S’inspirer du « Dictionnaire des idées reçues » de Flaubert pour inviter les élèves à traquer les préjugés d’aujourd’hui et à développer leur esprit critique : ce beau projet a été mené en 3ème par Grégory Devin, professeur de lettres au collège Marcel-Grillard à Bricquebec-en-Cotentin. Il s’est même agi d’actualiser le support d’écriture et de publication en se moquant de ces stéréoypes là où désormais ils tendent aussi à se répandre : sur le réseau social Twitter. Quelques exemples : « Vaccin : Liquide contenant de la 5G », « Sexisme : le rose c’est pour les filles et le bleu pour les garçons », « Diplôme : papier pour réussir sa vie », « Joueur de jeu vidéo : Garçon adolescent, qui joue toute la journée, sans vie sociale, violent », « Professeur de mathématiques : adepte de la calvitie et de la chemisette à carreaux » … Eclairages de l’enseignant sur ce savoureux travail …
« Écrire un dictionnaire des idées reçues 2.0, ou plus exactement sa version contemporaine, est un projet de lecture et d’écriture que j’ai soumis à mes élèves dans le cadre des TraAm (Travaux Académiques Mutualisés). Le thème de cette année étant la question des œuvres complexes, mais également le bicentenaire de la naissance de Flaubert, largement fêté dans mon académie, j’ai aussitôt pensé à lui et à ce texte incroyable, qui offrait il me semble l’opportunité d’un travail intéressant autour du thème “Dénoncer les travers de la société” en troisième. Nous sommes d’abord partis d’un état des lieux : tout ce qui les révoltait aujourd’hui. Puis nous avons tenté d’affiner leur réflexion, très premier degré, en écrivant des articles de plus en plus vifs et caustiques sur des comportements, travers, discours… qui prêtaient le flanc à la critique. Les élèves se sont pris au jeu et, aidés par le maître, son ironie, ses procédés d’écriture, ils ont progressivement amélioré leurs brouillons pour parvenir à de belles réalisations, reprenant les mêmes articles, ou en inventant de nouveaux. Partant du principe que ce projet d’écriture pourrait également intéresser des collègues, j’ai proposé que nous nous retrouvions sur Twitter le 7 mai autour du mot-dièse #DDIR pour, à notre tour, rédiger des articles satiriques contemporains. Ce fut l’occasion d’une sympathique écriture collective, aussi jubilatoire que cathartique. Et pour les élèves, j’espère, la possibilité de pratiquer le second degré, la mise à distance, la réflexion, et peut-être, développer une plus grande attitude critique vis-à-vis de leur monde. »