Dans une note de service, la Direction de l’Évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) étudie l’évolution des rémunérations des enseignants entre 2020 et 2021. Pour le service statistique, un enseignant sur deux a été augmenté lors de cette période (principalement grâce au Grenelle de l’environnement, la hausse de l’indemnité REP+ et au déploiement du PPCR).
« En 2021, un enseignant rémunéré par le ministère chargé de l’éducation nationale, qu’il soit à temps complet, à temps partiel ou incomplet, perçoit en moyenne par mois un salaire net mensuel moyen de 2 590 euros » écrit le service statistique du ministère de l’Éducation nationale. Alors qu’un contractuel touche en moyenne 1 990 euros, l’enseignant titulaire perçoit en moyenne 2650 euros par mois. Un enseignant à temps complet touche 2 710 euros nets mensuels contre 1 870 euros pour un enseignant à temps partiel ou incomplet.
Les professeurs de chaire supérieure et les autres
Le salaire d’un enseignant du premier degré comporte une part de 10% de primes et indemnités, cette part atteint en moyenne 16% pour un enseignant du second degré indique la Depp. Sans surprise, ce sont les professeurs de chaire supérieure et les agrégés qui perçoivent les salaires nets moyens les plus élevés, « en moyenne 3 670 euros par mois. Ils sont moins souvent à temps partiel mais le constat reste vrai pour ceux à temps complet. En effet, ils bénéficient à la fois des grilles de rémunération les plus avantageuses et d’obligations réglementaires de service facilitant l’exercice d’heures supplémentaires. 90 % d’entre eux gagnent au moins 2 590 euros par mois, jusqu’à plus de 4 800 euros pour les 10 % les mieux rémunérés ».
À l’autre bout de l’échelle des rémunérations, les professeurs des écoles dont 67 % perçoivent un salaire net mensuel moyen inférieur à 2 590 euros. « Outre leur plus grande propension à être à temps partiel ou incomplet et sur des quotités plus faibles, ils perçoivent moins fréquemment des compléments de rémunération (primes hors ISAE, heures supplémentaires) ». Alors que les professeurs certifiés, d’éducation physique et sportive (EPS) et les professeurs de lycées professionnels (PLP), sont rémunérés sur la même grille indiciaire que les professeurs des écoles, ils perçoivent en moyenne un salaire net supérieur de respectivement 11 %, 12 % et 19 %.
Titulaires et contractuels : des écarts de salaire importants
« L’écart de salaire entre les enseignants contractuels et les enseignants titulaires est important » précise le service statistique qui explique cet écart par le fait que les contractuels exercent plus fréquemment à temps incomplet, qu’ils sont positionnés sur des grilles de rémunération plus faibles et sans règles communes d’avancement et qu’ils sont en moyenne plus jeunes, donc plus nombreux à percevoir des salaires de début de carrière.
Une inflation qui impacte les rémunérations en euros constants
« Si on compare le salaire net moyen de 2020 et celui de 2021, on constate une hausse de 1,0 % des rémunérations » selon la Depp. Cette hausse s’explique en partie par l’introduction des mesures du Grenelle de l’éducation, « qui incluent, d’une part, le versement de la prime d’équipement informatique aux enseignants qui exercent des missions d’enseignement, et d’autre part, celui de la prime d’attractivité aux enseignants positionnés dans les échelons 2 à 7 de classe normale ainsi qu’aux contractuels enseignants et une progression du taux de promotions à la hors classe ». La revalorisation de de 470 euros bruts de l’indemnité en éducation prioritaire expliquent aussi en partie l’évolution globale des rémunérations. La poursuite du déploiement du PPCR avec la création d’un 7e échelon en hors classe, le relèvement des taux d’accès à la classe exceptionnelle et l’augmentation du taux d’accès à la hors classe participent aussi à la hausse des rémunérations.
Cette augmentation est tempérée par la hausse de l’inflation, 1,6% en 2021 contre 0,5% en 2020 et la poursuite du gel du point d’indice. « Parmi les titulaires, 52 % d’entre eux observent une hausse de leur salaire net en euros constants, 17 % voient leur salaire stagner et 31 % leur salaire diminuer. La part des enseignants titulaires ayant connu une augmentation de salaire en euros constants diminue de 7 points par rapport à 2019-2020 (passant de 59 % à 52 %). En effet, l’inflation était plus faible en 2020 (1,1 %), ce qui limitait son effet sur le salaire en euros constants » écrivent les auteurs de la note. « Parmi les titulaires, l’augmentation du salaire net en euros constants a été aussi fréquente pour les enseignants du premier degré que pour ceux du second degré : 52 % des enseignants des premiers et second degrés ont enregistré une hausse d’au moins 1 %. Cette hausse s’explique en partie par le versement des primes d’attractivité et d’équipement informatique au courant de l’année 2021. Néanmoins, les enseignants du second degré ont connu plus fréquemment une baisse de leur salaire en euros constants : 33 % contre 29 % pour les professeurs des écoles dans le premier degré ».
« En l’absence d’évolution en termes de corps, grade, échelon et de rythme de travail (ce qui concerne 52 % des titulaires 2020 toujours présents en 2021), la moitié des enseignants salaire net stable à – 0,3 % » pour les titulaires note la Depp. « Avec un salaire net moyen de 1 910 euros par mois, la moitié des enseignants contractuels en 2020 toujours présents en 2021 ont enregistré une hausse de salaire d’au moins 1,9 %. La titularisation pour 8 % d’entre eux et l’augmentation de la quotité pour 22 % d’entre eux sont à l’origine des plus fortes augmentations salariales ».
Lilia Ben Hamouda