Présent au Forum des Enseignants Innovants en tant que « voisin », Stéphane Marcireau (Professeur au lycée Union-Chrétienne de Poitiers) propose d’apprendre la philosophie autrement. La forme de ses cartes mentales étonne tout d’abord celle ou celui qui s’imagine découvrir un schéma avec en son centre un sujet duquel parte des sous-sujets, sous forme d’arborescence, et des branches ou/et ramifications qui sont les idées ou mots-clés qui y sont liés. Son jeu de carte (un des éléments du jeu) est figuratif, pré-dessiné, destiné aux enfants dès l’âge de 7 ans. Ici il décline son usage auprès de ses élèves de lycée.
Hormis votre observation d’une élève qui dessine le contenu de votre cours, quels autres déclencheurs ont motivé la création de cet outil ?
Je remarque que l’image apporte un moyen d’accès aux textes difficiles. J’ai été influencé par le concept d’intelligences multiples de Howard Gardner, notamment l’intelligence visuelle/spatiale qui correspond à la capacité de créer des images mentales. Cette capacité, je la mets en pratique en proposant des planches dessinées, que l’élève personnalise à sa guise en y ajoutant ses textes, mots-clés, citations, concepts, couleurs, liens…J’estime que la variété des supports va converger vers la construction d’une synthèse des idées de chaque auteur, et vers la constitution de sens et de cohérence entre leurs divers théories.
Dans quelle proportion, à quels moments stratégiques proposez-vous l’usage de ce support aux élèves ? Y adhèrent-ils spontanément ?
Ce jeu ainsi créé complète le cours, en proposant une trame imagée au contenu du cours. Les cartes pré-dessinées permettent à chacun d’y faire figurer des indices récupérateurs, des informations faciles à retenir qui évoquent une autre information plus difficile à retenir. Le principe du « fil tiré de la pelote » au bout duquel est l’information recherchée favorise la mémorisation. L’usage collaboratif des cartes développe l’argumentation, et peut servir d’élément de préparation à la dissertation, au grand oral…Ces dimensions individuelle et collective animent les échanges et sont porteuses d’enthousiasme chez les élèves.
Sa diffusion rencontre-t-elle des obstacles ?
Le jeu est utilisable à diverses occasions : ateliers philo, animations pour les plus jeunes, cours, exposés… Les retours des collègues utilisateurs sont positifs. Certains y voient un moyen de synthétiser les idées développées en cours, d’enrichir le vocabulaire, de visualiser les points clés renvoyant aux cours dispensés, d’illustrer des présentations, même dans d’autres disciplines scolaires (mathématiques, français…).
Ce jeu « Philodéfi » est accessible aux collègues, il permet de « dialoguer » avec 12 philosophes et de travailler plus de 80 notions de philosophie, en cours, ou éventuellement pour répondre à la curiosité de chacun·e, en dehors de l’École.
Propos recueillis par Jean-François Liaudiois