Qui veut exercer aujourd’hui le métier d’enseignant ? Quels sont les profils et motivations des candidates au concours de recrutement ? Théo est un lauréat du CAPES d’histoire-géographie-EMC de la session 2024. Le Café pédagogique s’entretient avec lui sur sa formation, ses aspirations. Ces questions et leurs réponses permettent de donner un éclairage différent sur le métier et de donner corps et chair à ces nouveaux enseignants.
Pour Théo, enseigner l’histoire dans le contexte politique actuel est un « vrai questionnement qui interroge politiquement et moralement. On peut collectivement avoir du poids pour améliorer les conditions d’enseignement et d’exercice du métier. » Théo raconte son parcours au Café pédagogique, sa préparation au concours et sa pré-rentrée.
Qui est Théo ?
Théo est lauréat du CAPES, il a 25 ans et a grandi en région parisienne. Dès le lycée, il envisage d’enseigner. Après un bac ES, une licence d’histoire, un master recherche, il a quelques hésitations entre la recherche et les concours de recrutement des enseignants, il tente alors l’agrégation en 2023 et 2024. A la question de repasser l’agrégation, il glisse « oui, l’agrégation interne, après avoir retrouvé l’énergie pour repasser les concours ». En 2023-2024, il suit les cours de 2ème année du master MEEF de préparation au concours. Théo présente sa stratégie : « j’avais déjà un master, j’ai vu les priorités, j’ai privilégié les cours et TD de préparation aux épreuves du concours pour l’avoir, l’enjeu était de dégager du temps pour préparer le concours ». Il explique « je sais que la deuxième année de master est extrêmement dense, avec la préparation du concours, le mémoire, les cours, les stages ». Depuis la réforme de 2019, introduite par le ministre Blanquer, les étudiants en master MEEF qui se destinent aux métiers de l’enseignement doivent valider leur 2e année de master, préparer les épreuves du concours de recrutement, rédiger un master, suivre des stages. C’est une année très lourde pour les étudiants. Pour autant, la réforme annoncée à la fin de cette année – entérinée depuis- n’enthousiasme pas ce futur professeur qui parle d’« une réforme précipitée, non concertée, appliquée dès la rentrée avec des flous artistiques sur le concours en L3 ou en M2 ».
Une première rentrée à préparer, pleine de « micro stress »
En juillet, Théo attendait son affectation pour préparer la rentrée et évoquait « toutes les questions pratiques et micro-stress qui s’accumulent autour de l’affectation, où emménager, avoir ou pas une voiture ? » Après une pause en juillet, et donc une année sans un de ses traditionnels jobs étudiant, il envisageait de commencer à préparer ses séquences, de « demander à des collègues profs des astuces, des conseils pour prendre un peu d’avance ».
Il a eu des stages d’observation en troisième année de licence. Il nous livre son état d’esprit avant sa première rentrée « et l’appréhension à repasser en mode collège lycée après le haut niveau de la préparation au concours » mais Théo est « content de voir ses années de formation en application ». Il précise que malgré le peu de formation en pédagogie, il a bénéficié de cours de didactique dans sa discipline et que le passage de contenus universitaires à des contenus enseignés est une question qui l’intéresse. Il a bénéficié de cours de préparation de séquences, mais ne « se sent pas super équipé car si la formation agrégation n’avait aucune question de pédagogie, celle du CAPES lui a donné quelques éléments ».
« La pré-rentrée s’est bien passée »
Théo a été affecté dans un collège de l’académie de Versailles (91) d’un peu plus de 600 élèves. Il enseignera cette année dans deux classes de 5e et une classe de 4e. Pour Théo, « la pré-rentrée s’est bien passée ». Il décrit une préparation de la rentrée « un peu plus complexe que prévu dans la mesure où je n’ai pu joindre ni mon établissement ni ma tutrice avant mardi dernier à cause d’un problème technique ». Il poursuit : « Cela a largement limité mes préparations de séances au mois d’août. Je ne savais pas quelles classes j’aurais. J’ai donc peu d’avance pour les premières semaines de cours mais j’essaye de rattraper mon retard autant que possible ».
Il a donc pu rencontrer sa tutrice la veille de la pré-rentrée qu’il décrit ainsi comme « quelqu’un de dynamique et organisé ». Il se dit « enthousiaste à l’idée de travailler avec elle cette année. » Il poursuit : « J’ai été très bien accueilli par l’ensemble de l’équipe pédagogique et du personnel de l’établissement. Mais la pré-rentrée reste une journée extrêmement dense quand on débute : retenir beaucoup de noms et de visages (avant d’avoir à retenir ceux des élèves), découvrir les lieux, assimiler les règles de fonctionnement de l’établissement, noter les réunions à venir… »
Cette année, Théo est donc professeur stagiaire, en formation et en exercice. Il sera en formation à l’INSPE à mi-temps donc. Le Café pédagogique donnera des nouvelles de sa première année en tant que professeur d’histoire-géographie-EMC. A suivre, donc !
Djéhanne Gani