Au hasard des ateliers : quelles pratiques Freinet en mathématiques ?
Libres paroles volées dans un atelier, comme autant de témoignages de la complexité des problèmes qui se posent à l’enseignant « Freinet ». Avec parfois quelques non-dits assourdissants..« Des exemples, du concret, du vécu ! ». C’est la demande récurente d’une jeune enseignante qui vient participer à l’atelier avec l’espoir qu’on lui donne des réponses efficaces pour sa rentrée… « On a des bons outils fait par le « chantier » Maths, formalisé à partir de situations vécues dans les classes, répond une plus chevronnée. Tu as la liste de 20 ou 30 items de mathématiques que tu pourras retravailler si tu n’arrives pas à saisir les situations mathématiques issues de situations concrètes : symétrie, nombre, mesure… Ca va t’aider… ».
Un collègue complète : « Moi, je fais des balades mathématiques au cours desquelles on prend des photos. Je demande aux gamins d’expliciter pourquoi ils font ce choix : Valentin qui se demande combien de bottes de paille il y a dans le tas qu’il a photographié… ».
« Comme Chauveau qui disait que les enfants ne voient pas l’écrit dans leur environnement, nous devons entraîner le regard des enfants sur ce qui peut être mathématique dans leur environnement… » précise l’animateur de l’atelier.
« La « méthode naturelle » en mathématiques, c’est une part de l’horaire, ou cela permet de traiter le programme ? » interroge une néophyte. « Pour moi, la méthode naturelle permet de découvrir les concepts, mais on a aussi besoin de moment d’explicitation collective qui sont indipensables » lui répond une collègue de grande section. L’échange entre enfants est indispensable si on veut prendre les mathématiques pour ce qu’elles sont : un langage. »
« Ce n’est pas le travail individuel qui va régler le problème, que ce soit avec un fichier ICEM ou un fichier Brissiaud . L’essentiel, c’est la communication que ça engage entre enfants, les échanges… » reprend l’animateur de l’atelier.
« Création, situation, recherche… ». Autant de moment constitutifs de la pédagogie Freinet que Michel redéfinit pour les jeunes participants. Pour Rémi, « nous voulons construire un groupe d’apprenants qui soit capable de se poser des questions, au-delà de ce que pu préparer artificiellement le manuel d’un éditeur. Lorsque c’est le maître qui pose la question, les élèves passent plus de temps à se demander ce que veut le maître qu’à chercher la véritable réponse à la question… On ne donne pas le même pouvoir aux enfants… »
« Pour moi, explique Michel, c’est lorque l’enfant dit « ah oui, c’est comme… » qu’il prend du pouvoir, qu’il se met à penser, parce qu’il fait des analogies, qu’il relie, qu’il reconnaît… »
« Ce qui est différent, en pédagogie Freinet, c’est que c’est l’enfant qui apporte ça recherche, et non le maître, qui va chercher sans le vouloir à éliminer tout ce qui ne correspond pas avec son objectif. Or, tout lien est mathématique. », reprend une anonyme, persuadée que c’est un aspect essentiel.
« Oui, on apprend qu’à partir de ce qu’on connaît, compléte une autre. Le groupe va aider à modifier ou détruire les représentations, contrairement à une « parole » du maître qui va rester présente quelques jours avant de se dissoudre… »
« Il ne faut pas oublier qu’un jour nos élèves vont se retrouver dans « une classe trad », sinon on risque de les mettre en difficulté. C’est pour cela que je n’exlus pas de les confronter avec des situations traditionnelles de manuel : « Maman part au marché, elle à 20 Euros… »
« Et le calcul mental ? » demande une béotienne. Frisson dans l’atelier… « Dans une scéance de création, on fait des tas de trouvailles, qui suscitent des engouements, des explications sur les « façons de faire », des entraînements… » assure une participante. « Le maître se doit de signaler que c’est un enjeu important » convient du bout des lèvres un autre.
Une jeune collègue, candide et d’une grande honnêteté, fait planer un doute sur l’aimable consensus qui règne jusqu’ici : « Moi, j’ai un souvenir cuisant de mon expérience dans une classe Freinet, où nous n’avions pas travaillé de manière structurée ces compétences en calcul mental, et j’en ai gardé longtemps une difficulté à entrer dans les activités mathématiques. Je pense qu’il est important que nous donnions aux enfants des outils organisés pour les aider à affronter… ». Plusieurs visages opinent, l’animateur s’en sort avec une petite pirouette, mais le débat glisse déjà sur un autre sujet…