Invitée à la matinale de RMC, Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale – encore pour quelques jours ou semaines – a annoncé le report de la réforme de la formation initiale des professeur·es et CPE. « Nous avons préparé une réforme du recrutement des enseignants. Cette réforme n’a pas pu aller jusqu’à son terme du fait de la dissolution et donc maintenant des affaires courantes », a expliqué la ministre. « Mais cette réforme est prête et elle devrait nous permettre d’améliorer le recrutement de nos enseignants ».
Décriée par les syndicats, cette réforme permettait un recrutement des enseignant·es à BAC+ avec deux années de préparation à l’exercice du métier sous statut d’élève fonctionnaire rémunéré 1400 euros puis fonctionnaire stagiaire à 1800 euros.
« Il aura fallu six mois de contestation pour que le ministère enterre la réforme de la formation initiale si chère à E Macron », nous dit Guislaine David, secrétaire générale de la FSU SNUipp. « Depuis plusieurs mois, la FSU SNUipp martèle qu’il était inconséquent de la mettre en place, claquant même la porte à plusieurs reprises. Mais le ministère continuait de foncer dans le mur en appuyant sur la pédale. À quelques semaines de la rentrée, il était devenu impossible de la mettre en œuvre ». « À rebours de cette réforme, il faut une réforme ambitieuse pour les futurs enseignants », ajoute la porte-parole. « On peut légitimement se demander si les programmes de cycle 1 et 2 ainsi que le décret sur la labellisation des manuels verront le jour où seront également enterrés. Ce que souhaite la FSU SNUipp ».
Même satisfaction du côté du Snes-FSU. « Il semble que la réforme ne s’appliquera pas à la rentrée et donc pour les concours 2025 et c’est une bonne chose », nous déclare Sophie Vénétitay. « Sur le fond comme sur la forme, ce n’était ni fait, ni à faire. Elle ne permettait en rien de résoudre les questions d’attractivité et portait même en elle les signes d’une profonde déqualification de nos métiers. C’est encore un échec de la méthode Macron dans l’Éducation : avancer les yeux rivés sur le calendrier politique en s’affranchissant du dialogue social, en passant outre les éléments techniques et en négligeant les dimensions budgétaires. Il faudra reprendre ce dossier de bout en bout ».
Lilia Ben Hamouda