Joelle Gontier, plasticienne et créatrice de la grande lessive, propose que le 19 octobre prochain, les écoles et établissements fassent « vivre ensemble la fraternité, l’altérité et la coopération au moyen d’une installation qui sollicite la créativité ». « Nous ne partirons pas de rien puisque 3000 collectifs participent déjà à cet événement national et international qu’est La Grande Lessive » explique-t-elle. « Ses étendages passeront par les établissements où les équipes éducatives décideront qu’après le silence du recueillement, les mots posés pour dire la douleur et apaiser les craintes, vient le temps d’une leçon en vraie grandeur : celle qui consiste à éduquer, enseigner, encore et encore ».
« La vie est un risque inconsidéré pris par nous, les vivants ».
Anne Dufourmentelle
Ne pas oublier ne signifie pas arrêter de vivre. Éduquer, enseigner, encore et encore, apparaît même la seule riposte valide aux déferlements de haine qui ravagent notre planète et anéantissent des existences.
En effet, comment apprendre avec la terreur du jour qui point et celle de ses lendemains ? Comment éduquer ses enfants sans horizon à leur proposer ? Comment enseigner si l’absence de perspectives s’impose en donnée permanente et irréversible ? Le savoir et le désir vont de pair. Mais comment retrouver du désir à enseigner et à apprendre quand l’effroi tétanise ou lorsque l’indifférence, la lassitude, l’incompréhension, le repli sur soi, la défiance, la douleur, la concurrence ou la haine s’invitent au plus profond des communautés scolaires en laminant la vocation et les idéaux de l’école républicaine ? Comment ne pas se sentir seul·e, sans défense et protection ?
Oui, il faut savoir pourquoi on se lève le matin ! Il faut savoir pourquoi on passe du temps à préparer des cours, quand bien même aucun remerciement ni évaluation de leurs retombées à long terme sur l’étendue de la vie des élèves qui en bénéficieront, ne sont à attendre. Il faut aussi savoir comment se relever et tenir debout après des coups reçus par un autre qui, étrangement, nous percutent tous, comme si nous ne formions qu’un seul corps.
En réalité, nous sommes moins seul que le ressenti quotidien le laisse supposer. Alors, le 19 octobre prochain, pourquoi ne pas faire vivre ensemble la fraternité, l’altérité et la coopération au moyen d’une installation qui sollicite la créativité ? Nous ne partirons pas de rien puisque 3000 collectifs participent déjà à cet événement national et international qu’est La Grande Lessive. Ses étendages passeront par les établissements où les équipes éducatives décideront qu’après le silence du recueillement, les mots posés pour dire la douleur et apaiser les craintes, vient le temps d’une leçon en vraie grandeur : celle qui consiste à éduquer, enseigner, encore et encore.
La Grande Lessive peut s’improviser. Il suffit à chacune et chacun de réaliser une peinture, une photographie ou autre image numérique, un dessin, un collage de format A4 à partir d’un point de réflexion commun « Avec ou sans eau ? », avant de le suspendre à un fil tendu dans la cour de récréation au moyen de deux pinces à linge. En choisissant l’eau, nous n’avions pas prévu que les larmes se mêleraient à un élément aussi vital. Si elles s’invitent jeudi ou si la pluie inonde le ciel, nous ferons avec. La leçon tient aussi en la capacité de trouver sur le moment des solutions à des problèmes imprévus ou insoupçonnables. La création offre ainsi une occasion de naître à soi-même. Après tant de morts, ne nous privons ni de ce risque, ni de lumière et d’amitié.
Joëlle Gonthier, plasticienne, créatrice de La Grande Lessive
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