Marie-Neige Coche est professeure d’histoire-géographie, EMC, HGGSP, DNL en espagnol au Lycée Alain dans Le Vésinet (Yvelines). Elle présente au Café pédagogique les enjeux et son expérience de l’enseignement de la DNL (Discipline Non Linguistique), l’Histoire, en espagnol.
Comment en êtes-vous venue à enseigner la DNL?
J’ai commencé à enseigner l’histoire en espagnol en 1997, dès ma titularisation, dans l’académie du Nord où il y avait des besoins de professeurs maîtrisant les langues étrangères. Je revenais de 6 années passées à Madrid où je travaillais en entreprise et maîtrisais l’espagnol. J’avais une connaissance approfondie du pays et j’étais enthousiaste à l’idée d’enseigner l’histoire et la culture de ce pays.
Cet enseignement avait été structuré par l’institution au début des années 1990 dans le cadre de l’approfondissement européen. Il incluait des projets de voyage ou jumelage en collaboration avec les professeurs de langue.
Quels objectifs a cet enseignement et à qui s’adresse-t-il?
Il avait pour objectif d’améliorer la connaissance des langues et des cultures étrangères des élèves. L’objectif est généralement atteint par les élèves qui s’engagent dans les sections européennes. Les classes sont composées d’environ 25 élèves. Ils reçoivent 1 heure de cours par semaine (en Seconde/Première/Terminale) de discipline non linguistique – dans mon cas, l’histoire et la géographie en espagnol – par un professeur « profilé », c’est à dire qui a reçu une certification. Les élèves reçoivent des heures de cours de langue en plus, dispensées par les professeurs de langue.
Ils passent un examen oral en fin de Terminale, sur un texte d’histoire, devant un binôme composé d’un professeur de langue et du professeur de DNL, pendant 20 minutes – 10 minutes d’exposé et 10 minutes d’interaction sur les activités réalisées en classe euro. Ils peuvent ainsi obtenir la « mention européenne » du bac, qui figure sur leur diplôme. La plupart du temps, l’examen est couronné de succès.
Quel lien avez-vous entre les enseignants de langue et de DNL?
En classe européenne les enseignants de DNL et de langue doivent coopérer afin de renforcer l’apprentissage des notions: ils s’informent mutuellement, et réalisent des projets- expositions, voyages, films. Dans l’établissement, ils sont reconnus comme une équipe.
Les élèves apprécient de faire un apprentissage différent: par exemple, ils aiment bien étudier l’histoire de l’Espagne et de l’Amérique Latine, histoire qui ne figure pas en tant que telle dans les programmes. Ils sentent bien cela décentre leur regard ce qui suscite leur intérêt: c’est le cas de l’histoire de la Guerre Civile par exemple, ou des civilisations précolombiennes.
D’autre part les cours font une belle part aux entrées culturelles, à travers les artistes-peintres par exemple, qui sont l’objet d’exposés. Les œuvres sont contextualisées et décrites.
En classe de Seconde, quand ils arrivent au lycée, les élèves sont généralement surpris et déconcertés par la démarche, puis ils s’y habituent peu à peu, notamment en faisant des exposés qui les conduisent à manier un vocabulaire spécifique, historique, géographique, artistique. Le professeur corrige une partie des erreurs mais ne fait pas de grammaire. Le travail est essentiellement oral, mais il y a toutefois régulièrement des interrogations écrites dans lesquelles les élèves doivent restituer en espagnol des événements historiques simples et datés, rédiger une petite biographie d’un personnage. Ils doivent apprendre le vocabulaire par cœur.
Comment concevez-vous le lien entre DNL et histoire?
Le travail en DNL est un travail de la discipline: ici il s’agit de l’histoire-géographie, avec ses méthodes – présentation, description, analyse des documents. Le professeur inscrit son enseignement dans le cadre chronologique et thématique du programme d’histoire-géographie de l’année à l’intérieur duquel il fait ses choix avec une certaine liberté. En Terminale, le programme est fixé précisément et une banque de sujets est mise au point, par l’Inspection et les collègues.
Propos recueillis par Djéhanne Gani