« Chat GPT ne remplacera pas le professeur ». Professeur d’histoire-géographie au Centre de service scolaire de Kamarouska – La Rivière-du-Loup, au Québec, Mathieu Mercier se veut rassurant. La nouvelle application d’intelligence artificielle Chat GPT3 fait peur. Mais, pour Mathieu Mercier, on ne peut pas y échapper. Il va falloir faire avec. Et il ouvre des pistes pour cela.
Panique dans les salles des professeurs
Cela commence à ressembler à une panique collective. Avec un peu de retard sur le Québec, les enseignants français commencent à découvrir Chat GPT3. Cet outil d’intelligence artificielle rédige à toute vitesse de véritables essais qui ont tout l’appareil des meilleures copies d’élèves. Pire, ils sont différents d’un utilisateur à l’autre ce qui rend la détection du plagiat très difficile. Encore une fois, l’informatique semble narguer les enseignants, les menacer dans leurs pratiques, leur culture professionnelle et même siffloter une marche funèbre pour le corps enseignant.
La même peur est ressentie au Québec , nous dit Mathieu Mercier, professeur d’histoire géographie et aussi référent numérique de son établissement de La Rivière du Loup, un peu au nord de Québec. « Les élèves connaissent ChatGPT », nous dit-il. « Ils l’ont vu sur Tik Tok ou Facebook. Il savent que l’intelligence artificielle peut les aider dans leurs travaux. Les enseignants savent aussi qu’il existe et réfléchissent à son intégration et aussi à sa censure. Peu l’utilisent en classe ».
Pour une utilisation positive de l’intelligence artificielle
Car , sur son blog, Mathieu Mercier montre que ChatGPT peut être utile à l’enseignement. « Cette intelligence artificielle fait peur et c’est normal car elle fournit des connaissances », nous dit-il. « Mais je la vois positive car elle ne remplace pas l’enseignant. ChatGPT, quand on l’interroge, n’hésite pas à créer de nouvelles sources, citant des auteurs ou des personnages qui n’existent pas. Il faut un expert pour déceler les faussetés dites par l’intelligence artificielle. Quand on s’intéresse à cette intelligence artificielle on voit ses failles ».
Aussi pour lui, ChatGPT peut aider à trouver des connaissances pour préparer un cours. L’outil répond facilement à des questions et l’enseignant est à même de valider (ou pas) les réponses avant de les présenter aux élèves.
« D’un autre coté cela permet de valider la maitrise des opérations intellectuelles », ajoute M Mercier. « Par exemple on peut travailler les erreurs. On peut demander à l’intelligence artificielle de voir si une réponse d’élève est cohérente avec des sources. ChatGPT donne ainsi une rétroaction rapide au travail de chaque élève, ce qui peut être appréciable dans une classe qui en compte une trentaine ».
Faire évoluer nos pratiques évaluatives
Certes, ChatGPT remet en question le statut des connaissances. « Mais au Québec on est moins dans la transmission de connaissances. On est beaucoup plus dans des évaluations de compétences des élèves basées sur des connaissances. L’élève doit être capable de mobiliser des connaissances pour répondre aux compétences demandées ». Ce type d’évaluation limite l’impact de ChatGPT. « On sort d’un contexte de pandémie où on évaluait des connaissances à distance », explique M Mercier. « Si ChatGPT était sorti en 2020 j’aurais été inquiet. Depuis les pratiques évaluatives ont évolué ».
Pour Mathieu Mercier on n’échappera pas aux outils d’intelligence artificielle. « Les pratiques évaluatives doivent s’adapter. C’est aux enseignants de transformer leur évaluation en fonction des évolutions de la société et de la technologie. On peut évaluer les élèves sur des créations, des contenus numériques qui éloignent les dangers de ChatGPT. Car on n’échappera pas à l’intelligence artificielle. Depuis l’apparition de ChatGPT fin novembre, deux autres outils sont apparus. Tome.app, par exemple, permet de créer une présentation Powerpoint à partir d’un sujet. Il le fait en moins d’une minute et cela transforme nos évaluations d’exposés oraux. Canva a une fonction qui créé une infographie à l’aide de Chat GPT. Donc même si l’institution scolaire interdit cet outil, il est impossible à contrer. Il va falloir vivre avec et transformer nos pratiques évaluatives pour évaluer les compétences de nos élèves ».
Propos recueillis par François Jarraud
Chat GPT et enseignement de l’histoire : une présentation de M Mercier
Un padlet réalisé par Simon Duguay