Dans sa précédente chronique, Adèle Encoignard, professeure d’espagnol au collège Maurice de Broglie dans l’Eure, évoquait la difficulté de ses élèves à se projeter dans un avenir ambitieux. Elle traite à nouveau de cet enjeu pour les équipes éducatives des établissements de milieux ruraux.
Heure de vie de classe en 5ème. Pour leur apprendre à construire un oral, dans la perspective de leur future épreuve de DNB ,et pour aborder la découverte des métiers autrement, je propose aux élèves qui ont déjà un projet de réaliser un petit exposé sur le métier de leurs rêves.
Un élève passe et nous présente le métier de «caissier dans la petite supérette du village». Nous écoutons son exposé, puis on discute. On évoque l’idée d’élargir son projet à «travailler à la grande distribution en général», et à «d’autres villes pas trop loin d’ici». Non, il ne se voit pas faire autre chose que «caissier dans la petite supérette du village». Pourquoi pas, mais pourquoi pas aussi rêver un peu et voir plus grand ?
Ils sont nombreux parmi les élèves de notre collège ceux qui ont peur de partir plus loin, qui ne se donnent pas le droit de voir les choses en grand, et susciter l’ambition est un de nos défis majeurs. Nous nous engageons tous beaucoup dans ce sens.
En tant que professeure principale de 5ème, une de mes actions allant vers cet objectif est l’invitation de professionnels dans ma classe. Pour rendre l’intervention des professionnels plus ludique pour les élèves, j’ai repris un concept qu’avaient déjà mis en place deux enseignants d’un collège proche du mien, celui de l’invité mystère : les élèves, pendant les dix premières minutes, posent des questions au professionnel pour deviner quel est son métier, ensuite, le professionnel leur présente son quotidien, ses études.
Pour les élèves d’un collège rural, qui ont accès à moins d’opportunités d’ouverture qu’en ville, ces séances ont vraiment une impact important .Une infirmière urgentiste est venue dans la classe. Les élèves ont deviné son métier, elle nous a expliqué son quotidien et sa formation, puis nous a montré un diaporama très clair et très complet sur les autres professions du secteur hospitalier. C’est ainsi qu’une élève de la classe, dont le projet professionnel était « nounou » a découvert le métier d’auxiliaire de puériculture et s’est dit que ça lui plairait bien. Peut-être sera t’elle assistante maternelle un jour, mais peut-être qu’elle passera aussi ce diplôme et pourra enrichir son expérience en travaillant en crèche, en maternité, l’envie est née et elle a envie de considérer cette possibilité.
Un petit défi de gagné, et c’est sûr, je continuerai à organiser et développer ces rencontres entre nos élèves et les professionnels.
Adèle Encoignard