Peut-on apprendre à l’élève à « reprendre, réécrire et réviser ses textes » ? C’est l’enjeu d’un ouvrage collectif dirigé par Emilie Deschelette, Caroline Lachet et Marie Leroy-Collombel. Cela suppose de contrecarrer « la représentation que les enfants ont de la production de textes comme étant un phénomène linéaire et irréversible » (S. Plane). Cela implique d’« amener l’élève à prendre le temps d’écrire, à concevoir l’écriture dans une dynamique de reprises constructives – du sens, des connaissances, des apprentissages et de l’identité ». L’ouvrage trace de nombreuses pistes intéressantes pour favoriser l’engagement et la réflexivité de l’élève dans le nécessaire travail des écrits intermédiaires : faire exister le brouillon en classe en explorant des brouillons d’écrivains, afficher les « works in progress » pour les valoriser et motiver les élèves, favoriser coopération et interactions entre pairs, dissocier les gestes du brouillon d’une part et de la rédaction d’autre part en suscitant dans un premier temps des « ébauches graphiques », tenir tout au long de l’année un carnet de lecture et d’écriture, construire avec l’élève une typologie des « défaillances » grammaticales ou orthographiques… Pour l’enseignant, le défi est aussi de changer de posture, de passer de correcteur à lecteur : « C’est en acceptant de considérer les textes d’élèves également sous l’angle de leurs qualités esthétiques que l’on pourra conduire l’élève écrivant et écrivain à s’impliquer pleinement dans son écrit et à y trouver du sens ».
« Reprendre, réécrire et réviser ses textes », Éditions L’Harmattan, 2022, ISBN 2140303180