Les enseignants de SEGPA sont des enseignants du premier degré – professeurs des écoles – exerçant dans le second degré. A plusieurs égards, leur situation professionnelle évolue dans un no man’s land. Un collectif d’enseignants de segpa « désabusés » a voulu témoigner dans les colonnes du Café pédagogique. Ils signent cette tribune.
Certains enseignants ne sont vraiment pas logés à la même enseigne. Nous ne vous parlerons pas des différences salariales entre les enseignants du 1er et du 2nd qui sont tellement criantes entre ceux du collège et lycée qui ont des primes, des heures supplémentaires annualisées, des heures supplémentaires effectives et ceux des écoles primaires qui n’ont rien. Cela pourra faire l’objet d’un autre texte. Mais non, ce n’est pas l’objet de ce texte -là. Je vous parlerai des enseignants spécialisés en S.E.G.P.A. qui subissent injustice et manque de reconnaissance depuis de trop nombreuses années.
Ce sont des enseignants du 1er degré, spécialisés dans la difficulté scolaire et la remédiation, titulaire du C.A.P.P.E.I. Ils enseignent à des élèves de 6ème à la 3ème qui ont connu des difficultés pour entrer dans les apprentissages et qui ont eu une notification S.E.G.P.A. pour suivre une scolarité adaptée.
Engagés dans les mêmes missions du 2nd degré, ils ne touchent pourtant pas l’indemnité de professeur principal (entre 1 308,72 € et 1 609,44 € l’année) et quand ils arrivent à obtenir des heures supplémentaires, ils sont moins payés que leurs collègues du 2nde degré (entre 5 € et 10 € d’écart suivant les missions). Les enseignants en S.E.G.P.A. sont très nombreux à dénoncer ces injustices mais étant bien moins nombreux que les enseignants du 2nd degré, leurs revendications sont souvent restées lettre morte. Il a quand même fallu attendre le décret n°2017-967 du 10 mai 2017 pour que les enseignants spécialisés travaillant au 2nd degré puissent toucher l’I.S.A.E., soit 10 ans après les collègues du 1er degré exerçant en école élémentaire ….. et 24 ans après les collègues du 2nd degré !!!!!
Le Pacte pouvait sembler apporter une bouffée d’oxygène financière à ces enseignants. Certains enseignants, sur les principes des heures supplémentaires effectives, remplissaient déjà les missions de soutien aux 6èmes ou de devoirs faits ….. mais payées une vingtaine d’euros de l’heure sur toute l’année au lieu de 35-40 € pour les professeurs du 2nd degré. Les parts fonctionnelles d’« Heures de soutien et d’approfondissement de mathématiques et français 6ème » et « Devoirs faits » leur faisaient entrevoir une nette accélération salariale puisque l’heure allait être payée 69 € pour une mission de 18 heures ou 52 € pour une mission de 24 heures. C’était sans compter sur notre système tellement peu à l’écoute de la justice salariale.
Car, à la rentrée, malgré une pré-inscription à ces missions et une validation de ces missions sur les emplois du temps, il est impossible à un-e principal-e de collège de payer un enseignant du 1er degré sur des financements 2nd degré car ces enseignants n’apparaissent pas dans la base de payement du collège. Point de souci ….. allons voir du côté de l’Inspection du 1er degré qui gère ces enseignants. Et bien non …… car travaillant dans le 2nd degré, les enseignants du 1er degré n’apparaissent pas sur leur liste. Résultat des courses ?? Des enseignants spécialistes de la difficulté scolaire et de la remédiation ne peuvent pas participer à une mission d’aide et de soutien, ni à celle des devoirs …… pourtant ouverte à tous les autres enseignants du 1er degré.
Mais quand va arrêter cette mascarade et quand les enseignants du 1er degré travaillant dans les collèges, et surtout ceux de S.E.G.P.A, vont-ils enfin pouvoir être rétribués comme tous les autres enseignants et être rétribués pour toutes les missions effectuées? J’espère ne pas être à la retraite pour le voir.
Des enseignants de Segpa désabusés