À quelques heures de l’annonce des résultats du Programme International pour le suivi des acquis des élèves (PISA), Claude Lelièvre revient sur les résultats des précédentes éditions. Et s’ils étaient d’une « honnêteté moyenne », ils ont révélé l’incapacité du système français à résorber les inégalités sociales.
Contrairement à ce qui est parfois suggéré voire affirmé, les résultats des différentes livraisons de PISA qui se sont succédé tous les trois ans depuis 2000 jusqu’à 2018 n’ont été ni glorieux ni catastrophiques. En moyenne (toutes catégories sociales ou genre confondus), ils ont été en effet pour l’essentiel d’une ‘’honnête moyenne’’.
En mathématiques : en l’an 2000, on commence fort avec 517 pour la France (nettement au-delà de la moyenne théorique de 500) ; puis 511 encore en 2003. Mais forte baisse en 2006 : 496 pour la France (contre 495 pour l’ensemble des pays évalués). Et l’on se maintient ensuite légèrement au -dessus de la moyenne des autres pays pour les livraisons suivantes : en 2009, 497 (496) ; en 2012, 495 (494), en 2015, 493 (490) ; en 2018, 495 (489).
En sciences, on commence moyennement en l’an 2000 avec 500 ; on est nettement au-dessus de la moyenne en 2003 avec 511. Mais on se retrouve ensuite, comme en mathématiques, sur la ligne de crête des résultats moyens pour toutes les livraisons suivantes : en 2006, 495 (498) ; en 2009, 498 (501) ; en 2012, 499 (501) ; en 2015, 495 (493) ; en 2018, 493 (489).
En lecture : on est là aussi sur la ligne de crête de résultats tout à fait moyens, avec deux (petites) exceptions : 505 en l’an 2000 et 505 en 2012 (contre 496 pour l’ensemble des pays évalués). Pour les autre livraisons : en 2006, 488 (492); en 2009, 496 (493) ; en 2015, 496 (493) ; en 2018, 493 (487)
Ces résultats en moyenne (toutes catégories sociales ou genre confondus) d’une ‘’honnête moyenne’’ et pour l’essentiel constants (en particulier depuis 2006) expliquent pour une part qu’il n’y a pas eu de ‘’choc PISA ‘’en France.
Cela ne signifie pas pour autant qu’aucun problème ne nous a été révélé par PISA, tant s’en faut. Le plus important et récurrent s’avère celui des inégalités de résultats selon les origines socio-culturelles, nettement plus marquées en France que dans la plupart des autres pays, mis au jour et en avant dès PISA 2006.
Le rapport PISA 2015 note que « le milieu socio-économique explique en France plus de 20% de la performance obtenue en sciences par les élèves de 15 ans (contre seulement 13 % pour la moyenne de l’OCDE). Seuls la Hongrie et le Luxembourg se situent également à un niveau supérieur à 20% »
Le rapport PISA 2015 souligne que « la progression de l’indice PISA de statut économique, social et culturel entraîne une augmentation du score en mathématiques de 38 points, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, et de 57 points en France – soit l’équivalent de bien plus d’une année de scolarité. La France affiche la différence de score la plus marquée de tous les pays et économies partenaires participants à l’enquête. Cette différence est stable depuis 2006 »
Environ 20% des élèves favorisés, mais seulement 2% des élèves défavorisés, sont parmi les élèves très performants en compréhension de l’écrit en France (au niveau 5 ou 6) pour des proportions respectives de 17% et 3% en moyenne dans les pays de l’OCDE
Les résultats de la livraison 20i8 de PISA montrent que « le niveau à l’écrit des 10% d’élèves des familles les plus riches équivaut à une avance de trois années scolaires environ par rapport aux 10 % d’élèves les plus pauvres » En France, cet écart atteint quatre années. Environ 20% des élèves favorisés, mais seulement 2% des élèves défavorisés, sont parmi les élèves très performants en compréhension de l’écrit en France (au niveau 5 ou 6) pour des proportions respectives de 17% et 3% en moyenne dans les pays de l’OCDE
Les résultats montrent que la France favorise la réussite d’une élite, celle des enfants qui réussissent le mieux. L’étude met en relief une différence de 107 points entre les élèves issus d’un milieu favorisé et ceux issus d’un milieu défavorisé, nettement supérieure à celle observée en moyenne dans les pays de l’OCDE (88 points). Cet écart se stabilise toutefois depuis une dizaine d’années. Il était de 110 points en 2009.
Claude Lelièvre