remarques. De nouveaux exercices sont mis à
disposition, téléchargeables sur le site de
l’IA, paramétrables par l’enseignant
pour adapter les séquences d’enseignement. « Parce que
c’est bien d’apprentissages qu’il
s’agit ». D’apprentissage
qu’il faut organiser de manière
cohérente, et surtout pas en les ramenant sur du
psittacisme. Loi d’une conception mécaniciste de
l’apprentissage, ils pensent que
l’entraînement participe à
l’automatisation, mais aussi à
l’exercice de la réflexion des
élèves. Des ressources en mémoire de
travail deviennent disponibles pour élaborer des
stratégies, comparer des procédures plus ou moins
coûteuses. Bref, quand on est enseignant, il
faut tout utiliser : l’innovation, le travail à
deux élèves pour confronter les
stratégies ne sont pas contradictoires avec
l’exigence de la mémorisation ou la
réitération fréquente des
entraînements… «
L’investissement dans le calcul mental est un investissement
très productif pour tous les élèves
».
Mais à entendre le pilote du projet, ça ne
profite pas qu’à eux… Enseignants,
conseillers, formateurs, inspecteurs mouillent le maillot.
«Ca bouge, vous dis-je ! conclut l’inspecteur. Et
nous-mêmes sommes « bougés » car il nous faut
développer, innover. Et c’est exaltant !».
Retrouvez toutes les ressources sur le site de
l’IA 59
Vous pouvez jouer en ligne
aux exercices du rallye 2007, télécharger des
exercices en flash pour jouer sur les ordinateurs de votre classe en
étant déconnectés,
découvrir un bref rappel du lien entre les situations
proposées et le programmes.
Un article sur le projet
sur le site de Sesamath
http://revue.sesamath.net/spip.php?article=102&x=12&y=5
Le
site Sesamath
http://www.sesamath.net/
Un
important colloque organisé sur les mathématiques
par la DGESCO et l’Inspection Générale
en novembre 2007
http://eduscol.education.fr/D0217/actes_math_ecole_primaire.htm
Les dossier du Café
sur le calcul
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/calcul_index.aspx
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