Alors que la délinquance des mineurs est en baisse, Gabriel Attal lance son « sursaut d’autorité ». Laurence De Cock dialogue avec Françoise Dumont, présidente d’honneur de la LDH
L’extrême droite arrivant au pouvoir ne sera pas un choc, Gabriel Attal nous aura préparés. Soyons justes, il n’est pas seul, les vestes se retournent peu à peu, les temps changent, que voulez-vous.
Prenons l’éducation. Entre l’éducatif et le répressif, Gabriel a choisi « un sursaut d’autorité (…) face à l’addiction à la violence ». Il faut de la poigne, il faut leur serrer la vis à tous ces jeunots. Pas tous, hein, mais vous voyez de qui on parle. Ceux-là, il faudra même punir leurs parents. Gabriel reprend la vieille combine de la lutte contre les « sauvageons » ou contre la « racaille » et toutes ces populations dangereuses. Mais il ne s’agit pas de stigmatiser, ah ben non, bien sûr !
Et tant pis si la délinquance des jeunes est en baisse en France, tant pis si, selon le ministère de l’intérieur, le nombre de mineurs mis en cause dans des affaires judiciaires a diminué de 25 % entre 2019 et 2022. Ce qu’affirme le premier ministre est « un postulat qu’aucun chiffre ne vient étayer » selon le Conseil national des barreaux, la Conférence des bâtonniers, le Syndicat de la magistrature et la Ligue des droits de l’Homme. Entre autres. Mais tout ça, Gabriel s’en fout.
Sauter sur un fait divers, effrayer l’opinion, manipuler les peurs, exploiter les émotions, taxer les adversaires de « laxistes » sont les méthodes des petits chefs médiocres pour gagner le moindre suffrage et garder la voiture avec le chauffeur et le costard sur mesure. Jusqu’au jour où l’histoire s’amuse à en propulser un au sommet du pouvoir. Il arrive alors que celui qui frappe à la porte chez vous, au lever du jour, ne soit pas le laitier.
Gabriel Attal n’a rien inventé. Il n’est pas le premier à s’attaquer à la justice des mineurs. Depuis la fameuse ordonnance de 1945 (qui créait une justice pour les mineurs) visant à « protéger, assister, surveiller », on ne compte plus réformes et détricotages.
Mais rien de fatal là-dedans. Ce qui a été démoli peut être reconstruit, en mieux même. Nous avons toutes celles et ceux pour ça, toutes les compétences et les expériences.
Et puis faire un constat alarmant est plus déprimant que stimulant.
Aussi aujourd’hui, Gabriel n’étant pas disponible, Laurence De Cock reçoit Françoise Dumont, présidente d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme.
Non, mais alors !
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