« On a une institution emprise encore et encore de Jules Ferry et ses préceptes… Feriez vous encore votre le recommandation de Jules Ferry aux instituteurs ?… J’ai l’impression que l’Education nationale est restée dans cette philosophie. Et tant qu’ils y resteront, on n’y arrivera pas ». Mais qui en veut à ce point à Jules Ferry ? Et que lui reproche-t-on ? Ce 4 juillet, devant la Mission de contrôle du Sénat « sur les menaces et les agressions contre les enseignants », c’est un des leaders des Républicains, le sénateur Jacques Grosperrin qui s’adresse à Pap Ndiaye.
Que reproche t-il à Jules Ferry ? Ces propos célèbres extraits de la « Lettre aux instituteurs » du 27 novembre 1883 et que cite J Grosperrin. » Vous êtes l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille : parlez donc à son enfant comme vous voudriez que l’on parlât au vôtre ; avec force et autorité, toutes les fois qu’il s’agit d’une vérité incontestée, d’un précepte de la morale commune ; avec la plus grande réserve, dès que vous risquez d’effleurer un sentiment religieux dont vous n’êtes pas juge. Si parfois vous étiez embarrassé pour savoir jusqu’où il vous est permis d’aller dans votre enseignement moral, voici une règle pratique à laquelle vous pourrez vous tenir. Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire ; sinon, parlez hardiment : car ce que vous allez communiquer à l’enfant, ce n’est pas votre propre sagesse ; c’est la sagesse du genre humain » Un an après le vote de la loi du 28 mars 1882, J. Ferry écrit aux instituteurs sur l’éducation morale qu’ils doivent enseigner à la place de la morale religieuse.
« Je ne vois pas en quoi cette citation serait dépassée« , répond Pap Ndiaye. « Elle me semble encore devoir être défendue. Parler hardiment c’est une manière de dire aux professeurs « n’ayez crainte. Ne reculez pas devant les menaces et les contestations pédagogiques ». Je peux reprendre à mon compte Jules Ferry« . Curieux destin que celui de Jules Ferry, « le Tonkinois », colonisateur présenté en fondateur de l’islamo gauchiste, fondateur de l’École transformé en corrupteur de la jeunesse par la droite. Avec Grosperrin nous voici revenu plus d’un siècle en arrière, à l’époque où les conservateurs catholiques défendaient leur école contre celle de la République.
Il est vrai que Jules Ferry allait encore plus loin. « Mais une fois que vous vous êtes ainsi loyalement enfermé dans l’humble et sûre région de la morale usuelle, que vous demande-t-on ? », poursuivait-il. « Des discours ? des dissertations savantes ? de brillants exposés, un docte enseignement ? Non ! La famille et la société vous demandent de les aider à bien élever leurs enfants, à en faire des honnêtes gens. C’est dire qu’elles attendent de vous non des paroles, mais des actes… On a compté sur vous pour leur apprendre à bien vivre par la manière même dont vous vivrez avec eux et devant eux« . Pédagogiste et islamo-gauchiste, Jules Ferry…
F Jarraud