« Les différentes annonces en matière de lycée professionnel sont un gloubi boulga d’hypocrisies présidentielles » dénonce Sigrid Gérardin, Co-secrétaire générale du SNU.EP-FSU lors de la conférence de presse du syndicat. « Carole Grandjean évoque une réforme structurelle et managériale, pour le coup c’est le point sur lequel nous sommes d’accord. Mais pour nous, c’est loin d’être une bonne chose. Nos responsables politiques gouvernent à coup de slogans mensongers. L’interview du président accordée au Point en est la preuve. Emmanuel Macron y a accumulé les contre-vérités et les omissions volontaires. Leur stratégie est simple : comment donner réponses simples à des problèmes complexes ».
La réforme portée par le Président et la Ministre n’aurait qu’un seul objectif selon Sigrid Gérardin : transformer nos lycées professionnels sur le modèle apprentissage, « pourtant un modèle qui ne fonctionne pas ». Cinq briques sur les onze spécifiques au lycée professionnel sont orientées vers le modèle de l’apprentissage soutient-elle. « La brique décrochage est la plus emblématique. Elle est en lien avec le dispositif TDO (Tous Droits ouverts) dont objectif est de détecter le jeune en décrochage pour les extraire de l’école et le placer dans une structure d’insertion de proximité, et ce sur la base de signaux faibles ». « C’est grave et c’est stupide » tacle-t-ellle. « C’est le Ministère de l’Éducation national qui organise la déscolarisation des jeunes en difficulté ».
L’apprentissage coute deux fois plus cher que le lycée professionnel
Le SNU.EP-FSU rappelle, comme il le fait depuis des années, que la différence entre l’apprentissage et le lycée professionnel est loin d’être anodine. « Un jeune apprenti est salarié, et donc soumis au code du travail. Un lycéen est un élève, c’est une dynamique très différente ». « Il ne faut pas oublier qu’un rapport de la cour des comptes a mis en lumière que si l’apprentissage fonctionne, c’est surtout car il est perfusé par l’argent public. Si on veut être pragmatique, comme n’a eu de cesse de le répéter Gabriel Attal, il serait judicieux de rappeler que les apprentis coûtent 19 000 euros aux contribuables alors que le lycéen professionnel seulement 9 000. C’est loin d’être pragmatique en période d’austérité surtout lorsque les différents indicateurs montrent que le lycée professionnel est plus efficace pour la classe d’âge des élèves que nous scolarisons » ironise la secrétaire générale.
Une réforme qui dépend exclusivement du nombre de pactés
Pour que la réforme soit effective sur le terrain, il faut qu’un nombre conséquent de professeurs de lycée professionnel (PLP) signent le Pacte. Sur les quinze missions qui leurs sont proposées, onze sont le support du déploiement de la réforme. Les responsables syndicaux reconnaissent que pas mal de leurs collègues risquent de « s’empacter ». « Il y a un déclassement historique du salaire des professeurs. Les convaincre de ne pas signer sera une tâche complexe mais il en est de l’avenir du lycée professionnel. L’action de l’intersyndicale en juin dernier a permis un premier blocage sur le projet de six briques non sécables obligatoires pour les PLP. Il va falloir continuer de convaincre » explique Sigrid Gérardin. Et puis, dans les lycées professionnels, plus de 16% des professeurs sont contractuels, « on leur met un peu la pression en leur disant que ce serait vraiment vraiment bien qu’ils signent » dénonce-t-elle.
Alors le syndicat s’attelle à montrer que les mesures annoncées qui peuvent sembler a priori positive pour les élèves sont en réalités des « arnaques ».
Sur les groupes à effectif réduits, ce sera dépendant de si le professeur de français ou de mathématiques – ce sont les seules disciplines concernées – pacte ou pas. S’il signe, il doublera ses plages horaires avec ses élèves, pouvant les prendre ainsi en deux groupes. Si le professeur ne signe pas, tant pis pour les élèves. De quoi faire culpabiliser les enseignantes et enseignants qui ont toujours à cœur la réussite de leurs élèves ? Concernant les options tant vantées par le ministères, le syndicat les associe à du « périscolaire plus qu’à du scolaire ». « Si j’aime cuisiner, je peux proposer un atelier pizza. En quoi suis-je légitime ? Tout cela éloigne du cœur du métier » s’exaspère la responsable syndicale. Pour finir, le BAC+1 qui serait une nouveauté est loin d’en être une. « Ce sont les mentions complémentaires, cela existe déjà, ils ont juste changer de nom… auparavant financé par la DHG, cela maintenant soumis au Pacte ».
Lilia Ben Hamouda