Publiée le 10 janvier, la liste des sujets évaluant les compétences expérimentales en SVT lève le voile sur les possibles pour le bac des lycéens. Virginie Marquet, professeur de SVT au lycée français de Vienne, précise les nouveautés sur la forme et sur le fond. Avec un tiers de sujets nouveaux, il manque encore l’accès aux ressources complémentaires pourtant nécessaires aux élèves pour proposer une stratégie. L’accès à internet durant l’épreuve et des sujets portant sur la bioinformatique font aussi partis des changements 2023.
Quel regard avez-vous sur les sujets proposés en SVT pour les ECE 2023 ?
Cette liste était très attendue puisqu’une réforme de cette épreuve s’applique pour la session 2023. Un tiers des sujets sont nouveaux ou reprennent un sujet de l’année dernière en changeant la modalité de l’épreuve. Renouveler les sujets est un gros travail. Les collègues qui ont en charge de ce travail sont à remercier.
Pour la plupart des sujets nouveaux, les élèves s’approprieront la stratégie donnée et devront exercer un sens critique vis-à-vis des résultats obtenus et/ou fournis à partir de ressources complémentaires qui leur seront fournis (ce qui est nouveau). On peut déplorer de ne pas avoir accès à ces ressources aujourd’hui. Nous ne les aurons qu’un mois avant l’épreuve avec la liste des sujets choisie par nos inspecteurs/trices. De plus, nous pouvons noter que deux sujets sont hors programme puisqu’ils portent sur la partie du programme pour laquelle nous avons eu un allègement complémentaire en octobre 2023.
Des nouveautés intéressantes ?
Dans les nouveaux programmes de 2020, le thème 1 La Terre, la vie et l’organisation du vivant permet d’initier les élèves à la bioinformatique et à l’utilisation de données informatisées. Nous avons ainsi pour la première fois un sujet ECE portant sur cela. Les élèves faisant les spécialités NSI/SVT ou Math/SVT y trouvent leur compte.
Ainsi, pour ces ECE, l’outil Blast, qui permet de retrouver rapidement, dans des bases de données, les séquences répertoriées ayant des zones de similitude avec la séquence donnée aux élèves, est introduit pour la première fois. C’est un peu le Google Map du génome humain.
Pour accéder aux séquences nucléotidiques ou protéiques, nous avons plusieurs outils comme la plateforme NCBI (National Center for Biotechnology Information) ou la plateforme BIPAA. C’est cette dernière qui a été choisie pour un des sujets. On peut également, avec ces outils, fabriquer des arbres phylogénétiques.
Nous pouvons initier également les élèves de première spécialité à ces outils mais également en enseignement scientifique : la bioinformatique est très utile lors du recensement de la biodiversité durant des explorations scientifiques. Ainsi, en terminale spécialité, ces outils peuvent déjà être maitrisés.
Quels conseils donnez-vous à vos élèves pour répondre au mieux aux modifications récentes de l’épreuve ?
Il faut s’entrainer avec les sujets à leurs dispositions. La liste est à la disposition des élèves plus de deux mois avant l’épreuve. Cela leur laisse le temps de la consulter et de travailler les sujets. Ainsi, ils pourront bien se familiariser avec les deux variations possibles :
- Variation dans la Partie A = concevoir ou compléter une stratégie de résolution (modèle 1)
- Variation dans la Partie B = proposition d’une stratégie en utilisant des ressources complémentaires (Modèle 2)
Malheureusement, comme les élèves n’auront pas accès aux ressources complémentaires, ils ne pourront pas en avance s’entrainer sur les sujets du modèle 2. De plus, pour certains sujets, la partie manipulation est très longue. Enchainer ensuite avec un prolongement de l’analyse de leurs résultats et exercer un esprit critique semble ardu pour certains sujets. Cette partie se fait à l’oral et doit être intégrée à la conclusion générale.
D’un autre côté, cela va empêcher le bachotage pour ces sujets. Mais ils pourront s’entrainer sur les sujets du modèle 1 (60 % des sujets).
L’accès à internet était-il attendu ?
Ce nouvel accès à internet permet d’utiliser des logiciels (libmol par exemple) ou des banques de données en ligne (comme BLAST). Cet accès permet une diversification des situations d’évaluation et de rapprocher la démarche d’une situation de laboratoire plus proche de la réalité.
Mais cela signifie que le jour dit, il faut être équipé d’ordinateur et d’une connexion haut débit ! Tous les établissements scolaires n’ont pas le même équipement !
Quels ont été vos changements dans votre enseignement à propos des ECE cette année ?
C’est une nouveauté pour nos élèves de terminale. J’ai partagé le premier semestre en deux parties. J’ai travaillé dans un premier temps seulement le modèle 1 avec les élèves. Ce modèle étant connu depuis la première, cela permet d’aborder les TP de terminale avec des méthodologies connues. Cela laisse ainsi plus de temps aux élèves en difficulté de maitriser ce modèle 1.
Le modèle 2 a été introduit récemment. D’abord avec un sujet de la banque zéro à notre disposition (sujet Orrorin). Puis en adaptant des sujets existants en « nouvelle version ». Il ne faut pas qu’ils mélangent les deux versions. Ce n’est pas simple. Les élèves sont remarquables. Ils sortent d’années Covid et doivent affronter pour la première fois la réforme lycée et en plus la réforme ECE en quelques mois. J’admire leur résilience.
En première spécialité, nous pouvons dès à présent les former. Cela devrait être plus facile l’année prochaine. Mais la durée de 1h semble critique.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Les explications sur le site de Virgine Marquet
#teamsvt #ECE2023 #bac2023 Liste des TP par thème. J’ai indiqué nouveauté 2023 et quelle nouveauté ds les modalités : soit dans la partie A ou dans la partie B.https://t.co/Bh8U2LXkGx
— svt (@vmarquetvienne) January 10, 2023
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