Dans cette tribune, Yannick Trigance, conseiller régional d’Ile-de-France, réagit à la nomination de Michel Barnier comme Premier Ministre. Selon lui, cette nomination « porte une atteinte grave à notre démocratie mais de surcroît un très mauvais coup à l’Ecole de notre République ».
Le déni de démocratie de la part Président de la République aura été total. Après avoir perdu les élections européennes, après avoir dissous l’Assemblée nationale pour provoquer des élections législatives qu’il a perdues, E. Macron a nommé un premier ministre issu du parti arrivé en 4ème position et qui n’a même pas participé au front républicain pour faire barrage à l’extrême-droite.
En refusant de nommer la candidate du Nouveau Front Populaire arrivée en tête pour, à la place, introniser un homme de droite comme premier ministre, le Président de la République non seulement porte une atteinte grave à notre démocratie mais de surcroît un très mauvais coup à l’Ecole de la République.
En effet le nouveau premier ministre a récemment eu l’occasion de décrire assez précisément son projet pour l’école alors qu’il était candidat à la primaire de la droite en vue de l’élection présidentielle de 2022.
Et ses propositions en disent long sur les menaces potentielles pour notre système d’enseignement public.
Autonomie des chefs d’établissements qui pourront recruter les enseignants, fin du collège unique avec une orientation en apprentissage dès l’âge de 14 ans, retour à une narration chronologique du « récit national », mise en place « d’outils de contrôle des performances scolaires », suspension des allocations familiales en cas de « manquement parental », multiplication par 4 des internats d’excellence pour exfiltrer les meilleurs élèves de leur quartier, renforçant ainsi la ghettoïsation.
Dans le prolongement de la politique éducative macronienne depuis 2017, ce catalogue de mesures toutes plus réactionnaires les unes que les autres renvoie à une école passéiste reposant sur le tri précoce et la sélection auquel vient s’ajouter le démantèlement du service public, transformant sans état d’âme les chefs d’établissements en chefs d’entreprises pour recruter son propre personnel.
Au moment où des mesures drastiques d’économies budgétaires sont annoncées pour pallier l’incurie du gouvernement sortant en matière de finances publiques, la nomination d’un premier ministre très éloigné d’une école de qualité, d’une école de tous et pour tous, a de quoi inquiéter au plus haut point.
Replacer l’école au cœur des priorités pour démocratiser la réussite de tous nos jeunes, une école de l’émancipation et de la fraternité qui ne laisse personne au bord du chemin : tels sont les grands enjeux pour toutes celles et ceux qui voient encore en l’école de la République le ciment de notre nation.
Ne fléchissons pas.
Yannick Trigance
Conseiller régional Ile-de -France