Alors que le Ministre promet des annonces sur la revalorisation des professeurs via le volet Pacte – qui suppose travailler plus pour gagner plus, le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire dans le premier degré, a lancé une consultation sur le temps de travail afin de « montrer concrètement ce que représentent les Obligations réglementaires de services, les fameuses 108 heures annuelles (…) et de démontrer au Ministre la réalité d’un terrain qu’il ne connaît pas ». Plus de 30 000 enseignants et enseignantes se sont saisis de l’enquête en seulement cinq jours. Et clairement, ça déborde des 108 heures.
Dans les 108 heures réglementaires, les professeurs des écoles sont supposés consacrer 48 heures annuelles aux concertations avec les partenaires éducatifs dont les parents d’élèves. 96% des enseignants ayant répondu à l’enquête déclarent y consacrer plus des 48 heures prévues. Sur les 6 heures annuelles consacrées au conseil d’école, les professeurs sondés annoncent à 52,5% y consacrer plus de temps. Sur les 18 heures dédiées à la formation continue, pour 50,6% des enseignants enquêtés, c’est plus. Et enfin, sur les 36 heures dévolues aux APC, 37% déclarent y passer plus de temps.
Outre les 108 heures, les professeurs des écoles effectuent 30 minutes par jour obligatoires qui ne se sont « comptabilisées nulle part : ni dans les 108 heures de service, ni dans les 24 heures hebdomadaires devant élèves (…) Les temps d’accueil, mais aussi les temps “de départ” lorsque les enfants sont remis aux parents ou aux personnes habilitées, sont le premier temps de travail non comptabilisé remonté par les enseignant·es. Ce sont pourtant des tâches imposées aux professeur·es des écoles par le Code de l’éducation ». Un fait que relèvent 89% des enseignants qui « soulignent que les temps d’accueil du matin et de l’après-midi ne sont pas décomptés de leur temps de travail. Ces moments, qui leur sont par ailleurs imposés, constituent souvent des temps d’échange importants avec les parents d’élèves ».
30 minutes par jour obligatoires mais qui n’apparaissent pas dans le temps de travail
Lors de l’enquête sont aussi apparues d’autre temps non comptabilisés dans les 108 heures : « La journée supplémentaire de pré-rentrée (74,6%), les moments collectifs hors temps de classe (72,4%), les liaisons avec les autres professions (71,4%) et les sorties scolaires (64,7%) ». « Pour la FSU-SNUipp, l’ensemble de ces temps font partie des tâches et des moments indispensables à la construction d’une École de la réussite pour toutes et tous :Ils ont pour but de proposer des apprentissages ambitieux, de répondre aux besoins individuels des élèves, de bâtir une communauté éducative où l’institution, les élèves et les parents trouvent toutes et tous leur place. Ces tâches sont effectuées dans l’intérêt des élèves : leur temps effectif doit être reconnu ».
Beaucoup d’enseignants évoquent aussi des tâches qui ne figuraient pas dans l’enquête. Le temps de préparation de la classe : « Tout ce qui concerne directement l’enseignement et sa préparation fait exploser le temps de travail : la préparation en tant que telle (conception, recherche), mais aussi la gestion matérielle (photocopies, commandes, découpages, affichage, aménagement…) et la correction ». Les tâches administratives sont « aussi largement remontées comme du temps de travail occulté : gestion des messageries professionnelles, participation aux enquêtes et recensements divers, gestion des photos de classe, travail administratif lié aux projets ou sorties scolaires… ».
Le Pacte, une provocation pour le syndicat
Pour le SNUipp-FSU, « Cette enquête ne fait que confirmer des données officielles du Ministère : la Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance chiffrait en effet à 43 heures/hebdomadaires le temps de travail enseignant en novembre dernier. C’est aussi ce qu’a porté la FSU-SNUipp durant tout le cycle de discussions sur les salaires. À l’aune de ces résultats, les propositions du Ministère autour du Pacte Enseignant et son « travailler plus pour gagner plus » résonnent comme une provocation ».
Le syndicat réclame « La réouverture du chantier des 108 heures et, plus globalement, du temps de travail des professeur·es des écoles. Le triplement immédiat de l’ISAE, pour que les tâches actuellement effectuées soient enfin rémunérées. Avant tout, elle revendique une réelle revalorisation avec une première étape de 300 € nets par mois pour toutes et tous sans contrepartie, soutenue dans cette demande par les 47.000 signataires de la pétition initiée en novembre dernier ».
Lilia Ben Hamouda
Pour retrouver les résultats de l’enquête, c’est par ici