Décidemment, la concertation n’est pas le fort de la présidente de la région Ile-de-France selon Yannick Trigance, conseiller régional. Dernière action en date : le passade de tous les manuels des lycéens sur un format « granulés » (rendant peu explicite la progressivité des programmes) sans en discuter avec les principaux concernés : les enseignant·es, les élèves et leurs parents. Une décision à rebours du discours de Gabriel Attal sur les écrans devant l’assemblée Nationale. « L’éducation ne peut ni ne doit faire l’objet d’aucune économie et d’aucune proposition d’ordre pédagogique sans concertation avec les principaux intéressés, pédagogie placée aujourd’hui par l’exécutif régional sous les fourches caudines d’arguties budgétaires déconnectées de l’enjeu que constituent les apprentissages et la réussite de tous nos jeunes » alerte Yannick Trigance.
Sans même en informer les élu·es régionaux d’Ile-de-France membres de la commission lycées ni aucun membre de la communauté éducative, Madame Pécresse et son Vice-Président Chéron ont décidé d’imposer dès la rentrée de septembre dans les lycées franciliens ayant opté pour des ressources 100% numériques, la « granularisation » de l’ensemble des manuels scolaires numériques via la plateforme « Pearltrees ».
Face à ce choix – loin d’être anodin – et au manque de concertation avec les représentants syndicaux des enseignants, des lycéens et des parents d’élèves, des questions essentielles aujourd’hui sans réponse se posent et nécessitent des explications de la part de l’exécutif régional.
Pourquoi ne pas avoir concerté sur un sujet qui va modifier considérablement le quotidien des enseignants et des lycéens, obligeant les professeurs à se former à ce nouveau modèle dans un délai très contraint ?
En effet, à partir de septembre 2024, soit un délai particulièrement court, tous les manuels seront granularisés et hébergés sur la plateforme « Pearltrees ». Les lycéens n’auront plus de manuels « complets » ; ils devront suivre leur cours sur la plate-forme en cliquant sur des « granules », déstructurant la qualité des progressions pédagogiques proposées dans les manuels scolaires.
Cette décision prise en catimini s’inscrit dans une politique éducative régionale aux conséquences pédagogiques extrêmement problématiques tant pour les enseignants que pour les élèves :
- Fin du manuel scolaire structuré, qui permettait aux enseignants et aux élèves de suivre la progression des programmes du ministère de l’Éducation nationale ;
- Pression sur les enseignants qui vont devoir totalement transformer la structuration de leurs cours et des documents utilisés dans un laps de temps particulièrement contraint ;
- Aggravation des inégalités sociales entre les élèves dont les parents peuvent suppléer à l’absence de manuels, et ceux qui n’en ont pas les moyens, ce qui va engendrer des inégalités d’apprentissages sur le territoire de la région ;
- Risque d’une éducation à la « Netflix », où les élèves pourraient cliquer sur les capsules d’apprentissage de leurs choix ;
- Risque de mettre fin à un programme clair et organisé proposé dans les manuels scolaires ;
- Augmentation du temps d’écran chez les jeunes qui y passent déjà en moyenne plus de 5 heures entre les téléphones portables, les ordinateurs et les tablettes ;
- Risque de photocopillage et donc d’augmentation de la redevance gérée par le CFC (Centre français d’exploitation du droit de copie) ;
Au regard de tous ces éléments, il est encore temps pour Madame Pécresse de rétablir une totale transparence sur cette décision et par exemple de créer dans les plus brefs délais un groupe de travail composé des représentants des syndicats d’enseignants, de lycéens, de parents d’élèves, d’éditeurs et des élu.es régionaux membres de la commission lycées, afin de prendre en compte les inquiétudes et propositions de toutes et tous.
L’éducation ne peut ni ne doit faire l’objet d’aucune économie et d’aucune proposition d’ordre pédagogique sans concertation avec les principaux intéressés, pédagogie placée aujourd’hui par l’exécutif régional sous les fourches caudines d’arguties budgétaires déconnectées de l’enjeu que constituent les apprentissages et la réussite de tous nos jeunes.
Yannick TRIGANCE
Conseiller régional Ile-de-France